Mais pour qui Fabien Roussel roule-t-il ?
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Camarade Mélenchon ?
– Présent.
Camarade Faure ?
– Présent.
Camarade Bayou ?
– Présent.
Camarade Roussel ?
Camarade Roussel ?
Bon… Camarade Roussel absent. Encore absent. Toujours absent.
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Mais à quoi joue Fabien Roussel, le secrétaire national du PCF ? Pour qui roule Fabien Roussel ? Souvenez-vous, le jour du lancement de la NUPES le 7 mai dernier, l’image était incroyable, impensable quelques jours avant. Toute la gauche et les écologistes étaient rassemblés à Aubervilliers. Discours de Mélenchon, de Faure, de Bayou. Discours de Roussel aussi. Discours de Roussel sauf que dès après, il quittait l’estrade historique pour aller marier des amis à lui dans le Nord, avait-il promis. La photo tant attendue des quatre chefs de parti n’arrivera pas. Roussel boude. Se démarque. Et fait bande à part.
Depuis, le numéro 1 du PCF n’apparaît dans aucun cadre collectif de la NUPES. Absent des grands rendez-vous, absent des grands meetings, absent aussi des conférences de presse. C’est Ian Brossat, l’adjoint communiste à la maire de Paris, qui le remplace dans chacun des événements NUPES et dans les médias. Remarquez, ça n’est peut-être pas plus mal. L’élu parisien est loyal à la NUPES, le verbe haut et les phrases ciselées. Loyal… tout ce que n’est pas Fabien Roussel dans cette campagne inédite et pourtant porteuse d’espoir pour toute la gauche. Il ne rate pas une occasion pour mettre des bâtons dans les roues, non pas de la NUPES il est vrai – c’est sans doute en partie grâce à elle qu’il devrait regagner son siège de député –, mais à Jean-Luc Mélenchon, devenu sa principale cible.
Sur le nucléaire, les pratiques alimentaires, Taha Bouhafs, la police : dès qu’il peut, il ne manque pas une occasion pour se démarquer de Mélenchon. Il veut apparaître comme une personnalité raisonnable, presque consensuelle, aux yeux non pas de la gauche mais de l’ensemble de la classe politique. Ça ne paye pas vraiment à gauche. Mais à droite, si. Les Gérald Darmanin, Jean-Michel Blanquer et autres Marlène Schiappa n’ont pas de mots assez doux pour vanter ses qualités. Jusqu’à la Première ministre, Élisabeth Borne, qui appelle à voter pour lui, qui se retrouve en difficulté face à un candidat du Rassemblement national. Ce qu’elle n’aurait pas fait si ça avait été un candidat insoumis parce que, vous savez, les insoumis mangent les enfants.
Alors pour qui roule Roussel ? Pour lui. Roussel croit dans ses chances. Il croit surtout et toujours dans la capacité du PCF, centenaire, de redevenir une force centrale à gauche. Il veut un PCF indépendant. Autonome. Et le cadre de la NUPES ne lui laisse que trop peu d’espace pour défendre ses idées et sa stratégie : la stratégie identitaire. Celle pour laquelle les communistes l’ont conduit à la tête du parti. Roussel a fait 2,3% à la présidentielle. Sans la NUPES, le groupe communiste à l’Assemblée nationale n’aurait été qu’un lointain souvenir. Avec la NUPES, il devrait pouvoir préserver ce groupe. Mais Roussel s’en fout, c’est sa réélection qui l’importe coûte que coûte. Pas très reconnaissant, le camarade Roussel. Rancunier et revanchard aussi. Au point de claquer la porte de la NUPES dimanche soir ? Pas improbable. Quitte à fracturer et à morceler plus encore la famille communiste.