Censure : François Bayrou facilite le choix des socialistes

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Par le grand flou de sa déclaration de politique générale, François Bayrou a probablement éteint les derniers questionnements socialistes sur la censure de jeudi.

Comme l’a justement noté le député communiste Stéphane Peu : “on s’attendait à rien, on est quand même déçu”. Tout ça pour ça, a-t-on envie d’ajouter.  Pour analyser ce discours de politique générale, vous avez deux styles de personnes : les thuriféraires qui s’attachent à décortiquer le style de l’agrégé de lettres et se pâment lorsqu’il cite La Fontaine ou compare les enfants à des poireaux. Et les précis qui veulent du fond, des objectifs chiffrés et des mots clairs. Autant vous dire que les seconds n’en ont pas eu pour leur argent tant le discours était flou et vide. Et on imagine que les premiers ont jubilé.

Mais rendons à César ce qui est à César : François Bayrou aura quand même réussi, en 1h30 de discours, à rapprocher la gauche. Le Nouveau Front populaire avait vu poindre, ces dernières semaines, des dissensions stratégiques sur la possibilité d’un compromis potentiel avec l’exécutif. Mais les insoumis n’auront probablement pas à dénoncer une forfaiture de leurs camarades socialistes : il est douteux qu’ils se vendent pour un plat de lentilles aussi radin (mission flash – conclave pour remettre sur le métier la réforme des retraites ? Franchement, cette manœuvre dilatoire ressemble à une blague).

Les mines et propos déconfits des députés socialistes juste après la prise de parole du premier ministre étaient éloquentes : même s’ils n’osaient frontalement l’avouer, ils se sentent floués. Le soir même, leurs co-négociateurs communistes et écologistes déposaient une motion de censure avec les insoumis. Si certains socialistes pensaient encore pouvoir braver l’ire numérique de Jean-Luc Melenchon en ne votant pas la censure jeudi parce que PS+PCF+EELV, ça pouvait faire nombre, là, il ne peut plus décemment être question.

Quelques éléments pourraient bien faire leur forte tête et s’abstenir jeudi, témoignant davantage de volonté d’organiser un rapport de force interne au PS, mais dans leur ensemble, les députés du parti d’Olivier Faure – qui se réunissent cette après-midi – devraient additionner leurs voix à celles des autres députés du NFP. Un non-vote de la censure serait d’ailleurs d’autant plus une position politique qu’il n’y a, jeudi, que très peu d’enjeux quant à la survie immédiate du gouvernement Bayrou : le Rassemblement national a annoncé ne pas la voter.

Le vrai enjeu, c’est le budget. Celui-ci doit recommencer sa navette parlementaire sous très peu pour être adopté ensuite dans des temps records au vu des circonstances (comme son nom l’indique, le budget 2025 engagent les finances publiques des le 1er janvier 2025…). Un problème d’emblée pour le NFP (PS compris !) : François Bayrou a annoncé que l’on repartirait de la copie sortie du Sénat, soit une version très droitisée et dont le volet recette a déjà été adopté… les débats vont donc reprendre au pas de course sur les dépenses et on ne voit pas comment l’extrême droite raciste, la droite néolibérale et la gauche pourraient réussir à aboutir à un texte qui évite les fourches caudines d’une censure – exactement comme en décembre pour Michel Barnier. Bref, on a besoin de faire de la politique – et pas qu’à l’Assemblee nationale où force est de constater que ça coince !

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