« Guerre aux institutions » : les macronistes parlent en connaissance de cause
Sept ans qu’ils maltraitent les institutions et, dorénavant, ils voudraient donner des leçons de respect du droit ?
La Macronie est en train de paniquer à l’idée de perdre le pouvoir – et ça se voit. Après Yaël Braun-Pivet qui dénonce un « détournement de la règle de droit » au sujet de la procédure de destitution d’Emmanuel Macron, voilà Gabriel Attal qui parle de « déclaration de guerre à nos institutions ». On décèlerait presque un petit syndrome de Stockholm vis-à-vis du chef de l’État.
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Notre ex-Premier ministre fait montre d’un culot rare, lui qui, entre les législatives et la nomination de Michel Barnier, cumulait les postes de chef du gouvernement démissionnaire et de chef du groupe présidentiel à l’Assemblée. Il faut dire qu’en matière de guerre à nos institutions, la Macronie sait de quoi elle parle. Non pas qu’Emmanuel Macron soit un dictateur qui ne respecte pas la Constitution mais il n’a de cesse de sacrifier l’esprit de notre droit sur l’autel de la tactique la moins morale.
Sa plus grande fulgurance reste le passage en force de la réforme des retraites, pour lequel l’exécutif nous avait offert une belle visite guidée de la Constitution : 47.1, 44.2, 44.3, article 38 du règlement du Sénat et, pour finir à l’Assemblée, 49.31. Rien d’illégal, mais un usage des institutions absolument contraire à leur esprit. Le fameux 49.3 par exemple, usé et abusé par Élisabeth Borne : les macronistes auront sans arrêt rappelé que Michel Rocard était le champion de ce gadget institutionnel. Or, le socialiste ne l’utilisait que pour « mater » sa propre majorité, pas pour empêcher l’opposition de tenir son rôle.
Faire appel à un article de la Constitution pour demander la destitution du président de la République, ce serait faire « la guerre aux institutions » ? Ce n’est ni à Macron, ni à Attal, mais à la représentation nationale dans son entièreté de décider si oui ou non, la destitution du chef de l’État doit être engagée.
La dissolution de l’Assemblée est le dernier artefact de cet autoritarisme institutionnel. Le risque d’une victoire de l’extrême n’avait jamais semblé aussi fort. Finalement, heureux comme Ulysse de mettre son veto à la gauche, Emmanuel Macron place le pays dans uns instabilité politique folle, le tout sous la surveillance de l’extrême droite. Même sa « majorité » commence à montrer son agacement quand à l’idée de voir les LR de retour aux affaires. Mais « le peuple souverain qui s’exprime doit toujours être pris en compte », ose le Président le 11 septembre dernier. Mépris et violence, les deux faces du macronisme.
Faire appel à un article de la Constitution pour demander la destitution du président de la République, comme le veulent les insoumis, ce serait faire « la guerre aux institutions » ? Même si, sur le papier, on voit mal comment la procédure pourrait aller jusqu’à son terme et recueillir un nombre suffisant de voix au Parlement, ce n’est ni à Emmanuel Macron, ni à Gabriel Attal, mais à la représentation nationale dans son entièreté de décider si oui ou non, la destitution du chef de l’État doit être engagée.