LA LETTRE DU 28 MAI

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Les risques du pari des insoumis

JLM tout feu tout flamme, Hassan sur la photo, Aubry guerroyant contre les concurrents potentiels… LFI tente le tout pour le tout afin de décoller, dans un scrutin toujours plein d’incertitudes.

En l’espace de quelques jours, Rima Hassan a ostensiblement rendu visite au recteur de la Grande mosquée de Paris et Jean-Luc Mélenchon a fustigé le pouvoir français au nom de la « Nouvelle-Calédonie-Kanaky ». La plus visible des candidates de La France insoumise s’écarte d’une tradition laïque républicaine qui répugne à solliciter l’onction d’une autorité religieuse, surtout au moment d’une élection. De retour du Sénégal où il vanta sa liberté d’expression mieux assurée là, et à Casablanca, qu’à Paris, le moteur véritable de la liste insoumise met en avant un des camps en présence, au moment où Paris décide de tourner le dos au consensus néo-calédonien qui, le 5 mai 1998, avait défini heureusement les bases d’un retour pérenne à la paix civile. Il soutient le droit légitime du peuple kanak à la reconnaissance. Mais il omet de souligner la nécessité impérieuse d’un compromis qui, à Nouméa comme à Pretoria il y a un peu plus de trente ans, est la seule voie pour éviter la victoire coûteuse d’un camp sur l’autre camp.

Tout cela renvoie à un « campisme » (« Choisis ton camp, camarade ! ») qui tente depuis longtemps l’entourage de Mélenchon, devenu le noyau du mouvement de La France insoumise. À court terme, cela répond à une tactique électorale. Dans un scrutin à faible participation, comme les élections européennes, un surcroît de mobilisation peut modifier sensiblement le pourcentage en suffrages exprimés.

Pour l’instant, LFI semble mobiliser une partie de son électorat, mais ne mord pas sur les autres familles politiques ou sur les abstentionnistes déclarés, ses intentions de vote oscillant entre 6 et 8%. Pour aller au-delà du score de 2019 (6,3%), elle compte donc sur une surmobilisation en sa faveur d’un électorat présumé sensible à l’appel du recteur de la mosquée de Paris et sur celui des outremers qui avaient contribué au bon score de Mélenchon en 2022.

Cette tactique sera-t-elle payante ? Elle peut l’être le 9 juin. Mais il est douteux qu’elle soit en état de freiner la dynamique d’extrême droite qui s’annonce. Et il est plus douteux encore qu’elle puisse servir de base à l’indispensable mobilisation de la gauche en vue des redoutables échéances de 2027.

Antoine Chatelain

DÉBAT DU JOUR

Dans le cafouillis, se dessine le clivage gauche-droite

Lundi soir, sur BFMTV, les huit têtes de liste pour les élections européennes se sont affrontées. C’était un peu le bordel, ça partait dans tous les sens et les uns sur les autres mais, au fond, ce qu’il ressort, malgré les piques entre cousins germains, c’est que la gauche est à peu près d’accord sur la question du pouvoir d’achat, de l’écologie, de la reconnaissance de la Palestine et de l’immigration, quand la droite (la macroniste Valérie Hayer comprise) dit tout l’inverse. Et ça fait du bien de le constater. Maintenant, ce serait cool que ça puisse restructurer la vie politique française.

P.P-V.

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1 commentaire

  1. Berthelot Jacques le 28 mai 2024 à 19:12

    Toujours le même message LFI c’est le mal.
    Consultez ce très éclairant article d’ACRIMED:
    Convocations policières pour « apologie du terrorisme » : les médias façon Orwell
    https://www.acrimed.org/Convocations-policieres-pour-apologie-du

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