Le Graët, Zidane, la goutte d’eau et le vase

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À la Fédération française de football, le racisme, l’homophobie, le sexisme, c’est OK, mais pas touche à Zinédine !

« Le naufrage de trop », « les mots de trop », « la sortie de trop »[[So Foot, Eurosport et L’Équipe.]]… les médias sportifs semblent unanimes, les propos de Noël Le Graët sur Zinédine Zidane sont la goutte d’eau qui fait déborder le vase.

 

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La raison d’une polémique si intense est résumé par la star de l’équipe de France Kylian Mbappé, en un tweet : « Zidane c’est la France, on manque pas de respect à la légende comme ça… 🤦🏽‍♂️ »

Le président de la Fédération française de football (FFF) a déclenché toute cette chienlit en déclarant (avec la classe qu’on lui connaît), dimanche 8 janvier, à propos d’une éventuelle prise de fonction de Zinédine Zidane à la tête de l’équipe nationale du Brésil : « Moi, je n’en ai rien à secouer. Il peut aller où il veut, dans un grand club, une sélection, j’y crois à peine en ce qui le concerne. Si Zidane a tenté de me joindre ? Certainement pas, je ne l’aurais même pas pris au téléphone. »

Tout le monde du football, du club du Real Madrid à la ministre des Sports française Amélie Oudéa-Castéra, a demandé immédiatement des excuses publiques. Et Noël Le Graët de s’exécuter.

Le Graët, sa vie, son oeuvre

Le problème, avec cette « affaire Zidane » – comme on a pu lire sur So Foot et qui n’a rien à voir avec l’attribution du Mondial au Qatar –, c’est qu’elle n’est qu’un pet de mouche dans l’océan de déjections auquel nous a habitué Noël Le Graët.

En 2019, plusieurs matchs du championnat français avaient été interrompus suite à des chants ou des banderoles homophobes venus des tribunes. Réaction du patron du foot français : « Pour être clair, je trouve qu’on arrête trop de matchs. Cela fait plaisir à certains ministres, mais moi, ça me gêne. Le football ne peut pas être pris en otage pour des propos vulgaires », considérant qu’a contrario il ferait arrêter un match « pour des cris racistes, pour une bagarre, des incidents s’il y a un danger dans les tribunes », car le racisme dans les stades et l’homophobie en tribunes, « ce n’est pas la même chose ». C’est d’ailleurs tellement « pas la même chose » que, un an après cette sortie, Noël Le Graët assurait que « le phénomène raciste dans le football n’existe pas, ou peu ». Kylian Mbappé en sait quelque chose, lorsqu’il a dû personnellement faire face à des actes racistes lors d’un match, Noël Le Graët n’y voyait toujours rien

Si Noël Le Graët est aveugle (ou fait mine de l’être) face au racisme dans le football, concernant l’homophobie, il est un fier acteur : vous n’avez sûrement pas échappé à la polémique du brassard « One Love » lors de la coupe du monde à Qatar – le pays organisateur avait fait plier la FIFA pour qu’aucun joueur ne porte ce brassard arc-en-ciel. Voici ce qu’en disait le président de la FFF : « J’ai été l’un des leaders pour qu’il n’y ait pas ce brassard. Trois ou quatre pays, toujours d’Europe de l’Ouest, le voulaient. D’ailleurs, ils ne sont plus en lice pour la plupart… Ce n’est pas de l’hypocrisie. »

Un palmarès auquel vient s’ajouter un plan social en 2021, sans aucune justification économique, qui a coûté à 18 personnes un licenciement, ainsi que plusieurs accusations d’harcèlement sexuel, révélées par So Foot et Radio France. Ou, comme le tweete le journaliste de Mediapart Mickaël Correia : « Le Graet crée plus de scandale pour une phrase irrespectueuse envers Zizou, que pour son plan social injuste, ses saillies relativisant l’homophobie et le racisme dans le foot ou ses accusations de harcèlement sexuel. »

Et si c’était là tout le problème ?

 

Loïc Le Clerc

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