Donald Trump réussira-t-il, cette fois, son coup d’État ?

En 50 jours, le 47ème président américain aura marqué l’histoire par la violence de son action. Un démantèlement accéléré de l’État de droit. La digue tiendra-t-elle plus longtemps ?
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Ceci est une liste non-exhaustive des abus de l’administration Trump.
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Une de ses premières décisions a été de gracier les assaillants du capitole – le coup d’État manqué de 2021. On parle de 1250 « otages », comme les appelle Donald Trump. Quatre ans plus tard, le président évoque désormais une « révolution du bon sens ». Mardi 4 mars, devant le congrès américain, Donald Trump jubile. « America is back », lance-t-il avant d’énumérer les centaines de décrets et de mesures déjà pris, « un record destiné à restaurer le bon sens, la sûreté, l’optimisme et la richesse ». Et c’est vrai, il s’agit bien d’une révolution en cours, qui outrepasse les prérogatives présidentielles et même le droit.
Donald Trump « ne blague pas » et commence déjà à semer l’idée qu’il pourrait briguer un troisième mandat en contournant la constitution. N’avait-il pas dit à ses électeurs que le vote de 2024 pourrait être leur dernier ? Le coup d’État, c’est maintenant.
L’État démantelé
- Après avoir limogé les dirigeants d’une douzaine d’agences fédérales chargées de contrôler l’action de son administration, Donald Trump entend approfondir la purge. Tous les employés fédéraux (2 millions de personnes) ont reçu, fin février, un mail les exhortant à justifier de leur activité. « L’absence de réponse sera considérée comme une démission », expliquait Elon Musk, à la tête du fameux DOGE (département de l’efficacité gouvernementale).
- Licenciement des responsables du ministère de la justice impliqués dans les poursuites contre Donald Trump et les assaillants du capitole.
- Donald Trump envisage de démanteler le ministre de l’éducation, jugé trop décentralisé et trop… woke.
- Donald Trump veut réduire de 65% les effectifs de l’Agence de protection de l’environnement.
- La Nasa a licencié Katherine Calvin, scientifique en chef de l’agence sur le climat, ainsi que tout son bureau, le bureau de la technologie, de la politique et de la stratégie et la branche sur les politiques de diversité, équité et inclusion au sein du bureau de la diversité. « En tout, une vingtaine de personnes sont concernées », apprend-on via Le Monde.
- Dans le monde de la recherche et de la science, une vaste purge est mise en place : suppression de sites internet, licenciements de scientifiques et d’administratifs d’agences de recherche, réduction drastique des moyens de la recherche. Les cibles principales sont tous ce qui concerne les minorités, des droits des transgenres à ceux… des femmes.
- Par décret, Donald Trump a coupé les financements de deux médias historiques à destination de l’étranger, Radio Free Europe et Voice of America.
- Le 27 mars 2025, Donald Trump a signé un décret pour retirer de certains musées toute idéologie « inappropriée ». Dans le viseur : une nouvelle écriture de l’histoire afro-américaine avec moins d’accent mis sur l’esclavage et un récit « plus positif », rapporte RFI.
La grand soir économique
- Instauration de droits de douane de 25% sur les produits européens, avec le Mexique et le Canada, et de 20% avec la Chine.
- Création d’une « gold card » qui permet aux investisseurs (aka les riches), en échange de 5 millions de dollars, d’obtenir un titre de résidence permanente, voire un accès privilégié à la nationalité américaine. Pour citer un exemple, Donald Trump a évoqué les « oligarques russes ».
- Suspension du travail de l’agence de protection financière des consommateurs, chargée de lutter contre la fraude financière.
Le chamboule-tout diplomatique
- Revirement du soutien à l’Ukraine pour privilégier un axe États-Unis/Russie.
- Volonté d’annexer le Canada – Trump appelle désormais le premier ministre canadien « gouverneur Trudeau » – et le Groenland, de prendre le contrôle du canal du Panama.
- Plan pour faire de Gaza la « Côte d’Azur du Moyen-Orient », sans les Palestiniens.
- Sortie des États-Unis de l’OMS et de l’accord de Pairs sur le climat.
- Démantèlement de USAid, l’agence de développement américaine qui pèse pour près de 50% de l’aide humanitaire mondiale.
- Suspension des cyber-opérations contre la Russie pour les réorienter vers la Chine et l’Iran.
- Suppression de l’unité du FBI chargée de lutter contre l’ingérence électorale étrangère – et nomination d’un podcasteur complotiste au poste de numéro 2 du FBI.
- Donald Trump a mis fin par ordonnance au statut légal de plus de 500 000 migrants, leur donnant cinq semaines pour quitter le pays.
Donald Trump transforme tout ce qu’il touche en plomb. Son ambition est de détruire l’État américain pour ériger une nouvelle société. Des États-Unis « fascistes », où l’argent fait la loi. Y aura-t-il un héritage au trumpisme ? Ou ne restera-t-il que la désolation ? Avant d’avoir à répondre à ces questions, la société américaine doit résister. Le peut-elle seulement ?

Les Etats-Unis restent un Etat de droit, même sous l’administration Trump. il n’y a pas de menace fasciste, laquelle suppose le risque d’un changement de régime, d’une abolition de la constitution. Les Américains ont trop de respect pour la leur pour que cela se produise. Ils se contentent de l’amender au fil du temps sans toucher à ses articles fondamentaux, peu nombreux certes au regard des amendements, mais qui disent assez la volonté des Pères fondateurs de se garantir de la dictature.
L’administration Trump sera jugée au plus tard dans quatre ans, en novembre 2028. Elle devra rendre compte de son action devant le peuple. Peut-être avant si le Président des États-Unis a enfreint la loi en la guidant. Son comportement laisse penser qu’il en est capable. Pour autant ne lui faisons pas de procès d’intention. Simplement cessons de le regarder comme un allié fiable et un homme respectable. Il est indigne et incompétent.
Trump a commis la pire faute en matière de politique étrangère : abandonner un allié pris sous le feu ennemi. Ses rafales de décrets en matière de politique intérieure pèseront moins dans le jugement de l’histoire que cette forfaiture. Non seulement c’est une faute mais en plus c’est une bêtise : il fait mine de s’entendre avec l’agresseur. Quoi de plus vil, de plus misérable ? Trump a déjà rendu l’Amérique plus petite qu’elle n’a jamais été. Ce n’est pas Zelenski qui a été humilié dans le Bureau ovale, mais le peuple américain, qui ne méritait pas d’avoir un tel personnage au plus haut poste de l’exécutif.
Nous sommes entrés, de nouveau, dans un fascisme occidental, avec toute sa violence, actuelle et surtout à venir, ce n’est pas du futur, du conditionnel, de l’hypothèse, c’est fait, c’est là, déjà bien installé et puissant.
Désormais chacun son camp. Résistance et combat.
Comme dit l’autre , les montagnes russes ça le connait !