LR/Ensemble : l’amour flou

article_pol-3.png

Chaque jour, retrouvez #LaMinutePolitique de Pierre Jacquemain.

 

La politique est souvent une affaire de symbole. À gauche, on a trop longtemps joué sur la singularité des sensibilités, des histoires et des cultures politiques pour justifier l’absence d’accord. À droite, on est habituellement plus habile. Elle a souvent su construire des majorités pour gouverner. Emmanuel Macron, lui, a inventé le en même temps. Un en même temps qui n’aura duré… qu’un temps. Et on cherche encore les traces d’une politique de gauche dans le quinquennat qui vient de s’achever.

 

LIRE AUSSI SUR REGARDS.FR
>>
Nouvelle élection, nouvelle donne politique

 

Il fut une époque où la social-démocratie dominait la gauche sur ses petits camarades de la gauche de gauche, les communistes.

Il fut une même époque ou la droite du RPR dominait les centristes de l’UDF. Un demi-siècle de rapports de force qui resteront à peu près inchangés. Aujourd’hui, on assiste à la revanche des ex. La gauche de gauche devenue Union populaire a écrasé la social-démocratie, réduite à peau de chagrin et l’UDF, devenue peu ou prou Ensemble – la coalition de la majorité présidentielle – qui réussit à faire main basse sur la droite, à commencer par les LR à la recherche d’une ligne politique. Une droite habile disais-je…

Habile… mais comme je le disais, la politique est aussi une affaire de symbole. Et de rapports de force. Les Républicains veulent se distinguer de la majorité présidentielle mais la situation politique les oblige à s’interroger. À se positionner. Et à clarifier leur ligne politique. Déjà sous le quinquennat précédent, ils avaient voté près de la moitié des textes proposés par La République en Marche. Et aujourd’hui, alors qu’Emmanuel Macron et Elisabeth Borne – qui a remis sa démission au président mais qui l’a refusé – cherchent une force d’appoint pour obtenir une majorité et gouverner, c’est vers les Républicains et les UDI qu’il devrait naturellement se tourner.

Alors j’ai joué pour vous au jeu des sept différences. J’ai bien cherché et à par les postures politiques, je ne vois rien qui empêche fondamentalement la grande famille de la droite et du centre de se réunir. Les cartes qui composent les programmes de la majorité présidentielle de celles de Républicains ne se distinguent qu’à la marge. D’accord pour baisser les dépenses publiques ; d’accord pour réformer la retraite : de la porter à 65 ans et d’intégrer des critères de pénibilité. La seule différence : c’est le montant minimum de la retraite. 130€ séparent les deux offres. D’accord sur les objectifs de croissance économique ; D’accord aussi sur le nucléaire partant du même constat que la transition énergétique ne peut pas se faire au détriment de la croissance économique. D’accord sur les objectifs de sécurité : plus de policiers, nous disent les deux familles politiques. Ils sont même d’accord sur la redevance télé qu’ils veulent supprimer.

À ce stade, le seul argument des LR pour justifier un désaccord avec Macron c’est qu’il n’aurait pas fait ce qu’il avait dit qu’il ferait. Un peu court comme argument. De quoi fâcher plus encore son électorat qui a déjà largement rejoint les rangs de la macronie. Les LR sont donc condamnés à prendre leurs responsabilités. Mais le quinquennat reste le quinquennat. Cinq ans c’est court. Et les LR sont visiblement loin, très loin des préoccupations immédiates. Ils pensent déjà à 2027. Jean-François Copé a la solution : il propose que Les Républicains construisent une majorité avec Emmanuel Macron pendant trois ou quatre ans. Et à la quatrième année, un an avant la présidentielle, ils trouveraient un argument pour quitter le gouvernement. La tactique est un peu hasardeuse. Une autre option qui se dessine : les LR surjouent l’opposition et ils pourraient à ce point la surjouer que c’est la ligne Wauquiez, plus national-identitaire, une ligne d’union des droites et des droites extrêmes, voire d’extrême droite, qui pourrait l’emporter. Du RPR à l’UMP, les Républicains jouent aujourd’hui plus que jamais leur unité, voire leur survie.

 

Pierre Jacquemain

Partager cet article

Actus récentes

Abonnez-vous
à notre NEWSLETTER
quotidienne et gratuite

Laissez un commentaire