L’inattendue résurrection socialiste

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On les avait crus condamnés à jouer les seconds rôles, pétrifiés après l’onde de choc du quinquennat Hollande. Et pourtant, les socialistes reviennent, par la grâce d’une initiative hasardeuse d’un premier ministre dont le temps est compté.

Le retour du Parti socialiste n’a rien d’un miracle politique. Ce come-back n’est pas celui d’une social-démocratie réinventée, pas même celui d’une gauche régénérée par les leçons de ses échecs récents. Non, ils dispensent un parfum connu. Ce sont les mêmes socialistes qu’hier, engoncés dans une doctrine qui n’a jamais été passée au crible d’un véritable aggiornamento.


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Leur rôle dans la bataille des retraites en fut un symbole. À les écouter, on pourrait croire qu’ils se sont toujours dressés contre le report de l’âge légal. Mais qui se souvient qu’ils restent attachés à la réforme Touraine, cette mécanique d’allongement de la durée de cotisation qui, déjà, repoussait l’horizon du départ ? Dans le feu de l’action, pour préserver une unité précieuse face à Emmanuel Macron, on a mis sous le boisseau cette contradiction. Par tactique, par stratégie, par nécessité. Mais au prix d’une exigence politique qui a cruellement manqué. La gauche a préféré taire le débat plutôt que de mettre les socialistes devant leurs contradictions. Hier comme aujourd’hui. François Hollande, statut du commandeur, siège à l’Assemblée au milieu des siens pour éviter que son bilan ne soit remis en cause. Sa présence pèse et leur rappelle à tous ce qu’ils lui doivent.

Et pourtant, tout le monde, insoumis compris, leur accorde des brevets de gauche. Face à la « radicalité » des amis de Mélenchon, les socialistes paraissent soudain fréquentables, presque rassurants. Cela évoque le temps où socialistes et communistes étaient unis. Les communistes étaient alors renvoyés au soviétisme tandis qu’on accordait aux socialistes les bénéfices d’être de gauche et pour la liberté. L’Histoire se répète. Là où les insoumis se coltinent l’étiquette d’« insupportables », eux apparaissent comme des partenaires « vivables ».

Tout le monde, insoumis compris, leur accorde des brevets de gauche. Face à la « radicalité » des amis de Mélenchon, les socialistes paraissent soudain fréquentables, presque rassurants.

Leur retour en grâce n’est pourtant pas le fruit d’une dynamique réelle : les socialistes sont trop divisés pour entreprendre ce profond et nécessaire travail de mise à jour de leur projet. Comme Bruno Retailleau et la droite LR, dont la surreprésentation dans le débat public n’a d’égale que leur faiblesse électorale, les socialistes profitent de leur statut institutionnel… et de la mansuétude de tous leurs alliés du NFP.

Cette indulgence peut-elle durablement réinstaller le Parti socialiste aux premières places à gauche ? Ce serait là un effet inattendu des variations de LFI, tantôt les créditant de toutes les qualités – d’ailleurs, ne disent-ils pas qu’une seule candidature devrait s’imposer à toutes les élections ? –, tantôt les vitupérant sans nuance. La gauche ne pourra éternellement s’exonérer de rationalité et de travail. Sinon, le retour des socialistes risque fort de n’être qu’un nouveau chapitre de nos déceptions.

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1 commentaire

  1. Luan METEORE le 2 septembre 2025 à 15:56

    Naïf ou vous y croyez vraiment?!!! La trahison est dans l’ADN du PS!

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