« Il n’est pas surprenant qu’un Parti démocrate qui a abandonné la classe ouvrière se rende compte que la classe ouvrière l’a abandonné »
Au lendemain de la défaite de Kamala Harris face à Donald Trump, le sénateur Bernie Sanders a publié une déclaration qui a été beaucoup commentée dans la gauche française. Nous vous en proposons une traduction.
Il n’est pas surprenant qu’un Parti démocrate qui a abandonné la classe ouvrière se rende compte que la classe ouvrière l’a abandonné. D’abord, ce fut la classe ouvrière blanche ; aujourd’hui, ce sont aussi les travailleurs latinos et noirs. Alors que les dirigeants démocrates défendent le statu quo, le peuple américain est en colère et veut du changement. Et ils ont raison.
Aujourd’hui, alors que les très riches s’en sortent éhontément bien, 60 % des Américains vivent avec la peur d’être à découvert avant la fin du mois. Parallèlement, les inégalités de revenus et de richesses n’ont jamais été aussi importantes. Il est difficile de le croire et pourtant : les salaires du travailleur américain moyen (corrigés de l’inflation) sont en fait plus bas aujourd’hui qu’ils ne l’étaient il y a 50 ans.
Aujourd’hui, malgré l’explosion de la technologie et de la productivité des travailleurs, de nombreux jeunes auront un niveau de vie inférieur à celui de leurs parents. Et beaucoup d’entre eux craignent que l’intelligence artificielle et la robotique n’aggrave cette situation.
Aujourd’hui, malgré des dépenses par habitant bien supérieures à celles d’autres pays, nous restons la seule nation riche à ne pas garantir à tous les soins de santé auquel devrait avoir droit n’importe quel être humain. Pourtant, nous payons, de loin, les prix les plus élevés au monde pour les médicaments sur ordonnance. De même, nous sommes les seuls parmi les grands pays, à ne pas même garantir des congés parentaux payés ou à indemniser les arrêts maladie.
Aujourd’hui, malgré la forte opposition d’une majorité d’Américains, nous continuons à dépenser des milliards pour financer la guerre totale du gouvernement extrémiste de Netanyahou contre le peuple palestinien, qui a conduit à l’horrible catastrophe humanitaire liée à la malnutrition de masse et à la famine de milliers d’enfants.
Les intérêts financiers et les consultants grassement payés qui contrôlent le Parti démocrate tireront-ils de véritables leçons de cette campagne désastreuse ? Comprendront-ils la douleur et l’aliénation politique que subissent des dizaines de millions d’Américains ? Ont-ils une idée de la manière dont nous pouvons nous attaquer à l’oligarchie de plus en plus puissante qui a tant de pouvoir économique et politique ? Probablement pas. Dans les semaines et les mois à venir, ceux d’entre nous qui se préoccupent de la démocratie populaire et de la justice sociale doivent engager des débats sur ces questions-là.
La suite au prochain épisode.
A se demander pourquoi une telle prise de position » bien à gauche » est restée silencieuse avant l’élection ?
La classe ouvrière veut Bukele.
De rien.
C’est bien mais il vaut mieux ne pas accoler d’adjectif à démocratie.
Très juste cette analyse.
hélas la plupart des médias même dits de gauche n’ont pas abordé ces questions essentielles.
Le tandem Biden Harris était bien loin de répondre à ces questions !
Même pauvres, exploités, déçus et sans espoir, on ne vote pas pour des ultras milliardaires d’extrême droite ! On fait en sorte qu’ils ne prennent jamais le pouvoir !!!!
Au delà de la victoire incontestable de Donald, il n’est pas inutile de rappeler que le système électoral américain est verrouillé par l’argent. Hors les candidats eux mêmes milliardaires et/ou ceux soutenus par les milliardaires, aucune chance pour un candidat issu des couches populaires d’arriver aux manettes. C’est ce que dit Bernie Sanders lorsqu’il parle « d’intérêts financiers…d’assistant# grassement payés….d’aliénation politique subie par des millions d’américains …d’oligarchie qui a tant de pouvoir politique et économique ». Aux États Unis, il existe aussi un parti unique : le parti de l’argent. Il n’est pas improbable qu’après le milliardaire corrompu Trump, le prochain président soit un autre milliardaire vissé à ses intérêts personnels et à ses comptes bancaires. On est loin de l’intérêt général des américains eux mêmes et de la planëte. Dans ces conditions, il est difficile de parler de démocratie.