Gabriel Attal, les symboles et l’inefficacité en matière de santé
Ce week-end, le Premier ministre a détaillé à la presse quelques mesures censées répondre aux urgences en matière de santé :
- « taxe lapin » de 5 euros en cas d’absence injustifiée à un rendez-vous médical. Comme pour les APL : on sait très bien pour qui cela sera une véritable pénalité et sur qui non ;
- augmentation du numerus clausus au concours d’entrée en médecine. Mais cela n’est pas accompagné pour autant par la création de davantage de places dans les centres hospitaliers universitaires ce qui pose d’énormes problèmes de gestion des flux de ressources humaines ;
- possibilité de s’adresser directement à un spécialiste sans passer par la case généraliste. Est-ce que cela résoudra le problème des temps d’attente pour certains spécialistes qui sont parfois de plusieurs semaines ? Non.
Le problème que le gouvernement ne veut pas voir et auquel il ne veut pas s’attaquer est celui de la désorganisation de notre système de santé : aujourd’hui, lorsque l’on choisit son médecin sur Doctolib, on ne le connait souvent pas et on est rarement amené à le revoir. Dès lors, oui, les annulations sont plus courantes que s’il s’agissait de son médecin traitant. Une pratique d’autant plus répandue que la plateforme de réservation permet de réserver trois mois à l’avance par un seul petit clic… alors que les besoins de consultation sont parfois immédiats.
Parallèlement à ces habitudes des patients, il ne faut pas se voiler la face sur la crise des vocations qui touchent des pans entiers de la médecine : la moitié des praticiens formés à la médecine généraliste ne sont pas installés en tant que tel. Ils choisissent plutôt l’urgence, les soins non-programmés ou la téléconsultation.
Alors au lieu de faire comme lorsqu’il était ministre de l’Éducation nationale et de penser résoudre des désordres structurels par des mesures cosmétiques – ou pis, de prendre le problème par le mauvais bout –, Gabriel Attal ferait mieux de réfléchir à la place croissante et délétère des plateformes de réservation dans l’accès aux soins et la revalorisation de certaines spécialités, comme la médecine généraliste, notamment pour lui donner une chance à tous les territoires d’en bénéficier en nombre suffisant.
PS : on passera sur le fait que ces annonces ont été faites en pleine convention entre les organisations représentatives des médecins généralistes et l’État, une impolitesse qui a passablement énervé les premières avec une conséquence immédiate : le principal syndicat a tout de suite suspendu sa participation.