Image

Victoire du RN aux européennes, dissolution, absence de majorité puis enfin censure du gouvernement. Analyse d’une crise profonde.

Cette fois, les dés en sont jetés. La crise qui s’approfondit marque l’agonie d’une méthode qui voulait faire croire que l’intelligence formelle d’un seul valait compétence politique. En réalité, elle a montré que l’habileté rhétorique du « et de droite et de gauche » n’était que le masque d’un vide incommensurable. Ce vide a eu un seul effet : il a plongé la gauche dans une minorité sans équivalent et il a poussé la droite de plus en plus vers sa droite. Le malheureux gouvernement Barnier en a fait la brève et triste expérience.


TOUS LES JOURS, RETROUVEZ L’ESSENTIEL DE L’ACTU POLITIQUE DANS NOTRE NEWSLETTER

👉 C’EST ICI ET C’EST GRATUIT


Il devait contenir l’extrême droite et la gauche en rapiéçant le costume défraîchi des Républicains et des macronistes. L’arrogance creuse des seconds et la rigidité des premiers n’a fait que raviver l’éternelle querelle des droites. Au détail près que les uns et les autres n’avaient plus pour les soutenir, ni la grande image du Général, ni l’utopie de ce Centre qui, au milieu des années 1970, prétendait regrouper « deux Français sur trois ».

Le roi est nu. L’incompréhensible dissolution de l’été dernier a avivé la crise et l’a diffusée dans tous les segments de l’espace politique institué, à l’exception – pour l’instant – de celui du Rassemblement national. Nous entrons dans une phase d’incertitude aggravée, sans boussole et sans pilote dans l’avion, sans horloge et sans direction. On ne fera ici aucun pari sur l’avenir, avec seulement une certitude et trois exigences.

Retrouver un lien renouvelé et égalitaire du social et du politique reste sans nul doute l’enjeu central de la période qui vient. Le temps de la crise sera celui de l’accélération. Mais la conjoncture heurtée ne devra pas faire oublier le temps long de l’unité dans le respect réciproque et, plus encore, celui du travail de refondation.

La certitude a souvent été énoncée dans les colonnes de Regards – voir ici ou . La droitisation en cours n’est pas celle de la société, mais celle du champ politique et la chance de la droite s’est trouvée d’abord dans les carences de la gauche. Ce sont les effets des échecs cumulés des gauches qui ont laissé le champ libre à la composante la plus radicale des droites.

De la certitude découlent les exigences. La faiblesse majeure de la gauche provint de la dissociation qui s’est établie peu à peu, autour des années 2000, entre la dynamique sociale et une dynamique politique dominée par l’alignement social-libéral des social-démocraties européennes. La combativité sociale s’est ainsi déconnectée de cette grande espérance égalitaire de la « Sociale » qui avait coloré la rencontre historique de la gauche et du mouvement ouvrier. Dès lors, la colère sociale a hésité entre la résignation et le ressentiment, l’abstention et la droite extrême.

Retrouver un lien renouvelé et égalitaire du social et du politique reste sans nul doute l’enjeu central de la période qui vient. Mais cela suppose réalisées deux exigences complémentaires : que la gauche apprenne à conjuguer durablement sa diversité et son unité ; qu’elle ait à nouveau autre chose dire que la liste nécessairement longue des critiques et la juxtaposition des propositions. Il lui faut à nouveau partager du projet – un récit de la société possible d’émancipation sobre – et énoncer une stratégie capable de rendre ce projet politiquement majoritaire désirable et convaincant dans la durée.

Le temps de la crise sera celui de l’accélération. Mais la conjoncture heurtée ne devra pas faire oublier le temps long de l’unité dans le respect réciproque et, plus encore, celui du travail de refondation. Il est seulement à souhaiter que les intérêts particuliers sauront alors s’effacer devant l’impérieuse construction d’une unité prolongée et d’un travail partagé encore inédits à ce jour.

Partager cet article

Actus récentes

Abonnez-vous
à notre NEWSLETTER
quotidienne et gratuite

2 commentaires

  1. gadjo44 le 4 décembre 2024 à 15:33

    refondation : souvent synonyme d’abandon par certains des accords signés : ex le programme du NFP ex la propositIon de Lucie Castets comme première ministre ETC
    suivez mon regard !

  2. Matron Lucien le 5 décembre 2024 à 09:29

    Ne pas oublier certains éléments : 1- Emmanuel Macron n’a pas été élu par adhésion à son programme mais pour faire barrage à l’extrême droite. Contrairement à ce qu’affirment les macronistes, il a été élu avec un soutien d’une grande partie des électeurs de l’actuel NFP. 2- La candidate macroniste a perdu les élections européennes. 3- Au 1er tour des législatives, une majorité d’électeurs a clairement exprimé son rejet de l’orientation macroniste soit en votant à droite, soit en votant à gauche. 4- Au 2ième tour, le front républicain a tout aussi clairement exprimé son rejet du programme du RN. Des députés de droite et du centre ont été élus avec des voix de gauche et vice versa. 5- Le déficit budgétaire relève de la seule responsabilité des gouvernements qui se sont succédés depuis des années, déficit aggravé par le quoi qu’il en coûte de Macron. 6- Le chaos politique actuel est dû au Président de la République qui a décidé la dissolution unilatéralement ( et contre certains de ses amis ! ). Ces éléments constituent une base d’explications de la situation actuelle.
    En complément, nous pourrions ajouter la radicalité du «  socle commun », voire son extrémisme idéologique sur la fiscalité, la dépense publique, le refus absolu de s’attaquer aux excès de la finance, sur la méthode de gouvernance verticale, sur son arrogance à l’égard des classes populaires et de ses représentants, etc…

Laissez un commentaire