Clémentine Autain : « Le gouvernement, c’est le cercle de la déraison »
Tout juste revenue de l’université d’été de son mouvement La France Insoumise et après un passage à celle du Parti socialiste, la députée Clémentine Autain est l’invitée de #LaMidinale.
UNE MIDINALE À VOIR…
ET À LIRE…
Sur l’été sec, caniculaire et brûlant
« En matière écologique, nous avons des irresponsables politiques enfermés dans un cadre qui ne nous permet pas de changer notre trajectoire en termes de modèle de développement pour commencer à limiter les dégâts. »
« Nous devons investir dans la transition écologique et commencer à planifier dans le temps pour changer tout ce qui doit l’être. »
« L’austérité budgétaire nous a mis dans le mur : ce qui s’est passé en Corse et qui n’a pas été vu par Météo France, c’est parce que Météo France a vu ses budgets se réduire ces derniers temps et donc mesure de façon moins précise les choses pour pouvoir les anticiper. Pareil pour l’Observatoire national des forêts qui a lui aussi été malmené par les choix budgétaires du gouvernement. »
« Les catastrophes sont là mais les politiques publiques continuer sans sourciller et la France ne respecte même pas les accords qu’elle signe elle-même. »
Sur ce qu’il faudrait faire et comment y parvenir
« Sans écologie populaire, on ne va pas pouvoir changer la société. »
« Certaines mesures doivent venir d’en haut : 63 Français, évidemment des gens très très riches, émettent autant de gaz à effet de serre que la moitié de la population. »
« On doit taxer les grands groupes économiques qui sont les premiers responsables des émissions et les hyper riches qui, par leur surconsommation délirante qui ne correspond à aucun besoin véritable chez eux, vont devoir être contraints. »
« Il faut aussi changer toute une série de comportements car le consumérisme fait partie de notre vie quotidienne. »
« On a besoin que tout le monde s’y mette, pas pour dire qu’un geste plus un geste peut sauver la planète mais pour que notre univers mental sorte de la folie de la marchandise qui est au coeur de nos sociétés. »
« Jean-Luc Mélenchon l’a dit pendant la campagne présidentielle : nous voulons gouverner par les besoins, et pour cela on doit définir, avec les citoyennes et les citoyens, lesquels ils sont. On a besoin de démocratie pour mettre l’appareil productif au service des besoins véritables. »
« Les choses se tiennent : le système économique capitaliste qui, par sa loi du profit, empêche l’écologie d’advenir, mais aussi la démocratie car, sans elle, on n’y arrive pas. »
Sur les Français et la politique
« On a trois pôles : l’extrême droite, l’extrême centre et le pôle social et écologique avec la NUPES. »
« Le pouvoir en place a des recettes très anciennes : il a 40 ans de retard avec ses dérégulations, son austérité budgétaire, la concurrence à tous les étages… »
« Le gouvernement, c’est le cercle de la déraison. »
« Comme le jeu est à trois pôles, il est très difficile de dégager des majorités : ma conviction, c’est que le pôle central va s’écrouler parce qu’il a essayé de ramasser en un les politiques d’alternance telles qu’elles ont existé depuis des décennies mais que c’était essayer de rassembler des politiques qui ne marchaient déjà pas. »
« A la fin, il va rester l’extrême droite et nous : et là, il y aura une course de vitesse. »
« La casse délirante des services publics nous a amené au chaos dans lequel nous sommes actuellement avec des enseignants recrutés en job dating, des crèches autorisés par décret en plein mois d’aout à pouvoir recruter des personnels non qualifiés, l’hôpital public qui est en burnout maximal ou la SNCF où il manque 1200 agents. Il y a un sentiment de société en chaos. »
« On est dans une société de malheur et de maltraitance : il faut que l’on soit fer de lance de la bataille sociale et politique. »
Sur la gauche et ses nuances
« Le juge de paix entre les forces de gauche a été la présidentielle où les équilibres ont été mesurés. »
« Il y a eu une stratégie impulsée par la France Insoumise et Jean-Luc Mélenchon lui-même de rassemblement au sein de la NUPES : ça a marché puisque l’on est passé d’une soixantaine de députés à 150. »
« La question, c’est : comment on franchit une nouvelle étape pour réussir à gagner ? »
« J’étais à l’université du Parti socialiste pour un débat sur la NUPES et les plus de 400 personnes présentes se sont mises debout pour acclamer NUPES, NUPES, NUPES ! Ce n’est peut-être pas tout le Parti socialiste mais la dynamique est de ce côté-là. »
Sur les propositions d’évolution du mouvement insoumis
« Chez les militants et même chez les cadres, j’ai senti qu’il y avait un écho. »
« On était 5.000 à notre université d’été : c’est énorme, on est en voie de massification. »
« Il faut des moyens pour que les collectifs locaux puissent se déployer et notamment dans le cadre de la bataille avec l’extrême droite. »
« Il faut aussi qu’il y ait du pluralisme pour qu’il y ait du débat et que l’on identifie plus clairement où et comment se prennent les décisions. »
« Un mouvement politique a une fonction d’orientation : je suis pour le débat interne sans qu’il y ait nécessairement du conflit. »
« Le mouvement politique doit aussi être dans les mobilisations : on sera les 22 et 29 septembre avec les syndicats. Et on veut nous même enclencher quelque chose pour le mois d’octobre. »
« Il faut être dans les mouvements de la société et y être avec un cap. »
Sur l’extrême droite
« Il ne faut pas mépriser l’électorat d’extrême droite en lui disant qu’il s’est trompé et qu’il ne sait pas ce qu’il fait : je crois qu’un certain nombre croient au racisme et à l’idée que l’on va régénérer la nation et ouvrir un avenir une fois que l’on aura mis dehors les étrangers qui viennent manger le pain des Français et qu’on aura chassé tous les musulmans. Ce socle idéologique rencontre un écho et il a été matricé : si des gens se mettent à penser comme cela, c’est que la réplique en face n’a pas été suffisamment forte pendant très longtemps. A force de dire que le FN posait les bonnes questions mais apportaient des mauvaises réponses, on a permis à l’extrême droite de gangréner les esprits. »
« Une autre part en veut au pouvoir en place et à la macronie et cherche à les mettre dehors. Eux ne sont pas forcément racistes mais ils pensent qu’au moins, ça va permettre de changer. »
« Nous, ce qu’on a à faire, c’est remobiliser l’électorat de gauche très déçu par la gauche au pouvoir. »
« Jean-Luc Mélenchon a dit hier que s’il y avait eu 2 points de plus de mobilisation des jeunes qui sont très favorables à la France Insoumise, on aurait pu passer le second tour : il y a des catégories de population qu’il faut mobiliser davantage mais qui sont déjà avec nous. »
« Il y a une part géographique qui n’explique pas tout mais qu’il faut analyser en tant que telle. Il ne s’agit pas de saucissonner la France en parlant un coup aux zones rurales, un coup aux banlieues mais je crois que la question poser par François Ruffin mérite d’être regardée de près. »
« Il faut que l’on revoit la façon dont nous avons de nous adresser et d’être présents sur les territoires. Jean-Luc Mélenchon l’a dit : on gagne là où il y a des révolutionnaires. »