« L’auto-organisation des supporters de Liverpool a permis d’éviter la catastrophe »
Au lendemain de la finale de la Ligue des Champions entre les équipes de Liverpool et du Real Madrid, dont l’organisation catastrophique a été le cadre de violences policières, nous nous avons discuté dans #LaMidinale avec Ronan Evain, directeur général de l’association Football Supporters Europe (FSE).
UNE MIDINALE À VOIR…
ET À LIRE…
Sur les événements sportifs du weekend
« La vérité n’est ni dans la présentation qu’en fait le gouvernement, ni dans l’analyse qu’en fait l’extrême droite ni même dans celle que fait une partie de l’extrême gauche. »
« La France a un problème avec ses supporters. »
« La récupération politique des événements du Stade de France est d’un ridicule sans nom parce qu’ils ne se sont jamais intéressés aux droits des supporters. »
« Les supporters ont connu des restrictions inimaginables comme des restrictions de libertés : de circuler, d’association ou d’expression. »
« On n’a jamais véritablement eu de soutien politique des forces qui s’expriment aujourd’hui. »
« C’est un jeu de dupe. »
« Le gouvernement raconte n’importe quoi pour sauver la face. »
« Le gouvernement est loin de la réalité des faits. »
« Dire qu’il y a eu 30 à 40.000 faux billets est complètement délirant. »
Sur les principaux dysfonctionnements
« La responsabilité est complexe parce qu’il y a plusieurs acteurs : l’Etat via la Préfecture de police. L’UEFA, la FFF, le consortium du Stade de France. »
« La création d’une enquête parlementaire a tout son sens. »
« Ce qui fait dérailler l’organisation, c’est une erreur majeure d’aiguillage des supporters de Liverpool qui ont fait exactement ce qu’on leur a demandé de faire. »
« L’histoire des faux billets n’est pas juste : on n’est loin d’une production à l’échelle industrielle de faux billets pour pouvoir rentrer dans le stade de France. »
« Tout le dispositif était monté pour répondre à une menace qui n’existait pas : la réalité des supporters de Liverpool n’a rien à voir avec celle d’hier. »
« Le gouvernement réagit à propos des supporters de Liverpool avec des représentations qui datent d’il y a 40 ans. »
Sur les supporters
« Il n’y a pas vraiment de service d’ordre au sens propre, en revanche il y a une culture du supportérisme à Liverpool qui est très spécifique et qui est marquée par les catastrophes des années 80. »
« Quand les milliers de supporters britanniques se sont retrouvés bloqués, il y a eu une culture de l’autogestion assez incroyable. Il y avait surtout des gens capables de calmer les choses. »
« Il y a une conscience très forte à Liverpool que la foule représente un danger. »
« L’auto-organisation des supporters de Liverpool nous a permis d’éviter la catastrophe. »
Sur la différence entre les supporters du réal Madrid et de Liverpool
« Les supporters du réal sont venus au Stade de France par la ligne 13 qui n’était impacté par la grève. Et la fan zone du réal était à une vingtaine de minutes à pied du stade. Contrairement à celle de Liverpool qui était à Nation ».
« Sur la perception des supporters par la police. Les supporters du réal étaient perçu -à raison- comme appartenant à la classe moyenne élevée. Alors que les supporters de Liverpool eux sont perçus comme appartenant à la classe populaire ou moyenne. Aussi, les supporters du réal ne sont pas vus comme de dangereux hooligans ».
« Le fait que le préfiltrage ayant sauté, se trouvait côté Liverpool explique que les gamins qui se sont infiltrés -car la majorité étaient très jeunes- l’ont fait côté Liverpool ».
Sur la considération du droit des supporters par les pouvoirs publics
« Il y a un problème franco-français sur cette question. On continue à utiliser des méthodes qui ne marchent pas notamment au Stade de France, où ce genre d’incident, dû à la mobilité autour du stade se répète ».
« La façon de sécuriser ces événements repose sur l’usage rapide et violent de la force. Par le gaz lacrymogène, ce qui n’est pas spécifique au foot d’ailleurs. Mais, est nié aux supporters leurs droits fondamentaux. Nous sommes parfois empêchés de nous déplacer sur le territoire ».
« L’euro 2016 c’était plutôt mal passé, même s’il n’y a pas eu de mort. Enfin c’est incroyable que le principal argument du ministre soit dire qu’un événement s’est bien passé car il n’y a pas eu de morts ».
« Je suis persuadé qu’une grande partie des risques que l’on a vu samedi, étaient des risques identifiés par la police britannique. Dans ce cas, elles communiquent ces informations aux organisateurs de l’événement, qui ont eux ont donc fait le choix de les ignorer et de s’appuyer sur leur propre méthode ».
« Il faut maintenant savoir ce qu’il s’est passé. À part une mission d’enquête parlementaire, je vois mal comment la préfecture de police peut être mise face à ses responsabilités ».