La lucidité, le réalisme et la rigueur politique

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S’il veut gouverner, le NFP doit le faire avec l’ensemble de ses composantes et avec pour seule boussole de trouver, sur le plus grand nombre de sujets possibles inclus dans son programme, des majorités ponctuelles de circonstances, très au-delà des frontières de la gauche parlementaire telle qu’elle est.

Lundi, Cyrielle Chatelain pour le groupe des Verts et Olivier Faure faisaient une proposition articulée sur deux exigences, dont la première était sans ambiguïté : constituer un gouvernement fondé sur la réalité du Nouveau Front populaire, ce qui suppose la présence de toutes ses composantes dans le nouvel exécutif. 

La seconde exigence vaut dans l’hypothèse – à ce jour très improbable – d’une acceptation de ce point par Emmanuel Macron. Dans une Assemblée qui, jusqu’à l’été prochain, reste dans ses équilibres actuels, il conviendra alors d’éviter le plus longtemps possible la mésaventure survenue à Michel Barnier. 

La méthode de base suggérée à tous les groupes, en dehors du RN et de ses alliés (appelons-le par commodité « l’arc républicain ») pourrait être de convenir d’un compromis raisonnable : la non-utilisation du 49-3 en échange d’une non-utilisation de la motion de censure. Dès lors, tout reposerait sur le jeu normal de la majorité, ce qui implique de trouver, sur le plus grand nombre de sujets possibles inclus dans le programme du NFP, des majorités ponctuelles de circonstances, très au-delà des frontières de la gauche parlementaire telle qu’elle est.

Cet équilibre est extraordinairement délicat, de bout en bout. Mais il ne vaut que par la rigueur de son exercice : le NFP au complet au gouvernement et, au sein de l’Assemblée nationale, rien d’autre que le deal initial (ni censure ni 49.3) et la recherche de majorités sujet par sujet.

En-deçà de cette méthode, c’est l’isolement rapide et l’échec ; au-delà, c’est la confusion. Dans les deux cas, à l’arrivée, c’est le RN qui rafle la mise.

Dans un entretien au Monde, Cécile Duflot évoque la possibilité que « le front républicain débouche sur un gouvernement de coalition qui s’attaque à leur préoccupation majeure : la protection climatique, sociale et quotidienne ». En se référant à un gouvernement de « front républicain », Cécile Duflot divise le NFP et met le doigt dans la logique d’une union excluant les présumés « extrêmes ». L’histoire a toujours montré les dangers de ce serpent de mer du « centre ». Il faut donc en rester à l’équilibre possible : tout le NFP au gouvernement et le plus d’avancées possibles à l’Assemblée, le plus longtemps possible.

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3 commentaires

  1. Frédéric Normand le 6 décembre 2024 à 17:29

    Le front ou l’arc républicain, ça ne veut rien dire. Le front antirépublicain non plus. Ces expressions sont vides de sens.

    Nous sommes dans un régime parlementaire. Tous les partis qui siègent dans ses instances, à commencer par le parlement, sont égaux en légitimité démocratique. Tous peuvent nouer des alliances sur la base d’accords programmatiques qui sont le résultat de compromis, de concessions réciproques. Aucun obstacle de principe n’interdit a priori que les négociations devant y aboutir puissent commencer. Cette règle prévaut à gauche depuis l’origine du parlementarisme, sans exclure aucun parti. Elle devrait aussi prévaloir à droite. Il est plus que temps.

    Toutes les forces de gauche, des modérées aux extrêmes, s’unissent et c’est très bien. Toutes les forces de droite, des modérées aux extrêmes, doivent s’unir aussi et ce sera très bien également. La politique et le langage qui va avec y gagneront en clarté. C’est ce que réclament les électeurs.

  2. Lucien Matron le 7 décembre 2024 à 06:42

    Nous entendons le «  RN exiger le respect de ses électeurs ». C’´est une exigence qui n’a pas de sens en terme de résultat électoral. Le double d’électeurs n’ont pas voté pour le RN aux législatives. Certes, il ne s’agit pas de manquer d’un quelconque respect à l’égard des personnes qui ont voté RN, chacun est libre de son vote, mais de respecter le fait politique majoritaire. Le RN n’a pas la majorité absolue pour pouvoir gouverner, ni aucun groupe d’ailleurs, c’est donc la politique d’un gouvernement issu d’une coalition qui s’appliquera. Depuis 3 mois, le gouvernement de Michel Barnier a été constamment sous pression du RN, il lui a fait beaucoup de concessions. La politique du « toujours plus » du RN a échoué et le 1er ministre a été censuré.
    Il est probable que Macron ne nommera pas un premier ministre issu du NFP. Sa personnalité, faite d’arrogance et de mépris envers les classes populaires ne le poussera pas à reconnaître sa propre responsabilité dans la situation du pays. Il nommera vraisemblablement, un premier ministre du bloc central, chargé de s’assurer de la bienveillance de la gauche sociale-libérale , sans froisser les droites libérales, identitaires et nationalistes. C’est un exercice périlleux et difficile..dont un des objectifs serait de tenir jusqu’à la prochaine dissolution !

  3. gb26100 le 11 décembre 2024 à 09:48

    Parler de présidentielle anticipée est-il bien réaliste ? A mon avis, c’est la porte ouverte à l’élection de Marine Le Pen. Je trouve bien étrange de choisir une priorité qui mène droit à l’échec… Le rapport des forces n’est pas pas favorable au NPP actuellement.

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