Censure : c’est l’histoire d’un mec…

Un mec qui s’appelle François et qui vient de faire une des blagues les moins drôles de la Cinquième République.
C’est l’histoire d’un mec. Un mec normal. Un mec qu’on croyait qu’il était démocrate et tout. Bah en fait non. Tu vois le genre, le type qui te regarde dans les yeux, la main sur le cœur, et qui dit : « Moi vivant, on touchera pas aux retraites sans repasser devant le Parlement ». Bah ouais et moi je suis Rosa Luxembourg ! Du coup, le mec devient premier ministre et paf, bye bye la promesse. À croire que Bayrou, il a confondu le Parlement avec les toilettes d’un TGV : t’y vas que quand t’as vraiment pas le choix.
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François, c’est le mec qui voulait être le sage de la République, la voix de la morale, le mec au-dessus de la mêlée. Tu parles. Ma mère me l’avait bien dit dès 2002 que ça n’allait pas le faire, ni à ce moment, ni après, ni jamais. Résultat : après six mois à Matignongnon qui ont paru six siècles, le voilà qui finit à plat ventre, version paillasson de Retailleau et du Medef. Chapeau l’artiste !
Bon mais y’en a des qui commencent à se réveiller. À voir qu’ils se sont fait eus. Les socialistes ont déposé une motion de censure. Yallah ! Après les communistes et les écolos… Faut croire que l’humiliation collective, ça soude un peu les rangs. Du coup, y’a Méluche qu’en peut plus sur Touittère : il croit que c’est le début de la révolution là. Il est marrant : on dirait même qui donne des conseils aux fachos pour les pousser à voter la censure, histoire de pas abandonner les travailleurs.
Ah bah oui passeque les nazillons, ils passent leur temps à gueuler contre la réforme, à dire qu’ils défendent les p’tits vieux, qu’ils sont contre l’arnaque je sais pas quoi… mais quand faut voter pour bloquer le truc, hop, ils regardent leurs pompes. Paraît qu’ils hésitent. Tu m’étonnes : on peut pas défendre la Sécu et faire ami-ami avec les patrons.
En plus, l’idée quand tu censures, c’est que tu te prépares à une dissolution. Et jusqu’à preuve du contraire, la Marine est i-né-li-gi-bl-e. Quand tu perds ton guide, dans un parti comme le leur, t’es perdu. D’autant que y’a pas consensus sur l’Obersturmführer qui doit la remplacer : le petit Jordan pour diriger la France, ça enchante moyen les troupes. Bref, y’a zizanie chez les amis de la patrie. Mais tu me diras, comme ça part aussi en sucette à gauche, les stratèges pourraient se dire que y’a moyen de plier le game quand même.
Sauf que, déso pas déso, pour les révolutionnaires du Palais Bourbon, la censure cette semaine, ça ne voudra pas forcément dire changement. OK le gouvernement est renversé mais derrière Macron peut le renommer direct. Le Général l’avait bien fait avec Pompidou. Mais surtout, il peut nommer Pierre, Paul, Jacques, une chaise ou sa belle-sœur, et ne pas convoquer de nouvelles législatives. C’est comme il veut. Hé oui c’est ça la Cinquième République.
Bref à part ça, tic tac tic tac. L’heure tourne a tourné. Bayrou a tombé le masque, le RN est au pied du mur et la gauche retrouve un peu de muscle. Ce vote, c’est pas juste un vote. C’est un test. Un révélateur. Une alarme. Et peut-être, qui sait, le début d’autre chose (ma mère y croit en tout cas). Parce que le combat des retraites, c’est pas fini. C’est comme dans les bons vieux sketchs : tant que le public est là, le spectacle continue.