Face à l’extrême droite, la Macronie invente le barrage « au cas par cas »

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Il y aurait donc des circonstances permettant de ne pas faire barrage au Rassemblement national. Certains marcheurs appellent même à voter blanc face à Marine Le Pen…

Les macronistes ont-ils besoin d’aide pour savoir si, oui ou non, il faut voter contre l’extrême droite ? La question se pose, en ce lendemain de premier tour des élections législatives. La gauche, rassemblée sous le drapeau de la NUPES, et la majorité présidentielle, coalisée sous la bannière Ensemble, sortent de cette élection au coude à coude avec un peu plus de 25% des voix chacune. Mais avec 18% des suffrages, l’extrême droite de Marine Le Pen se maintient dans la bagarre : près de soixante duel RN-NUPES auront lieu dimanche prochain.

 

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La situation deviendrait presque cocasse s’il n’était pas question de fascisme en puissance. Il y a quelques semaines à peine, la Macronie faisait la leçon à la France entière pour que le barrage s’organise face à Marine Le Pen. Aucune ambiguïté, aucune eau tiède n’était tolérée. Mais le front républicain, ça n’a l’air d’être que pour eux.

Car ce dimanche 12 juin, le parti présidentiel a fait savoir à l’AFP qu’en cas de duel entre la NUPES et le RN, LREM ne donnera pas de consigne nationale mais se positionnera « au cas par cas ». Car, voyez-vous, il est des cas où l’extrême droite, c’est pas grave. La porte-parole du gouvernement, Olivia Gregoire, justifie une telle position parce que ces législatives seraient une histoire de « débats locaux, pas un enjeu national ». Agnès Pannier-Runacher, la ministre de la Transition énergétique, a bien compris le message et refuse de trancher « entre extrême droite et extrême gauche ». L’ex-ministre des Sports, Roxana Maracineanu, s’illustre, elle, en appelant à « faire barrage à l’extrême gauche », de concert avec la ministre de la Transition écologique Amélie de Montchalin qui s’en prend aux « anarchistes d’extrême-gauche ». À savoir qu’elle est opposée au second tour au socialiste Jérôme Guedj…

Après la confusion, l’incohérence et la méconnaissance politique – l’éternel mépris macroniste en fait –, la palme revient finalement à Alexandrine Pintus. Éliminée au premier tour dans la onzième circonscription du Pas-de-Calais, voilà sa position : entre Marine Le Pen et la candidate écolo Marine Tondilier, « mon vote sera blanc ».

Il faudra attendre la toute fin de soirée électorale pour que Maud Bregeon explique clairement sur le plateau de BFMTV : « Pas une voix ne doit pas aller à l’extrême droite ». Pour information, Maud Bregeon est porte-parole de LREM. En attendant que celle-ci fasse passer les consignes officielles à tout le monde – puisqu’ils ont besoin des éléments de langage pour savoir si l’on vote contre l’extrême droite – ce lundi, Élisabeth Borne ou Jean-Michel Blanquer refusent toujours d’appeler à voter pour la NUPES afin de faire barrage au RN. Mais Maud Bregeon, que tout le monde connaît, a dit que « pas une voix ne doit pas aller à l’extrême droite »

Et si ce lundi, petit à petit, les macronistes se sont mis à répéter les éléments de langage en bonne et due forme, il n’y en a qu’un seul qui a été clair, dès le début et de lui-même : Clément Beaune, ministre chargé de l’Europe, a déclaré qu’il voterait pour la NUPES contre le RN, « à titre personnel ». Ce n’est pas grand chose, mais ça fait du bien de l’entendre. Car, finalement, le problème avec un barrage à trous, c’est que ça ne fait pas barrage à quoi que ce soit.

 

Loïc Le Clerc

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