Harris-Trump : les jeux sont faits, rien ne va plus
Si la victoire du Républicain porterait un coup terrible à la démocratie étasunienne, celle de la Démocrate n’ouvrirait, à ce stade, pas de perspectives claires.
Dans la dernière ligne droite, Kamala Harris centre ses meetings contre « un petit tyran » qu’elle n’hésite plus à désigner comme « fasciste ». Sa campagne rappelle celle de Lula au Brésil : il y a tout juste deux ans, la grande coalition associant la gauche et le centre droit avait réuni 50,9% des voix pour barrer la route du pouvoir à Jair Bolsonaro. Un cheveu !
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Dans ces deux pays-continents, le choix stratégique est de gommer les aspérités et de jouer la carte du flou sur les enjeux qui divisent le pays pour tenter de rallier la majorité des suffrages.
On ne sait évidemment pas si le pari de Kamala Harris sera gagnant. On espère vraiment qu’elle battra Donald Trump, un danger pour les États-Unis, le monde, le climat et la démocratie. Mais il est possible de s’interroger sur la suite.
Kamala Harris va-t-elle offrir un répit à son pays ? Aura-t-elle les moyens d’apporter des réponses aux attentes des Américains ? Dès la remise en cause du droit à l’avortement, elle a su voir l’enjeu existentiel de ce combat. Il n’est pas à la marge de l’affrontement avec les visions portées par Donald Trump. Il prend appui sur un mouvement social puissant, mondial, celui des femmes pour l’égalité et la liberté. C’est certainement une intuition majeure : le féminisme compte parmi les forces qui ont le plus de puissance, de cohérence et d’énergie pour affronter le fascisme. Femme noire, elle élargit un peu plus la brèche ouverte par Barack Obama pour affirmer la place des Noirs dans la société américaine et au-delà pour accompagner les Américains dans la grande mutation qui verra les WASP (White Anglo-Saxon Protestant ou Anglo-Saxon blanc et protestant) perdre leur hégémonie avant de perdre leur majorité. La place des femmes et des minorités travaille en profondeur un pays construit sur un mythe unificateur raconté sur grand écran.
Comme Trump, elle produit essentiellement un discours, des images et des symboles. Elle les espère rassembleurs et accessibles à tous. Mais la liste des sujets qui rongent la société et qui restent dans l’ombre est inépuisable : coût et manque de logements, niveau de vie, transition énergétique, coût des études, malbouffe, position des États-Unis dans le monde (notamment sur Gaza et l’Ukraine), violence meurtrière banalisée, épidémie mortelle d’antidouleurs… L’Amérique est toujours une puissance économique mais son étoile mondiale a pâli et les Américains ne vont pas bien. Sur ces sujets Harris est incertaine, élude. Faute d’avoir clarifié ses positions et ses propositions, elle pourrait manquer d’énergie et de légitimité pour agir une fois élue.
Fort de son épouvantable logorrhée, Trump apporte une réponse : celle du retour à un pays perdu, à un ordre fantasmé, celui des hommes blancs. Les Démocrates américains et Kamala Harris vont peut-être éviter le pire, cette fois. Mais le courant trumpiste est puissant, enraciné. Il résonne avec d’autres courants d’extrême droite. On ne peut pas les battre, les défaire durablement sans un grand projet et un grand récit. Sans doute acculée et forcée de parer au plus pressé, Kamala Harris a ouvert de rares pistes. La question est loin d’être seulement américaine et nous inquiète tous.
Trump est indigne, caricatural, outrancier, le type même de l’histrion démagogue mais pour autant il n’est pas un fasciste. Il ne souscrit pas aux thèses de Benito Mussolini, il ne partage pas sa vision de la politique. Le fascisme, classé à l’extrême-droite, suppose le parti unique, point qui le rapproche du communisme, classé à l’extrême-gauche. Les extrêmes se rejoignent pour maltraiter les libertés publiques. Mussolini au début de sa carrière politique était un marxiste, et resta un admirateur de Lénine, en tout cas de ses méthodes. Rien de tel chez Trump, dont la culture politique est de toute façon expéditive. Il cheche à simplement à se venger des Américains qui l’ont congédié en 2020, défaite qu’il impute à un complot.
Le parti républicain a fait une erreur de casting monumentale en l’investissant candidat. Espérons, pour la qualité des mœurs politiques des États-Unis, qu’il n’accédera pas à la Maison Blanche, ce qui permettra au GOP de se relever de cette mauvaise passe. La démocratie n’est pas en danger, mais lui. Les Américains, grand peuple, ont toujours su trouver en eux-mêmes la force de surmonter les épreuves et de repartir sur de meilleures bases. Ils devraient là encore ne pas faire mentir leur réputation.
ce message ne vous intéressera probablement pas .
L’élection Américaine nous est présentée comme un match de boxe entre deux personnalités. Nous avons droit à de longs développements dans tous les médias sur la liste des personnes du monde du showbiz soutenant Kamala Harris. Mais rien sur le projet , les propositions de cette candidate. Que propose t-elle pour s’attaquer à la pauvreté, à la précarité, au chômage ? Et pour la protection sociale, pour agir contre le réchauffement climatique, pour la biodiversité ? Que compte t-elle faire contre les violences et le racisme de la police ? Contre les ségrégations ? Contre les ventes d’armes à Israël ? Pour le cessez le feu à Gaza, au Liban ? Pour réglementer les ventes d’armes aux USA ? Rien ou pas grand chose , mais peut-être parce que cette candidate ne dit rien ou ne propose rien sur tous ces sujets majeurs ? Quelle alternative face à Trump ?