LA LETTRE DU 12 AVRIL

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Pacte Immigration : l’Europe se recroqueville sur sa xénophobie

À quelques semaines des élections européennes, l’Union européenne continue de s’avancer sur le chemin de l’extrême droite.

Mercredi 10 avril, le Parlement européen a définitivement adopté un pacte sur l’immigration et l’asile dont il débattait depuis 9 ans. Malgré l’opposition de la gauche, appuyée par les défenseurs des droits humains, les experts et les ONG, le texte est passé : enregistrement et filtrage aux frontières seront désormais la norme, et, après une période de 6 semaines de traitement de la demande d’asile, les États auront la possibilité de les renvoyer dans leur pays d’origine. Comme le rappelle un collectif de 161 associations, l’introduction de ces procédures frontalières sera « dangereuse, inhumaine, irréalisable et inefficace ».

À bien noter que la gauche française a voté contre ce pacte : que ce soit les insoumis, les écologistes ou les socialistes. Seulement, si les groupes européens des deux premiers ont voté contre dans leur entièreté, ce n’est pas le cas de celui de Raphaël Glucksmann où les Français ont fait figure d’exception : 104 eurodéputés du groupe Socialistes & Démocrates ont voté pour… Même chose de l’autre côté de l’échiquier politique : François Xavier-Bellamy, le tête de liste LR pour les européennes a été l’un des seuls de son groupe à voter (121 votes favorables) estimant que « la relocalisation des migrants à l’échelle européenne était un projet terrible ».

Politiquement, ce vote porte un double enseignement : d’abord, l’Europe se recroqueville et est en train de faire de la xénophobie l’une des colonnes vertébrales de son identité. Porté par des extrêmes droites en dynamique dans les différents États-membres, la peur de la submersion migratoire sur notre continent est un récit de plus en plus ancré dans les mentalités européennes et se cristallise dans les votes des représentants politiques dans les parlements.

Ensuite, la cohésion européenne à l’intérieur des courants politiques au niveau européen continue de s’effriter. À gauche comme à droite, les stratégies divergent. Même chose d’ailleurs du côté du RN de Jordan Bardella qui a voté contre le pacte : il n’a ainsi pas suivi le vote des eurodéputés de son groupe dont les Etats sont gouvernés d’ores et déjà par l’extrême droite, comme l’Italie.  La preuve, s’il en est, qu’à l’échelle continentale, la realpolitik, que ce soit si l’on défend les droits humains ou si l’on colporte des fantasmes obscurantistes, sème le trouble.

Pablo Pillaud-Vivien

RÉCUPÉRATION DU JOUR

La machine a générer du racisme tourne à plein régime lorsque survient un fait divers

Mercredi à Bordeaux, un homme de 25 ans, originaire d’Afghanistan selon la procureure en charge de l’affaire, tue un badaud à l’arme blanche et blesse son camarade. Le mobile avancé : en ce dernier jour du Ramadan, deux amis buvaient une bière… ce que l’assaillant n’aurait pas supporté. Immédiatement, la machine médiatico-politique s’emballe : Bordeaux serait devenu « un coupe-gorge », « l’hydre islamiste voudrait imposer sa police religieuse criminelle partout sur le territoire », « si cet Afghan n’avait pas été accueilli en France, le drame aurait pu être évité »… Pas de place pour parler des conditions d’accueil déplorables de notre pays et du fait que les folies, les désespoirs, les ressentiments et les pulsions de mort de ces individus que tous et tout ont abandonnés, se cristallisent parfois sur une vision radicale de la religion. Un drame et son traitement qui favorisent quasi-mécaniquement l’extrême droite…

P.P.V.

ON VOUS RECOMMANDE

Un concert de 2007 d’Amy Winehouse (dont un biopic bien amerloque va sortir au cinéma sous peu) qui nous redit la puissance de vie de celle que le mal(-être) rongeait si profondément. Et c’est à voir sur la plateforme d’Arte.

1 commentaire

  1. Lucien Matron le 13 avril 2024 à 03:03

    «  La machina a générer du racisme tourne à plein régime »…deux nouveaux exemples concrets ses derniers jours : lors du match de foot PSG- Barcelone des supporters barcelonais ont fait le salut nazi et lancer des cris de singe à l’encontre des joueurs noirs, à Dijon, vendredi, les élus du Rassemblement National ont brandi des cartons assimilant « les étrangers à des violeurs » entraînant une suspension de séance de la part de la présidente ! Ces faits témoignent de la banalisation médiatique du racisme à visage totalement découvert. Au regard de la loi, le racisme n’est pas une opinion mais un délit. Il est urgent d’appliquer la loi partout et de la manière la plus sévère, et de dénoncer de la façon la plus ferme les auteurs d’actes racistes. Pour la région Bourgogne Franche Comté, il existe sans doute un règlement intérieur qui autorise des sanctions fermes contre les élus du Rzssemblement National. Qu’on les applique !

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