La laïcité, c’est la paix civile

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La démission du proviseur du lycée parisien Maurice-Ravel est un drame douloureux. Rien ne peut justifier les menaces proférées à son encontre, dans une communauté scolaire soumise à des tensions de plus en plus éprouvantes. L’appel à la haine en général et à la mort en particulier est incompatible avec l’esprit républicain. L’intention ne peut faire l’objet d’aucune indulgence.

Force doit rester à la loi et pas à la guerre civile. Mais, puisque nous ne savons plus où se trouve aujourd’hui la limite de la guerre et de la paix, on ne peut pas se contenter de condamner l’innommable. Il faut plus encore se demander comment en conjurer l’expansion. Il n’y a bien sûr pas de réponse unique pour apaiser les ressentiments et les douleurs. Mais, puisque bien des débats tournent autour de la laïcité, il serait urgent de s’entendre, à son propos, sur un consensus qui lui permette de rassembler et pas de diviser.

Il est bon alors de revenir à l’esprit des origines, celui de la loi de 1905. Pourquoi a-t-on oublié à ce point que la loi de séparation des Églises et de l’État n’était pas une loi antireligieuse ? Elle visait au contraire, par l’entremise de la séparation, à garantir l’indépendance conjointe de la sphère publique et de la sphère religieuse, en récusant les tentations visant à la restreindre, d’un côté comme de l’autre.

La loi historique n’alimentait pas une guerre : elle ne visait qu’à la paix civile. Elle mettait fin aux empiètements des fanatismes religieux, mais ne succombait pas aux outrances possible de l’anticléricalisme. En 1905, ce n’a pas été l’anticléricalisme extrême propre à beaucoup de radicaux qui a donné le ton, mais la conception apaisante d’Aristide Briand, républicain-socialiste et de la grande figure de Jean Jaurès.

La loi est la loi, valable pour tous et sur tout le territoire de son ressort. Mais pour être universelle, son ressort essentiel n’est pas la contrainte et son application requiert tout autant la souplesse de la forme que la fermeté du fond. C’est parce qu’elle sut montrer ce mariage, que la République des débuts du XXème siècle est parvenue à tirer un trait définitif sur les guerres de religion.

Dans le moment délicat que nous vivons, il serait bon que les acteurs publics et l’ensemble de la société dite civile se persuadent de cette nécessité. Il n’y a pas de démocratie sans liberté et sans conflit. Mais en démocratie, le conflit n’est pas la guerre.

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