Le PS retourne-t-il à ses vieilles lunes ? Et faut-il s’en réjouir ?

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Que vont décider les socialistes dans les prochains jours, les prochains mois ? Une nouvelle « clarification à gauche » avec l’éclatement du NFP, est-elle un passage obligé ?

A la veille de la déclaration de politique générale, le suspens est entier : que dira François Bayrou, notamment au sujet des retraites ? Abrogation ? Suspension pour 6 mois ? Suspension du recul de l’âge de départ ? Quel sera le point d’équilibre du budget de l’État ? Les concessions, s’il y en a, permettront-elles aux socialistes de ne pas censurer le gouvernement, eux qui veulent éviter une présidentielle anticipée ?


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A gauche, bruisse à nouveau l’accusation de trahison faite aux socialistes. Ceux qui reviennent de très loin (Anne Hidalgo a engrangé 1,75% des voix à la présidentielle de 2022), vont-ils repartir aussi loin que les avait menés le quinquennat de François Hollande ? Bon débarras ? Clarification ? Faut-il se réjouir de voir les socialistes revenir clairement à une politique dont la raison serait celle des marchés ? On n’en est pas là. Depuis 2022, le PS a fait le choix de s’allier aux autres forces de gauche et de se réinscrire dans cet espace. Mais une telle évolution droitière est une possibilité inscrite dans leur histoire. 

Si le PS revenait aux logiques sociales-libérales, celles qui font de la bonne santé du capital le moteur de la dynamique des sociétés, ce serait affligeant. Mais quand et où le PS a-t-il produit un travail pour penser autrement l’avenir ? Ne cherchez pas : il en va du droit d’inventaire du mandat Hollande comme de celui des mandats de Mitterrand : on attend toujours. 

Prenons du recul : cette éventualité d’un PS qui lâche la gauche est-elle réjouissante ? Quand les socialistes abandonnent la gauche, celle-ci peut, parfois, voir son flanc gauche se conforter. Mais aujourd’hui, elle recule globalement et se trouve encalminée dans une minorité politique particulièrement dangereuse. 

Demain ou après-demain, lors des prochaines élections présidentielles, il faut que la gauche soit solide sur ses valeurs et ses objectifs pour faire face à la menace de l’extrême droite. Le mieux serait que la gauche soit unie. Pour cela, il faudrait qu’elle s’en occupe sérieusement, c’est-à-dire pas seulement du casting et pas au dernier moment. 

Mais si elle ne devait pas être unie, si le PS part à la dérive comme on l’appréhende, sera-t-il possible de gagner une dynamique majoritaire pour s’opposer à Le Pen/Bardella ? Quand le PS dévisse, il ne dévisse pas seul. Une partie de ses soutiens se cramponne à gauche ; une partie l’accompagne ; la plupart abandonnent. Le PS paierait cher cette évolution. La candidature insoumise élargirait peut-être son espace mais, en tout état de cause, la possibilité de victoire serait lourdement affectée.

Voir le PS tout lâcher pour préserver la stabilité et éviter une présidentielle anticipée n’est pas souhaitable. Le PS doit revenir à la raison et se convaincre définitivement que l’espace social-libéral est tout petit et déjà pris et que l’extrême droite engrange sur le désespoir social et sur la faiblesse d’une gauche de changement. 

Le choix des communistes et des écologistes comptera. Leurs attitudes et leurs positions détermineront le centre de gravité : tout pour la stabilité ou tout pour dégager une autre voie ?

Ceci dit, l’entêtement de la droite, des macronistes et du Président pourrait bien conduire les socialistes à abandonner leurs chimères. Le pire n’est jamais certain et la gauche peut se ressouder.

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5 commentaires

  1. CABETICH le 14 janvier 2025 à 22:16

    Bonsoir Catherine TRICOT,

    Je viens d’écouter votre prise de position au sujet de la question des retraites sur RTL face ,entre autres, à Elie COHEN.
    Merci de tenir bon la barre face aux vents réactionnaires.
    Oui, il n y a pas que le travail dans la vie et Vive la retraite à 60 ans! La vie est si courte…
    J’apprécie très souvent vos prise de positions, et j’ai toujours plaisir à vous écouter. Un grand Merci!
    Marie

    Dans un tout autre registre,Christelle MORANCAIS, présidente de la région Pays de Loire (après Bruno RETAILLEAU) a sabré les subventions à la Culture de 75%. et c’est passé quasi inaperçu! A peine quelques réactions..La question n’est même pas évoquée sur scène lors de spectacles.Aucune banderole en réaction sur les théâtres,maisons de la culture,..Quel cauchemar!
    Il ne serait pas étonnant que notre région ait servie de test, et que l’expérience soit étendue à d’autres régions!
    A ANGERS : le QUAI, le Festival premiers plans,; Dans les environs ….Le nouveau Théâtre populaire,Le rivage des Voix..Tous nous demandent de devenir Mécène..pour leur apporter un soutien financier…Ainsi peu à peu l’état, les régions se désengagent, Et le service publique se meurt tranquillement sans faire de bruit…Dormez tranquillement Braves gens..

  2. Mackno le 17 janvier 2025 à 08:52

    Le PS a le droit de trahir.
    Personne n’est surpris.

  3. Lucien Matron le 18 janvier 2025 à 01:29

    Si les organisations politiques qui ont fondé le NFP jouent le clivage, l’isolement, la division il faut alors qu’elles nous disent comment elles veulent accéder au pouvoir et sur quel projet. Seule l’union des forces progressistes, à tous les échelons, permet d’envisager un vrai changement de politique. Ni les insoumis , ni les communistes, ni les écologistes, ni les socialistes ne sont en mesure de gagner une présidentielle même anticipée. C’est une grave illusion politique de penser l’inverse…et c’est tromper les électrices et les électeurs. Autrement dit, sans mobilisation, sans rassemblement et sans union des progressistes sur un vrai projet alternatif, ce sera la victoire de la droite et/ ou de l’extrême droite. Quel triste gâchis ! Et quelle lourde faute politique !

  4. Carlos_H le 20 janvier 2025 à 12:07

    « Une nouvelle « clarification à gauche » avec l’éclatement du NFP, est-elle un passage obligé ? »
    – Si le PS n’est pas définitivement exclu du NFP et simplement considéré comme un « allié de circonstances », alors le NFP aura vécu en effet… Se foutre de la gueule des électeurs ça va bien! La Rupture ou Rien!

  5. Piboudy le 28 janvier 2025 à 06:25

    Bonjour,

    Pourquoi s’inquiète-t-on encore de ce que fait le PS ?
    « Si le PS revenait aux logiques sociales-libérales, celles qui font de la bonne santé du capital le moteur de la dynamique des sociétés, ce serait affligeant. »
    Mais c’est ce qu’il fait depuis si longtemps maintenant.
    La NUPES et le NFP ne sont que des accords électoraux de circonstance et « mort-nés ».
    Le PS parce que ses scores aux présidentielles de 17 et 22 étaient nuls. Le PC et les écolos idem. LFI car il n’a pas d’ancrage local.
    Tous (dans les directions) ont tout fait pour ne pas donner suite une fois les « bons » résultats obtenus aux législatives.
    La NUPES et le NFP n’ont jamais gagné puisqu’ils se retrouvaient découpé en quatre à l’assemblée : ils ne valaient plus rien.

    « Mais si elle ne devait pas être unie, si le PS part à la dérive comme on l’appréhende, sera-t-il possible de gagner une dynamique majoritaire pour s’opposer à Le Pen/Bardella ? »
    Mais comment peut-on s’opposer au RN quand on perd son âme dans des accords électoraux sans base réelle sur le terrain, sans présence réelle sur le terrain, sans montrer que l’on est là et expliquer sa vision de la société. On ne voit plus personne à gauche dans la rue. De temps en temps, un tract de LO !
    Le Pen va prendre le pouvoir, malheureusement « irrésistiblement ».

    Pourquoi ne pas laisser PS, PC et Écolos s’égarer, pourquoi ne pas vouloir laisser le choix à leurs militants/adhérents/sympathisants de faire leur propre choix ?
    Pourquoi ne pas se recentrer sur nos convictions, nos idées, notre voie, nos propositions, les défendre becs et ongles au contact des travailleurs, qu’ils soient dans les bureaux, dans les commerces, dans les industries ou dans les champs : ouvrier et paysans nous sommes !
    Que l’on soit LFI ou non, il est temps de laisser à leur propres chimères les électoralistes obsédés par leur siège.

    Cordialement.

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