Aucun cadeau au RN

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Dans l’entre-deux-tours, il n’y aura pas à tortiller. Le devoir ultime, celui qui passera avant toute autre considération, est d’une simplicité absolue : faire barrage à l’extrême droite.

L’apprenti sorcier de l’Élysée nous a placés dans une situation d’une gravité extrême. Pour la première fois depuis l’écrasement des fascismes, une formation politique d’extrême droite peut en France prendre la direction d’un gouvernement.

Une part des élites s’est d’ores et déjà ralliée à cette éventualité – ou s’apprête tranquillement à le faire. D’autres, somnambules irresponsables, feignent encore de croire qu’il n’y a pas qu’un danger pour la République, mais deux, ces deux « extrêmes » dont on finit par se demander si le plus redoutable n’est pas l’autre, celui venu de la gauche. Encore et toujours, sournoise ou explicite, chemine la vieille taupe du « Plutôt Hitler que le Front populaire ».

Il se dit parfois à gauche, au plus haut niveau, que le pire est déjà derrière nous et que, somme toute, le triomphe du couple Bardella-Le Pen ne serait que du Macron aggravé. Quelle que soit la responsabilité écrasante du Président en exercice dans la situation inextricable à laquelle nous sommes parvenus, rien n’est plus calamiteux que l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite. Ce n’est pas seulement une détérioration de l’existant qu’elle apporterait, mais une rupture dans une histoire démocratique pluriséculaire. Banaliser la gravité de cette rupture c’est, même sans le vouloir, contribuer à dédiaboliser un peu plus le Rassemblement national.

S’il en est à droite qui jouent aujourd’hui à la dénonciation équivalente des « deux dangers », la gauche ne doit en aucun cas leur rendre la pareille. Les 30 juin et 7 juillet, on peut certes vouloir sanctionner celles et ceux qui ont failli, mais le devoir ultime, celui qui passera avant toute autre considération, est d’une simplicité absolue : faire barrage à l’extrême droite.

Le premier tour va avoir pour fonction de dire, dans chaque circonscription, quelle est la candidature la mieux à même de consolider la digue nécessaire. Mais au second, il ne pourra y avoir aucune hésitation, ni du côté gauche, ni du côté droit. La triangulaire est a priori un cadeau fastueux pour un RN qui devrait, hélas, être trop souvent en tête au soir du 30 juin. On ne peut donc accepter le moindre risque d’une candidature qui, au nom d’on ne sait quelle clarification, aboutirait inéluctablement à la promotion de l’inacceptable au tour décisif.

Ce fut la force de la Résistance française que de rassembler, dans l’élan salvateur du Conseil national de la Résistance, celles et ceux qui a priori n’avaient rien à faire ensemble. Il conviendra d’en faire de même, le temps d’un entre-deux-tours. D’ici là, il reste à choisir l’option la plus dynamique pour éviter le pire et pour retrouver cet esprit de confiance et d’espérance sans lesquelles la République est vouée à la ruine. 

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5 commentaires

  1. Magnus le 25 juin 2024 à 15:39

    « D’ici là, il reste à choisir l’option la plus dynamique pour éviter le pire et pour retrouver cet esprit de confiance et d’espérance sans lesquelles la République est vouée à la ruine. »

    En effet, pour moi ça consiste à voter la lutte ouvrière au premier tour, sauf si le candidat ps qui est investi pour le nfp là où je vote à une chance réaliste d’arriver au second tour et gagner.

  2. Magnus le 25 juin 2024 à 15:57

    Sinon, contrairement à Martelli et regards d’après ce que j’ai compris, je ne désespère pas tout à fait encore d’une majorité nfp malgré le macabre cirque où entre autres regards participe pour empêcher le nfp d’obtenir une majorité, car malgré ce cirque le rn est quand même assez bas, voir peut-être même surévalué pour ces élections inédites.

  3. Frédéric Normand le 25 juin 2024 à 16:53

    Faire peur aux Français : un classique des campagnes électorales auquel Roger Martelli apporte sa touche personnelle en convoquant l’histoire. Ou plutôt une lecture de l’histoire qui doit plus à ses convictions qu’à sa compétence. Il dégaine la sempiternelle reductio ad Hitlerum comme artifice rhétorique, les heures les plus sombres, la gloire résistancialiste et le retour au CNR. Est-il si bien placé pour donner des leçons de civisme ? Agiter le chiffon brun comme d’autres le chiffon rouge, c’est toujours un chiffon qu’on agite, un procédé sommaire qui n’élève en rien le débat.

    Du temps de son militantisme au sein du PCF, en particulier au Comité central dont il fut membre de 1982 à 2000, il disposait de quoi être au fait des valeurs républicaines en URSS, dont son parti approuvait le régime : il avait été fondé pour les implanter en France.

    Un parti engage sa responsabilité politique et morale dans ce qu’il fait et dit. Un militant en y adhérant engage la sienne. A son niveau d’intelligence, Roger Martelli ne peut avancer l’argument de l’ignorance. Il savait. Il savait que les méthodes et principes de gouvernement de Leonid Brejnev n’ont rien à envier à celles de Benito Mussolini. Les leçons d’antifascisme qu’il donne aujourd’hui en faisant mine de se draper dans sa stature d’historien sont indécentes.

    Les responsabilités dans l’ascension du nazisme ? le KPD, ancêtre du DKP actuel, y a la sienne : il ne cessait de combattre prioritairement le SPD, les sociaux-traitres, les sociaux-fascistes selon ses termes, tout en ménageant le NSDAP.

    La Résistance ? Le PCF n’y entra en tant que parti qu’en 1941. Entre le 23 août 1939 et le 22 juin 1941, il était collaborateur, à l’image de l’URSS, alliée de l’Allemagne. Pendant la Drôle de guerre plusieurs de ses militants furent fusillés pour actes de sabotage dans des usines d’armement. Les équilibres nécessaires au tripartisme de 1944-47 lui donnèrent une virginité politique, soit, mais son vrai rôle, où les pages noires côtoient les pages héroïques, ne doit pas être travesti.

  4. HLB le 26 juin 2024 à 13:12

    On a un peu l’impression que l’histoire se répète, surtout depuis 2002. En période non électorale, chacun tire la couverture à soi, au point, pour la plupart, de délaisser le Peuple, pour des logiques d’appareils. Alors qu’à la base, beaucoup ne manquent pas d’alerter les « instances supérieures » sur le fossé qui se creuse entre base et sommet, puisque les partis refusent le principe d’horizontalité de la 6ème République, et fonctionnent systématiquement de façon verticale.
    Pendant ces batailles d’influence, d’autres (RN, Reconquête) tissent tranquillement leur toile et saisissent toutes les opportunités, dont celle de la dissolution, pour étaler leurs « solutions ».
    Du coup, on se retrouve dans l’urgence du moment. Et tous ceux qui, à gauche, éludent sempiternellement le débat, sautent sur l’occasion pour dire: « on n’a plus de temps pour les discussions de fond, l’urgence est de faire barrage ». Martelli fait partie de ceux-là qui, de fait, relèguent les militant(e)s de terrain à de simples petites mains, avec bras et jambes, mais sans cervelle, priées d’assurer collages, distributions…. Sans jamais pouvoir vraiment donner leur opinion sur la stratégie.
    C’EST QUAND, LE MOMENT, POUR AVOIR NOTRE MOT à DIRE, NOUS LES RIENS ??

    • Magnus le 26 juin 2024 à 17:49

      « La changement, c’est maintenant » 😉 il est vrai que c’est un peu traiter les gens de cons d’investir Hollande, cet ancien ministre macroniste et d’autres…

      Le ps le sait bien sûr. Il compte sur ce que ça va faire abstenir des couches « indésirables » dans cet élection…

      C’est en effet un cirque macabre, un jeu politique macabre…

      J’ai cependant toujours plutôt confiance à Mélenchon pour faire le nécessaire pour que les choses ne se passent pas comme le veut le cerveau du ps…

      Enfin je dis ps, mais ça concerne aussi eelv, …

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