« Le problème du Puy du Fou n’est pas le divertissement mais le discours politique derrière »

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Le Puy du Fou serait un Puy du faux qui déformerait l’histoire à des fins politiques, notamment sous la coupe de Philippe de Villiers. Telle est la thèse des historiens Mathilde Larrère, Florent Besson, Guillaume Lancereau et Pauline Ducret dans leur dernier ouvrage aux éditions Les Arènes « Le Puy du Faux ». Les deux derniers sont les invités de la Midinale.

UNE MIDINALE À VOIR…

 

ET À LIRE…

Sur la genèse du Puy du Fou
« Il y a une volonté affichée par Philippe de Villiers, l’homme qui a créé le parc mais qui est aussi l’auteur tous les scénarios de tous les spectacle, de faire de l’histoire et surtout de la réviser : il dit avoir créé la Cinéscenie en 1977 pour donner sa vision du génocide vendéen. »
« L’idée fondatrice du Puy du Fou, c’est un discours politique sur l’histoire donc non, ce n’est pas que du divertissement. »

Sur l’enjeu de l’ouvrage « Le Puy du Faux »
« Le but fondamental de notre livre, ce n’est pas de faire du fact-checking, de corriger au stylo rouge la mauvaise copie d’un-e mauvais-e élève. »
« L’enjeu pour nous était d’aller au-delà des erreurs factuelles du parc pour montrer tout ce qu’il charriait idéologiquement en terme d’images du passé à des fins politiques. Cela dépasse donc largement la question du vrai et du faux, du réel ou de l’imaginaire. »

Sur les enjeux politiques du Puy du Fou
« Au Puy du Fou, sont présentées presque 2000 ans d’histoire. Mais ce qui ne bouge pas, ce sont des valeurs qui seraient à la base de la société française : des valeurs chrétiennes d’une France rurale immuable, où les petits paysans restent toujours à leur place, des valeurs extrêmement aristocratiques… Toutes ces valeurs sont très anti-républicaines : dès qu’on s’approche de la période de la République, on tape bien fort dessus. »

Sur le roman national
« On a tendance à associer le roman national à la Troisième République avec un discours de responsabilité politique et éducative, notamment par le fameux manuel d’Ernest Lavisse qui propose une vision fantasmée et surtout apaisée de l’histoire de France. »
« Il y a un projet de cohésion nationale des Français autour de grands événements et de grandes figures – toujours des hommes – qui contribueraient à la gloire de la patrie, en lissant les dissensions, les divergences et les oppositions de classes. »
« Le roman national n’existe pas sans appui de l’Etat. »
« L’histoire proposée au Puy du Fou n’est jamais remise en question. »
« L’histoire, c’est de la curiosité, une capacité à entendre des choses nouvelles, à découvrir des périodes anciennes qui sont différentes avec des manières de penser différentes : faire de l’histoire, c’est la découverte de l’altérité. »

Sur le rapport du Puy du Fou à l’histoire de la Vendée
« Le seul ancrage territorial du Puy du Fou, c’est celui des guerres de Vendée mais une des particularités de la commune des Epesses, c’est qu’il ne s’y est rien passé de réellement marquant. »
« Le Puy du Fou a aussi réussi à créer une sorte d’attachement à l’histoire vendéenne. »

Sur le caractère spectaculaire de ce qui est présenté au Puy du Fou
« Quand on y allé, il met arrivé d’oublier mon esprit critique derrière des wow. »
« Il y a plein de petits détails dont des spectateurs avertis voient la grossièreté : quand on voit des Gaulois hirsutes au IIIe siècle après JC qui sont chrétiens, il y a un moment où n’importe qui peut se dire que ça ne marche pas. Mais comme c’est un discours hyper récurrent, je vois difficilement comment on peut en sortir sans avoir été quelque part pénétré par quelque chose. »
« Sur certaines périodes historiques que je maitrise moins, j’ai eu des doutes, voire il y a des choses que je n’ai surement pas vues et pourtant, cela va être ancré dans ma tête. »
« On est allé voir les commentaires sur TripAdvisor et on a vu que les gens n’étaient pas dupes : il y avait des critiques claires de la portée idéologique du spectacle. »

Sur le rapport des historiens au divertissement
« Dire que le divertissement devrait sous la coupe des universitaires ou des chercheurs serait une aberration. »
« Le problème, ce n’est pas le divertissement, c’est le discours politique derrière. »
« Nous ne sommes des censeurs mais on a voulu : attention, lorsqu’on a un discours politique aussi puissant et aussi cohérent, il faut que les gens le sachent. »

Sur le rapport des politiques à l’histoire
« Les Etats, les puissants, les partis ont toujours eu recours à l’histoire pour sa force mobilisatrice et sa portée politique. »
« L’histoire racontée au Puy du Fou n’est pas l’histoire d’Eric Zemmour. »

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