Gabriel Attal, déjà boomer à 34 ans
D’une modernité digne des années 60, Gabriel Attal s’est donc prêté à la traditionnelle déclaration de politique générale. Est-il le Premier ministre le plus boring de la 5ème République ?
Quel bol d’air frais que ce Gabriel Attal ! Vous ne trouvez pas ? Jeune, beau, gaillard, souriant et quel parler ! Sous le charme, nous devons emprunter à Ruth Elkrief son professionnalisme pour tresser de lauriers le Premier ministre :
Gabriel Attal, c’est enfin le Nouveau Monde qui s’impose, la jeunesse qui rayonne de tout son soleil. Et cette jeunesse, le Premier ministre entend bien la faire « rêver ». Et avec la manière : « Trouver un emploi stable. Acheter un logement. Fonder une famille. » Vous les voyez, les jeunes, des paillettes dans les yeux à l’écoute de ce « I have a dream » français ?
Et c’est pas tout, car Gabriel Attal a d’autres rêves à accomplir : « Faire des sacrifices mais acceptables s’ils servent à l’ascension de leurs enfants. Aimer les paysages, une culture commune, une société libre et tenue. » On gage que Disney va bientôt en faire une adaptation au cinéma.
Quand Pierre Messmer, en 1972, voulait « aider les jeunes à se faire entendre », Gabriel Attal ne se laisse pas impressionner et surenchérit dans l’avant-gardisme :
« Réarmer notre école, c’est réaffirmer nos valeurs. Car je crois que la transmission du savoir est impossible sans respect de l’autorité. Sans respect de nos valeurs républicaines – au premier rang desquelles, la laïcité. On ne négocie pas avec la République. On l’accepte et on la respecte, en entier, sans mais, sans la moindre exception ! […] Nous devons faire respecter l’autorité partout : dans les classes, dans les familles, dans les rues. Ce respect s’apprend à l’école, je le disais. Ce respect de l’autorité passe aussi par les familles. […] Dès le plus jeune âge, il faut en revenir à un principe simple : ‘tu casses, tu répares, tu salis, tu nettoies, tu défies l’autorité, tu apprends à la respecter’. »
Rep a sa Giscard !
Comment donc ? Gabriel Attal ne serait pas un moderne ? Pour en avoir le cœur net, nous nous sommes plongés dans les archives des déclarations de politique générale. Et ça nous donne ce petit quiz…
QUIZ : qui l’a dit, Attal ou ses prédécesseurs ?
(réponses à la fin de l’article…)
- « Certains Français ont osé douter, et parfois doutent encore. Notre peuple, pensent-ils, ne serait plus en mesure de faire face à son destin. C’est ainsi qu’on a entendu affirmer, et qu’on entend affirmer encore, que le Français a perdu le goût du travail, qu’il n’aurait plus l’élan qui anime la liberté, que le patriotisme lui-même serait à demi effacé. »
Michel Debré ou Gabriel Attal ? - « L’heure est venue pour la France de construire d’abord son propre destin. Ce destin, c’est d’abord la jeunesse. Notre peuple, jadis vieilli, est redevenu un peuple jeune. Il nous faut donner à cette jeunesse les moyens de la formation. L’éducation nationale sera au premier plan de notre action et j’entends m’y intéresser personnellement, par vocation, et parce que c’est un devoir. »
Georges Pompidou ou Gabriel Attal ? - « Pour conforter notre place en Europe et dans le monde, il nous faut tout à la fois assurer à nos agriculteurs les conditions d’un meilleur revenu et marquer sans ambiguïté notre volonté d’un renouveau de la politique agricole commune au sein des instances européennes. »
Jacques Chirac ou Gabriel Attal ? - « Une réaffirmation de l’autorité de l’Etat devra s’étendre aussi aux quartiers sensibles où les lois de la République, comme l’esprit de solidarité, doivent prévaloir. »
Édouard Balladur ou Gabriel Attal ? - « Au-delà des difficultés de tous les jours, c’est aussi de leur identité que les Français ne sont plus sûrs : où va la France aujourd’hui ? Quelle place auront les valeurs fondamentales de la République dans la France de demain ? La vie des Français est devenue bien compliquée. Et l’État n’a pas contribué à la simplifier : avec des lois trop nombreuses, une intervention trop fréquente, des procédures trop complexes qui nuisent aux énergies individuelles et collectives. La première mission de mon gouvernement sera donc de simplifier la vie des Français. »
Jean-Pierre Raffarin ou Gabriel Attal ? - « La France ne se résigne pas à voir la bande de Gaza en état de siège permanent et la Palestine condamnée à une partition de fait avant même d’avoir pu exercer réellement sa souveraineté sur son territoire. La France va prendre des initiatives pour ranimer la petite flamme de l’espoir d’une Palestine libre et démocratique cœxistant pacifiquement avec un État d’Israël reconnu et respecté par tous ses voisins. »
François Fillon ou Gabriel Attal ? - « Je suis né en 1989, l’année du bicentenaire de la Révolution. »
Pablo Pillaud-Vivien ou Gabriel Attal ?
Bien vu, Incontestable; bravo!
Attal, costard ajusté et parler jeune, mais tellement ringard dans ses idées.