LA LETTRE DU 5 SEPTEMBRE

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Macron pris à son propre jeu : Le Pen est la faiseuse de rois

Dissoudre, censurer le NFP et donner le dernier mot à Marine Le Pen pour le nom du chef du gouvernement. Le plan macroniste est en train de tourner au fiasco.

Et de quatre ! Le rythme s’accélère. Lundi : Bernard Cazeneuve ; mardi : Thierry Beaudet ; mercredi matin : Xavier Bertrand ; mercredi soir : Michel Barnier – cherchez la femme en Macronie ! Ce défilé des prétendants à Matignon a au moins le mérite de remplir le vide politique pour les informés et les commentateurs.

À chaque fois, le chef de l’État, mué en DRH de la République, a dû se rendre à l’évidence : son défi n’était pas relevé. Personne n’est susceptible de passer l’épreuve de la censuré des députés. Et celle qui se tait, ne s’embarrasse pas de faire des propositions retoquées, mais qui lève ou baisse le pouce, c’est Marine Le Pen.

On en revient à la faute initiale, au péché d’orgueil d’Emmanuel Macron : provoquer des législatives anticipées par surprise, au lendemain des européennes et alors que le RN est en pleine ascension de ses records électoraux. Les électeurs ne s’y sont pas trompés et un nouveau barrage à l’extrême droite a été bâti, sans pour autant faire émerger aucune majorité. Le Nouveau Front populaire est le plus grand groupe et donc le plus légitime à gouverner ? Emmanuel Macron a mis son veto, bien aidé par sa « majorité » parlementaire qui menaçait de censurer illico un gouvernement Castets.

Voilà pour la faute politique : prétendre trouver, lui, le président de la République, la solution au bazar qu’il a créé en excluant la force arrivée en tête. Résultat des courses : Emmanuel Macron prend à sa charge le blocus institutionnel. C’est désormais lui qui, promettant de trouver une issue, doit tout assumer. Or, sans la gauche, il ne reste qu’une stratégie : négocier avec la droite pour former quelque chose pouvant ressembler à une majorité, sans froisser l’extrême droite.

C’est cette condition sine qua non qui met le Président au pied du mur. Et continue de porter Marine Le Pen. Un avantage bien compris et répété par Jean-Philippe Tanguy, le vice-président du groupe RN à l’Assemblée nationale, invité ce matin de France Inter : « On a menti aux Français. On leur a fait croire qu’il y avait une solution autre qu’une majorité, même relative, au Rassemblement national. Il n’y en a pas. Dans le pays, il y a une majorité d’idée sur notre programme. Et d’ailleurs, les macronistes se sont battus sur nos idées avec des nuances très hypocrites tout en s’alliant avec la gauche […] Le mensonge promu pendant ces législatives était que tout ce petit monde pouvait s’entendre. Et bien non. »

Désormais, le RN avance avec la certitude qu’Emmanuel Macron va se fracasser sur lui-même. Censure après censure, il ne restera qu’une porte de sortie : la démission du locataire de l’Élysée. Marine Le Pen sy’ prépare pour les mois qui viennent et veut installer Jean-Luc Mélenchon comme son adversaire idéal. Reste à la gauche de trouver, ou bien une alternative à l’insoumis, ou bien de faire en sorte qu’il ne soit pas un homme plus redouté que la championne de l’extrême droite.

Loïc Le Clerc

YAKAFOKON DU JOUR

Destitution, piège à cons ?

« Oui il est possible de destituer Emmanuel Macron et voilà comment ⬇️ », nous dit le coordinateur de La France insoumise Manuel Bompard sur les réseaux sociaux. Et de développer les étapes de la procédure. Ainsi, la destitution doit être : 1. signée par au moins 1/10ème de l’Assemblée ; 2. approuvée par le bureau de l’Assemblée ; 3. validée par la commission des lois ; 4. adoptée par l’Assemblé à la majorité des 2/3 puis par le Sénat ; 5. approuvée par 2/3 des parlementaires réunis en Haute Cour et 6. le président de la Haute Cour doit se prononcer sous un mois. L’étape 1 est déjà passée puisque 81 députés ont signé la demande de destitution – pour rappel, le NFP compte 193 élus. Sauf que l’étape 2, elle, peut déjà être bien plus compliquée que l’insoumis ne le prétend. Certes, la gauche possède la majorité au bureau de l’Assemblée, à une voix près. Or, si LFI a signé en bloc cette demande, ils n’ont obtenu l’appui que de six écologistes et trois députés réunionnais. Les socialistes et les communistes n’en sont pas. Ensuite, que les deux tiers de l’Assemblée ET du Sénat s’engagent dans la voie de la destitution, c’est pour l’heure de la politique-fiction.

L.L.C.

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