Écologie : le gouvernement vous prend-il pour des c*** ?

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La réponse est dans la question.

L’été fut chaud. Très chaud. Extrêmement chaud. « Une saison en enfer », titrait Libération ce 30 août. Pour faire face, le gouvernement et sa majorité relative ont décidé de prendre le problème à bras le corps. Enfin, de leur point de vue…

 

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Ainsi, le 24 juillet, la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher sonnait la charge en annonçant son plan de sobriété énergétique : « La clim porte ouverte, ce n’est plus acceptable ». Deux jours plus tôt, on apprenait que l’avion de François-Henri Pinault avait, dans la même journée, volé de Paris à Rome, de Rome à Saint-Malo, avant de rentrer sur Paris. Mais les portes du jet étaient fermées !

Les trajets des jets privés des riches vont être un des sujets de polémique de l’été. En parallèle d’un autre sujet, qui monte petit à petit : entre l’inflation et la guerre en Ukraine, l’énergie va devenir une denrée plus rare, plus chère. Il faut donc être économe, dans tous les sens du terme, afin d’anticiper la menace de ne pas avoir l’énergie suffisante cet hiver pour se chauffer. Heureusement, le gouvernement a su réagir, de la bouche de son porte-parole Olivier Véran :

« Nous demandons un effort aux entreprises, aux collectivités, aux citoyens. Chaque énergie que nous sommes capables d’économiser aujourd’hui, c’est de l’énergie dont nous serons sûrs de pouvoir disposer l’hiver prochain. »

Et quand Olivier Véran parle d’« efforts », il précise : couper le wifi, baisser la climatisation, éteindre la lumière… D’où ce commentaire de Mickaël Correia, journaliste climat à Mediapart : « Pour info, les milliardaires Martin Bouygues, Bernard Arnault et François-Henri Pinault ont à eux trois émis ces dernières semaines, et rien qu’avec leur jet privé, l’équivalent de 43 ans d’empreinte carbone d’un Français moyen. »

La clim’, la clim’, ils n’ont que ça comme plan pour sauver la planète ? Non, grâce au ciel, car les bons membres du gouvernement sont là pour montrer la voie à suivre, le chemin providentiel, l’exemple !

C’est que la classe dirigeante ne compte pas se laisser intimider par quelques citoyens en colère face à leurs privilèges. La résistance s’organise. Interdire les jets privés, les piscines ? Du fascisme, à en croire le présentateur télé Mac Lesggy, qui reprend à son compte la célèbre phrase du pasteur allemand Martin Niemöller, prononcée durant le régime nazi.

Dans même élan, Corinne Lepage, ministre de l’Environnement sous Chirac, faut-il le rappeler, se dresse contre « une société qui serait un totalitarisme ».

Par bonheur, Jupiter est descendu de l’Olympe pour sauver la France de la barbarie écologiste. Enfin, il est surtout descendu de son jet-ski pour sonner « la fin de l’abondance ».

N’était-ce pas ce même Emmanuel Macron qui se moquait des élus de gauche et écolos qui, en 2020, demandaient un moratoire sur la 5G, parlant de « modèle Amish » et d’un « retour à la lampe à huile » ?

Le Président aurait-il changé ? Pas question pour autant de faire la révolution. Olivier Véran défend même les vols de jets privés car, « dans la majorité des cas, ce sont des transports commerciaux, c’est créateur d’emplois ». Encore mieux, selon Agnès Pannier-Runacher, « que les écologistes fassent [du débat autour des jets privés] un combat montre à quel point ils sont à côté de la plaque ». Elle, en mai dernier, elle préconisait d’arrêter d’« envoyer un mail un peu rigolo à nos amis avec une pièce jointe » pour réduire les émissions de CO2…

En bonne cheffe de meute, Élisabeth Borne ne cède rien : « Personne ne peut penser qu’on règle le sujet de la crise climatique en se focalisant uniquement sur la question des jets privés ». Certes, mais sur quoi va-t-elle se focaliser alors ? La Première ministre annonce au Parisien qu’elle va « mettre en place un fonds vert doté d’1,5 milliard d’euros à destination des collectivités pour les aider dans l’accélération de leur transition écologique ».

En attendant d’avoir plus de précisions quant à ce fonds vert, les riches ont obtenu cet été une dérogation pour pouvoir continuer à jouer au golf sur des gazons bien verts. Ne voyait aucun lien avec la sécheresse, les restrictions d’eau, ni les incendies qui ont ravagé le Sud-Ouest…

Aucun rapport non plus, ces 50 millions de Pakistanais qui ont dû fuir à cause des inondations. Comme le rappelle le spécialiste des migrations environnementales François Gemenne : « Pour qu’on prenne la mesure de ce chiffre : le record de personnes déplacées par des événements climatiques avait été établi en 2010, avec 38 millions de déplacés… tous pays confondus. »

La fin du monde sera bel et bien télévisée.

 

Loïc Le Clerc

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