Qu’est-ce qui fait danser les macronistes ? L’extrême droite à 41%

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Les images sont là. Pour l’Histoire. Des ministres qui jubilent, qui dansent au Champ-de-Mars, sans la moindre humilité, alors que Marine Le Pen vient de faire un score tant inédit qu’inquiétant. Ainsi commence le second quinquennat d’Emmanuel Macron.

Nous sommes le lundi 25 avril 2022 et, hier, Emmanuel Macron a été réélu président de la République avec 58,54% des suffrages exprimés. C’est moins bien qu’en 2017 où il avait obtenu 66,10%. C’est même le pire score de la Cinquième République après l’élection de Pompidou en 1969 (58,21% des suffrages, 37,51% des inscrits).

 

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### interlude historique ###

On compare volontiers le scrutin d’hier et celui de juin 1969, qui fait suite à la démission brutale du général De Gaulle. Ils ont effectivement trois points communs : la gauche est absente du second tour, le communiste Jacques Duclos ayant manqué la seconde place de 460.000 voix ; l’abstention a été très forte les deux fois (31,1% en 1969 pour 28% en 2022) ; Georges Pompidou est élu avec 37,5% des inscrits contre 38,5% pour Emmanuel Macron.

La comparaison s’arrête là. En 1969, la compétition est entre le représentant du gaullisme (l’ancien Premier ministre Pompidou) et Alain Poher, président du Sénat, qui appartient à un centre en train de se droitiser de façon accélérée. Le PCF, qui est alors la première force à gauche, appelle ouvertement à l’abstention, refusant de choisir entre deux fractions de la droite. Duclos use à l’époque d’une formule qui fait mouche : Pompidou et Poher, c’est « blanc bonnet et bonnet blanc ».

Malgré l’importance de l’abstention, le mot d’ordre n’est que partiellement suivi par son électorat. Pour la plus grande part de la gauche, le plus important est de chasser le gaullisme du pouvoir. Elle choisit donc de voter Poher pour ne pas avoir Pompidou. Mais les deux hommes appartiennent à la droite classique. En 1969, l’extrême droite est hors-course : il faudra attendre 1974 pour voir apparaître la candidature d’un certain Jean-Marie Le Pen, qui obtient alors le score faramineux de… 0,6% !

### fin de l’interlude ###

Mais de tout ça, les macronistes n’en ont cure. L’heure est à la fête !

Après cette élection présidentielle, tel est l’état du pays : Emmanuel Macron perd près de deux millions de voix par rapport à 2017 quand Marine Le Pen progresse de 2,6 millions ; l’abstention atteint des sommets que l’on n’avait pas connus depuis 50 ans ; plus d’un tiers du corps électoral[[L’abstention, les votes blancs et nuls représentent 34,20% des inscrits. Ce chiffre était déjà à 34% en 2017.]] refuse, comme en 2017, le duel Macron-Le Pen. De plus, selon les instituts de sondage, environ 45% des électeurs d’Emmanuel Macron de ce dimanche 24 n’ont voté pour lui que pour faire barrage à l’extrême droite.

Une fois n’est pas coutume, citons Rachida Dati qui, hier soir sur BFMTV, lâchait : « On a pratiquement la moitié de la France qui a voté pour l’extrême droite, faut quand même être conscients de ça. »

Mais Jean-Yves Le Drian parle de « grande satisfaction », Clément Beaune évoque une « victoire nette », Éric Dupond-Moretti « savoure » cette « large » victoire. Quant à Richard Ferrand, il jubile : « Le score d’Emmanuel Macron est inédit par son ampleur. Si l’on excepte Chirac face à Le Pen en 2002, jamais un Président n’avait été réélu avec un tel score. » Tout est dans le « réélu ». Car jamais un homme de moins de 45 ans n’avait été élu avec un tel score. Jamais un Amiénois n’avait été élu avec un tel score. Etc., etc.

Mais chez les macronistes, la fête est déjà finie. Et ce lundi matin, les ministres du Travail et de l’Économie se font déjà plaisir sur la réforme des retraites et parlent de… 49.3. Et bon deuxième quinquennat Macron à tous !

 

Loïc Le Clerc

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