Loi immigration : une matraque peut en cacher une autre

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Au-delà d’être un vulgaire contre-feu du budget, une nouvelle loi immigration est stratégique pour la droite : il est l’heure de faire ce que Nicolas Sarkozy a raté, à savoir montrer qu’elle peut être la plus dure au pouvoir.

Ce 13 octobre, sur le plateau de BFMTV, la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon, a prouvé aux Français qu’elle était digne du poste : elle mâche les mots comme du chewing-gum avant de les cracher par terre. Ainsi, elle évoque un budget dont personne ne pourrait lui reprocher qu’il sacrifie un quelconque ministère régalien. Puis elle se fait l’avocate de Bruno Retailleau. Ces deux thèmes pour expliquer que, ayant « entendu les Français » lors des élections, le gouvernement les a compris et va leur offrir de la sécurité et de l’ordre.


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Pirouette cacahouette, Maud Bregeon sort de son chapeau une nouvelle loi immigration – et esquive deux polémiques, celle de l’austérité à venir et celle d’un ministre de l’intérieur qui vomit la République. Voilà comment, d’une actualité budgétaire pénible, on détourne la presse et les commentateurs.

Le gouvernement est sous le giron de Marine Le Pen et, hélas, tout est affaire de marchandage désormais à l’Assemblée. Le premier ministre peut se payer un passage du budget en 49.3 s’il s’assure que l’extrême droite ne votera pas la censure derrière (que la gauche ne manquera pas de déposer). Cette caution de survie, c’est donc une nouvelle loi immigration. Profitez du sourire de Jordan Bardella qui jubile : « Plus rien ne peut se faire sans nous au Parlement ».

Que peut-il y avoir de plus dans cette énième loi immigration ? Plus de places et une rétention plus longue dans les centres administratifs ? Une malheureuse histoire de curseur car Bruno Retailleau fait un pas en avant dans l’ignominie. Il veut s’inspirer du modèle italien – un gouvernement d’extrême droite, s’il faut le rappeler – et délocaliser la gestion des migrants. Déjà, l’Union européenne a sous-traité le contrôle de sa frontière à des pays comme la Turquie. Des réfugiés s’agglutinent dans d’affreux camps, sous contrôle d’États peu recommandables en matière de droits humains. Sans parler du pouvoir de pression que cela leur donne vis-à-vis de l’Europe. Mais le ministre de l’intérieur veut aller plus loin, il souhaite que les personnes devant quitter le territoire français soient expulsées ailleurs, « sur la plaque asiatique, sur la plaque africaine », dit Bruno Retailleau, avant que leurs pays d’origine délivrent les papiers nécessaires à leur retour. C’est ce qu’a voulu faire l’Angleterre avec le Rwanda. C’est ce que fait l’Italie avec l’Albanie. 

« Il y a un problème, c’est le préambule de la Constitution », explique Bruno Retailleau. Qui de mieux pour porter cette loi que celui qui donne « l’impression que c’est un porte-parole du Rassemblement national », dixit la porte-parole du RN Laure Lavalette. Le ministre de l’intérieur doit déjà avoir la bave à la commissure des lèvres rien qu’à penser qu’il va pouvoir piétiner l’État de droit. C’était déjà lui à la manœuvre pour la précédente loi immigration (il y a moins d’un an !). Alors chef des sénateurs de droite, il avait largement durci le projet macroniste et les macronistes l’avaient voté. C’est le conseil constitutionnel qui avait censuré la majeure partie de la loi. Ce fameux « État de droit » que le nouveau ministre s’est empressé d’attaquer dès sa nomination. Ce sont ces mesures écartées que Bruno Retailleau entend reprendre.

Nommer à ce poste un pourfendeur de l’État de droit, un homme qui va ajouter du clivage à la division dans la majorité macroniste, il n’y a qu’Emmanuel Macron pour en être l’architecte. La stratégie du chaos, encore et toujours. On n’est pas au bout de nos peines !

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