LA LETTRE DU 20 SEPTEMBRE

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Gouvernement Barnier : une équipe sans titulaire

Les présidentiables de la droite et du centre préfèrent rester sur le banc, histoire de ne pas trop se mouiller en cas de cataclysme.

Enfin, il y aurait de la « fumée blanche » qui sort de l’Élysée – oui, car c’est pas à Matignon qu’on forme un gouvernement ! Michel Barnier, après avoir tenté un hold-up total des LR sur l’exécutif, a finalement rendu sa copie. Voilà pour la répartition des partis de la « majorité » présidentielle : sur les 16 ministères dits « de plein exercice », sept reviennent aux macronistes, trois aux Républicains, deux au MoDem, un à Horizons, un autre à l’UDI, un « divers droite » et un « divers gauche ».

Ou, pour le résumer à la Patrick Kanner, le sénateur socialiste, « on va passer d’une équipe de centre-droit et de droite à une autre de droite et de centre-droit ». Bref, un remaniement davantage qu’un nouveau gouvernement.

Et quelles sont les stars de la politique qui ont accepté de participer à ce formidable gouvernement ? À parcourir la liste de nominés… Eh bien si, il y a Bruno Retailleau. Et… ah bah c’est tout. Ne cherchez pas d’autres noms connus. Les Édouard Philippe, Laurent Wauquiez, Gabriel Attal, Gérald Darmanin, Bruno Le Maire ou que-sais-je ont tous jeté le maillot. Actant de fait l’extrême fragilité de ce gouvernement. Une double fragilité en fait : parlementaire – tout dépend du pouce levé ou baissé de Marine Le Pen – et politique – sans poids lourd, quelle autorité, quelle légitimité ?

À quoi auront servi les élections législatives de juillet ? À rien. Le message de cet ancien nouvel exécutif est limpide : votez, bonnes gens, on ne changera rien. Yaël Braun-Pivet est toujours présidente de l’Assemblée nationale, il y a toujours autant de ministres macronistes et de ministres LR (franchement, Retailleau qui remplace Darmanin à l’intérieur, ne dites pas que vous voyez une différence profonde) et les lettres de cadrage budgétaire vont être reprises sans ciller. Mais tout le monde fait mine d’attendre le discours de politique générale du premier ministre, comme s’il allait dire autre chose que la même chose que ses prédécesseurs Attal, Borne, Castex et Philippe avec sûrement une inclination encore plus forte pour l’extrême droite comme en témoigne la création potentielle d’un ministère de la laïcité et des discriminations (on imagine que, dans les fuites dans les médias mainstream, ils ont oublié « lutte contre ») dont on voit très bien à quoi il pourrait servir sous pression de Marine Le Pen et des siens (spoiler : à être le ministère de l’islamophobie).

C’est que personne n’est dupe. L’affaire Barnier fera long feu et le jour où tout s’écroulera, il faudra être prêt à bondir – et mieux vaut prendre ses distances avec la team losers le plus tôt possible. Car à la fin, pour prendre la relève d’Emmanuel Macron, il n’en restera qu’un.

Loïc Le Clerc et Pablo Pillaud-Vivien

DRAGHI DU JOUR

La crème de la crème

La Commission européenne a publié le 17 septembre « les remerciements » de Mario Draghi, l’homme qui se prend pour le Roosevelt européen. Il s’agit de la liste des personnes et organisations qui ont été consultées par « Super Mario » pour l’élaboration de son rapport sur l’avenir de la compétitivité en Europe. Et donc, Draghi a consulté :

  • 38 personnes – dont 6 femmes seulement –, mais ouf, il y a la triplette française Tirole, Blanchard, Aghion – mais pas de Piketty, Zucmann, ou Duflo.
  • 8 ONG (il en manque des très importantes sur le social, la finance, l’écologie et le climat)
  • 1 association de consommateurs
  • 1 syndicat (ETUC-CES)
  • 5 cabinets de conseil (mais pas McKinsey)
  • 84 entreprises, dont les géants de l’énergie fossile, et plusieurs Gafam
  • 70 « Trade or Business Associations »

Bref, des « conversations entre adultes », pour reprendre le titre du livre de Yanis Varoufakis sur la crise grecque. Mais à ce niveau de déséquilibre, c’est quand même assez hallucinant.

B.M.

ON VOUS RECOMMANDE

Ma vie ma gueule de Sophie Fillières, décédée avant le montage de son film, qui livre un long-métrage d’une truculence puissante et émouvante, portée notamment par Agnès Jaoui.

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