L’inattendue résurrection socialiste

La lettre du 2 septembre 📨
On les avait crus condamnés à jouer les seconds rôles, pétrifiés après l’onde de choc du quinquennat Hollande. Et pourtant, les socialistes reviennent, par la grâce d’une initiative hasardeuse d’un premier ministre dont le temps est compté.
Le retour du Parti socialiste n’a rien d’un miracle politique. Ce come-back n’est pas celui d’une social-démocratie réinventée, pas même celui d’une gauche régénérée par les leçons de ses échecs récents. Non, ils dispensent un parfum connu. Ce sont les mêmes socialistes qu’hier, engoncés dans une doctrine qui n’a jamais été passée au crible d’un véritable aggiornamento.
Leur rôle dans la bataille des retraites en fut un symbole. À les écouter, on pourrait croire qu’ils se sont toujours dressés contre le report de l’âge légal. Mais qui se souvient qu’ils restent attachés à la réforme Touraine, cette mécanique d’allongement de la durée de cotisation qui, déjà, repoussait l’horizon du départ ? Dans le feu de l’action, pour préserver une unité précieuse face à Emmanuel Macron, on a mis sous le boisseau cette contradiction. Par tactique, par stratégie, par nécessité. Mais au prix d’une exigence politique qui a cruellement manqué. La gauche a préféré taire le débat plutôt que de mettre les socialistes devant leurs contradictions. Hier comme aujourd’hui. François Hollande, statut du commandeur, siège à l’Assemblée au milieu des siens pour éviter que son bilan ne soit remis en cause. Sa présence pèse et leur rappelle à tous ce qu’ils lui doivent.
Et pourtant, tout le monde, insoumis compris, leur accorde des brevets de gauche. Face à la « radicalité » des amis de Mélenchon, les socialistes paraissent soudain fréquentables, presque rassurants. Cela évoque le temps où socialistes et communistes étaient unis. Les communistes étaient alors renvoyés au soviétisme tandis qu’on accordait aux socialistes les bénéfices d’être de gauche et pour la liberté. L’Histoire se répète. Là où les insoumis se coltinent l’étiquette d’« insupportables », eux apparaissent comme des partenaires « vivables ».
Leur retour en grâce n’est pourtant pas le fruit d’une dynamique réelle : les socialistes sont trop divisés pour entreprendre ce profond et nécessaire travail de mise à jour de leur projet. Comme Bruno Retailleau et la droite LR, dont la surreprésentation dans le débat public n’a d’égale que leur faiblesse électorale, les socialistes profitent de leur statut institutionnel… et de la mansuétude de tous leurs alliés du NFP.
Cette indulgence peut-elle durablement réinstaller le Parti socialiste aux premières places à gauche ? Ce serait là un effet inattendu des variations de LFI, tantôt les créditant de toutes les qualités – d’ailleurs, ne disent-ils pas qu’une seule candidature devrait s’imposer à toutes les élections ? –, tantôt les vitupérant sans nuance. La gauche ne pourra éternellement s’exonérer de rationalité et de travail. Sinon, le retour des socialistes risque fort de n’être qu’un nouveau chapitre de nos déceptions.
🔴 AUTODÉFENSE DU JOUR
À Washington, des « patrouilles de nuit » protègent les citoyens de la Garde nationale

Depuis plus de trois semaines, Washington est assaillie par la présence démesurée d’une police hostile et violente. Donald Trump justifie ce déploiement militaire par la nécessité d’un « nettoyage » de la capitale américaine, envahie selon lui par des « gangs violents ». Le président américain ne compte d’ailleurs pas s’arrêter là, puisqu’il a annoncé il y a deux jours sa volonté d’étendre cette mobilisation armée à Chicago. Mais le soir venu, dans les rues de Washington, la police de Trump, la garde nationale et l’Immigration ont de la compagnie. Armés uniquement de téléphones et de matériel médical, les « patrouilles nocturnes » veillent sur les habitants, s’assurant de leur protection face à la violence étatique. Comme l’explicite The Nation, un des principaux médias américains de gauche, il s’agit de citoyens familiers à la médecine de rue, ce qui leur permet de soigner directement les victimes. Les téléphones sont utilisés pour documenter et dissuader des abus des forces de l’État. Ces témoignages, devenus viraux sur les réseaux sociaux, permettent d’exposer les mensonges véhiculés par les médias traditionnels, selon lesquels les habitants de « DC » seraient rassurés de voir la Garde nationale défiler devant les écoles. Ces actes démontrent bien que si les institutions ont échoué à leur mission de protection, la solidarité entre les citoyens ne faiblira pas. Bien au contraire. Il est réconfortant d’observer que même avec des moyens modestes, la résistance et la solidarité ne s’inclineront pas aisément face à un pouvoir violent et totalitaire.
E.D.M.
ON VOUS RECOMMANDE…

« À la mémoire du meilleur d’ODB », sur France Inter. Parce qu’Ol’ Dirty Bastard, le rappeur de Brooklyn, membre fondateur du mythique groupe Wu-Tang Clan, nous manque, depuis son décès le 13 novembre 2004. Sa folie, sa liberté, ses prises de risque musicales ont inspiré toutes les générations de rappeurs suivantes. On ne se lasse toujours pas de ses classiques – « Shimmy Shimmy Ya » ; « Got Your Money », avec Kelis ; « Brooklin Zoo ». Mais ce mercredi, on voulait vous conseiller une chanson moins connue… On vous la met juste en dessous, en cadeau 😉
C’EST CADEAU 🎁🎁🎁
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