LA LETTRE DU 29 NOVEMBRE
Le socle commun, toute honte bue
Ce jeudi, LFI disposait d’une journée pour déposer des projets de loi – une niche parlementaire. Était discuté un texte d’abrogation de la réforme des retraites… sans vote puisque les députés EPR ont fait montre d’une obstruction zélée.
Au terme d’une journée extrêmement tendue, assez virile pour tout dire, le bloc central aura empêché l’Assemblée nationale de voter l’abrogation d’une loi… que les députés n’ont d’ailleurs jamais voté.
Évidemment, l’affaire n’est pas finie. D’autres niches parlementaires viendront et la question devra être reposée. Les députés de gauche – unis – en ont fait le serment. Les enquêtes d’opinion confirment ce que nous savons tous : les Français n’ont toujours pas digéré cette réforme ni dans son fond ni dans la voie de son adoption par 49.3. Début septembre, seul un Français sur dix souhaitait la conserver (sondage Elabe pour BFMTV).
Cette journée du 28 novembre aura aussi marqué une étape dans l’affaiblissement de la démocratie.
On a vu des députés, toute honte bue, se prenant en exemple, et affirmer qu’à 64 ans « ça va, on peut encore travailler ! » Comment dire mieux le décalage avec la société. Ces deux ans d’opposition à leur réforme ne leur ont donc rien appris sur la dureté du travail, pour les métiers physiques, pour les métiers du soin et de l’éducation, pour les métiers sous pression des chefaillons – eux-mêmes sous pression de leur hiérarchie. Pour alimenter le rejet des élites politiques et économiques, les députés EPR font leur maximum.
Toute la journée, les marconistes ont répété agir « en responsabilité », selon l’expression relevant d’un tic de langage. Ils se pensent définitivement comme les seuls détenteurs de l’esprit de responsabilité et de raison. Ils abordent la politique en manageurs : seuls comptent les comptes. L’adhésion et la mobilisation du peuple leur importent peu. Il faut peut-être qu’ils admettent qu’on ne met pas à la porte un peuple comme un salarié. La France ne se remettra pas sur pied sans les Français, a fortiori contre eux. Cette arrogance de manageur, ce mépris de classe ressentit hier crée de la rage et de la violence. Ça aussi sent vraiment très mauvais.
Enfin, relevons que cette obstruction à coup de centaines d’amendements et d’incidents de séances est venue d’un groupe au pouvoir – Ensemble pour la République (sic) – qui a toute latitude pour fixer l’ordre du jour à l’Assemblée. Les niches parlementaires ont été introduites pour redonner un peu d’air à la démocratie. Bloquer ce moment est une grave atteinte au respect dû aux oppositions. L’obstruction des députés EPR montre qu’ils croient pardonné, oublié l’usage autoritaire et répétitif du 49.3.
Cette somme de reproches que l’on peut adresser à la macronie converge avec la colère qui se cristallise sur le Président. Cet automne, le sociologue Marc Joly relevait dans un ouvrage, La pensée perverse au pouvoir, les similitudes entre la psychologie perverse et la pratique du pouvoir par Emmanuel Macron. Il notait que le vocabulaire des manifestants contre la réforme des retraites était comparable à celui employé par les victimes des pervers narcissiques. Il a vu juste. Il parait évident désormais que la personne d’Emmanuel Macron est un verrou pour que la France retrouve des espaces de respirations, de débats, pour que la démocratie revive. Son départ ne réglerait absolument pas tout. Mais il semble un préalable au retour de la politique, base d’une possible construction d’un projet partagé pour la France.
Catherine Tricot
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Un entretien passionnant sur Blast de Marc Joly autour de son livre La pensée perverse au pouvoir. Il apporte un éclairage sur Emmanuel Macron qui croise la sociologie et la psychologie.
PROCÈS DU JOUR
Fakir et Ruffin font craquer Arnault
Quand on est un des hommes les plus riches du monde, se retrouver au tribunal face à des « clowns » et des « débiles » (citations de l’intéressé), ce doit être difficile de garder son sang froid. Ce jeudi, à la barre, Bernard Arnault s’est montré très tendu, agressif. Il était entendu sous serment comme témoin dans le procès qui oppose Bernard Squarcini et François Ruffin. Le premier, ex-dirigeant du Renseignement intérieur, est accusé d’avoir espionné le député sur ordre du milliardaire. Le patron de LVMH nie avoir la moindre connaissance des agissements de Squarcini et rejette la faute son son ancien numéro 2, Pierre Godé, décédé en 2018. Les faits reprochés remontent à 2013-2016, quand François Ruffin tournait « Merci Patron ! » Pas à une provocation près – il s’est prétendu défenseur de la liberté de la presse face à « l’idéologie socialo-marxiste, trotskiste » –, Bernard Arnault a multiplié les insultes et les menaces en diffamation. La pression !
L.L.C.
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Contorsions diplomatiques sur l’immunité de M Netanyahou — par tOad
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