Budget : Michel Barnier en sursis
Débats suspendus, vote repoussé en attendant un possible 49.3 : l’examen du budget couve la fièvre du gouvernement Barnier.
La discussion sur la partie recette du budget 2025 est donc suspendue. Commence l’examen du volet recettes du projet de loi de finance de la Sécurité sociale, le PLFSS. Cette semaine passée dans l’hémicycle et celle qui s’ouvre sont des jalons dans la reconstruction d’un débat politique confisqué en juin dernier.
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La dissolution avait pris tout le monde par surprise ; les alliances se sont scellées dans l’urgence. Les projets aussi. La question qui a dominé cette période folle fut celle de l’accès au pouvoir du Rassemblement national. Cette discussion sur le budget de l’État et celle sur la Sécurité sociale permet d’aller plus loin et de commencer à identifier des cohérences. Une séquence d’éducation populaire et de politisation à grande échelle a lieu, malgré le brouillage sur fond de petites anecdotes sur les trahisons, les bras d’honneur et l’absentéisme.
Ainsi, la fracture au sein du très mal nommé « socle » central n’apparaît pas de circonstance. Parce que des alternatives au projet de budget présenté par Michel Barnier étaient discutées et votées en commission et dans l’hémicycle, il devient limpide que les macronistes restent attachés comme à la prunelle de leurs yeux à la « politique de l’offre » qui pourtant a échoué, partout et toujours. Elle se traduit présentement par un déficit des comptes publics, un déficit du commerce extérieur, une stagnation de la productivité du travail, une augmentation des inégalités et de la pauvreté. La baisse du taux de chômage se fait au prix d’une forte dégradation des protections sociales et des conditions de travail. Et pourtant, selon leurs leaders, il importe de ne surtout pas « appauvrir les milliardaires » comme le défend Éric Woerth à l’Assemblée. C’est dit et c’est compris.
Une crise politique majeure guette. Quelle sera l’alternative ? La seule alliance qui se montre solide, stable et cohérente est celle du Nouveau Front populaire.
La droite, elle, n’a comme boussole que « l’ordre, dans la rue et dans les comptes ». C’était son slogan en 2022 avec le succès que l’on sait (moins de 5% pour Valérie Pécresse). Ça ne vise toujours pas plus loin aujourd’hui. Du coup, la proposition de budget de Michel Barnier apparaît pour ce qu’elle est : un jeu de rapine qui ne propose en aucune façon une politique. Il ne fait pas de l’absence d’impôts et de taxes une religion, mais il les étale sur le plus grand nombre – les retraités, les malades, les fonctionnaires, etc. Il n’est pas près de convaincre le pays.
Le MoDem, lui-même, se fait entendre. Lui qui est le porteur historique du « et de droite et de gauche », au nom de l’alliance des bonnes volontés, manifeste son malaise devant des politiques si foncièrement injustes et clivantes. Il n’y a pas davantage de « socle commun » que de « centre ». L’exposition crue des dissensions entre variantes de droite montre l’inanité du mécano Macron. Une crise politique majeure guette.
Quelle sera l’alternative ? Se présenter comme une relève possible est tout l’enjeu des députés RN. Ils n’ont pas fait montre de cohérence et de solidité. Après avoir voté des amendements en commission puis contre le projet global, ils s’abstiennent dans l’hémicycle. En fait, ils ne sont pas intéressés par ces débats. Ils envoient des messages contradictoires. Ils ratissent. Ont-ils convaincu ?
La seule alliance qui se montre solide, stable et cohérente est celle du Nouveau Front populaire. Ses députés démontrent au moins trois choses : il y a de l’argent en France et donc des choix sont possibles ; les Mozart de la finance sont de piètres virtuoses et le procès en dépenses inconsidérées ne sont pas à gauche ; le NFP peut réunir des majorités sur ses propositions qui correspondent aux attentes des Français. Cela fait de solides arguments pour la suite.