Contre le logement social : Macron a de la suite dans les idées

Cet après-midi, le Parlement va entendre une déclaration de politique générale qui ne saurait se réduire à la seule question de la suspension de la réforme des retraites pour 18 mois. Il sera aussi question de la politique du logement. Depuis des années, le président saborde ce qui reste du modèle social français.
En nommant Vincent Jeanbrun, Sébastien Lecornu poursuit la politique de destruction du logement social méthodiquement appliquée depuis 2017. Vincent Jeanbrun, député et ancien maire (LR) de L’Haÿ-les-Roses, coche toutes les cases du macronisme avancé : libéral, autoritaire et déjà sous le coup d’une enquête pour prise illégale d’intérêts. D’après Le Monde, il aurait attribué des logements publics à ses collaborateurs. L’État récompense la compétence, dit-on.
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Le ministre s’inscrit dans la droite ligne de son prédécesseur Renaissance Guillaume Kasbarian, auteur de la très contestée loi « antisquat » – un texte salué par les propriétaires, honni par les associations et même critiqué par les rapporteurs de l’ONU.
Vincent Jeanbrun ne fait pas non plus dans la nuance. Dans un rapport titré « Réparer les quartiers. Rétablir la République », il propose la fin du logement social à vie, la limitation du parc HLM à 30% par commune, la possibilité d’expulser sans juge et même la condition d’un casier judiciaire vierge de dix ans pour espérer un toit. Une sorte de permis de logement pour « honnêtes gens ».
Comme beaucoup avant lui, le nouveau ministre veut « faire de la France un pays de propriétaires » et pour cela faciliter la vente massive des logements sociaux à leurs occupants. On sait ce que cela a donné au Royaume-Uni : la vente du parc social a précipité des millions de personnes dans la précarité.
Au début des années 2010, 9% du budget des ménages était consacré au logement. C’est désormais près du quart. Dans le malaise sur le pouvoir d’achat qui se dégrade, il y a la part exponentielle du logement.
Souvenons-nous pourtant : en 2017, le jeune candidat Macron promettait que « plus personne ne dormirait à la rue d’ici la fin de l’année ». Sept ans plus tard, il n’y en a jamais eu autant. Et, dès son arrivée au pouvoir, il retira cinq euros d’APL. Une petite économie pour l’État, une grande claque pour les bailleurs sociaux qui ont dû compenser. Depuis 2017, chaque année, ils se sont appauvris de 1,3 milliards d’euros. Un manque à gagner qui a abîmé toujours plus leurs capacités. On construit un peu plus de 300 000 logements sociaux par an : c’est 25% de moins qu’avant 2020. Résultat : il manque après de 350 000 logements sociaux et moins d’un demandeur sur dix en obtient.
Ce n’est pas seulement une question de budget. C’est une idéologie. Celle qui veut faire des classes populaires des suspects permanents, des assistés à contrôler, des logements à rentabiliser. Emmanuel Macron ne fait que prolonger le dessein de Nicolas Sarkozy et de Christine Boutin : réduire le parc social et le restreindre aux plus pauvres.
Au début des années 2010, 9% du budget des ménages était consacré au logement. C’est désormais près du quart. Dans le malaise sur le pouvoir d’achat qui se dégrade, il y a la part exponentielle du logement. Il faut une politique exactement inverse de celle proposée par le nouveau ministre – qui n’a pas été choisi par hasard. De cette politique là aussi, il faut se démarquer. Cet après-midi, le premier ministre va faire une déclaration de politique générale. Elle ne se réduira pas à la question de la suspension de la réforme des retraites. Elle sera globale et cohérente. Elle doit être censurée.