Les capitulations militaires n’existent plus
En ce jour de commémoration du 8 mai 1945, il est nécessaire de le rappeler : un traité de paix n’est pas la paix.
Le 8 mai 1945, quelques jours après la bataille de Berlin qui a vu les troupes soviétiques l’emporter sur les allemandes, les représentants du Haut Commandement nazi, signent un acte de capitulation de leur armée, sous la dictée de l’URSS, des Etats-Unis, du Royaume-Uni et de la France.
D’abord, il faut rappeler qu’elle n’a pas mis fin à la Seconde Guerre Mondiale puisque les combats ont continué en Asie. Ensuite, si la partition brutale de l’Allemagne qui s’en est suivie a permis d’annihiler toute poursuite des affrontements entre soldats, elle n’en est pas moins demeurée violente pour lesdits vaincus.
Ce mode de résolution (partielle) d’un conflit a perdu de sa pertinence à partir de la seconde moitié du XXè siècle : les mutations des formes de la guerre, dans laquelle les Etats restent des acteurs centraux mais pas uniques, ne permettent plus que le genou à terre d’un des belligérants ou qu’une poignée de mains, n’apparaissent comme une solution pérenne. Au mieux, ils sont part d’un processus. Au pire, ils n’engagent que ceux qui y croient.
D’aucuns voient dans les deux principaux conflits qui occupent l’actualité internationale, aussi meurtriers qu’asymétriques, en Ukraine et à Gaza, la possibilité d’une résolution par la capitulation : les Russes pensent qu’ils ont les moyens de faire plier les « nazis » Ukrainiens ; une partie des Occidentaux imaginent que l’armée russe (dotée, faut-il le rappeler, de l’arme nucléaire) peut être battue ; le gouvernement israélien croit que le terrorisme peut être combattu par des bombardements et des chars.
Tout cela ne mène qu’à des impasses. Parce qu’à l’heure des peuples, les conflits les plus violents ne peuvent se résoudre par des traités de paix mais par l’inscription dans des processus de paix. Ceux-ci doivent bien évidemment répondre aux besoins humanitaires les plus urgents, notamment par le truchement de cessez-le-feu permanents, mais ils doivent aussi comporter des versants politiques, diplomatiques, économiques, culturels. Et ils doivent engager les sociétés toutes entières. Sans quoi, aucune réconciliation, clef de la paix, n’est envisageable.