Catherine Tricot : « Regards ne fait la campagne de personne, ça n’est pas son rôle »

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C’est la première midinale de l’année 2022 ! Catherine Tricot, directrice de la revue Regards, revient sur l’état de la gauche à la veille de l’élection présidentielle. Et précise la place que Regards va occuper durant cette année très politique, avec l’arrivée de nouveaux rendez-vous. Elle est l’invitée de #LaMidinale.

UNE MIDINALE À VOIR…

 

ET À LIRE…

Sur le drapeau de l’UE sous l’Arc de Triomphe
« La politique, c’est des symboles. En l’occurrence, chacun choisit ses symboles. Macron a décidé de marquer le coup en mettant ce drapeau européen, il n’a pas choisi par hasard d’exercer la présidence de l’Union européenne pendant cette période électorale. Il veut faire de la question européenne un point de clivage, de positionnement et d’identification de sa campagne. Il a réussi son coup puisque tout le monde s’est positionné sur le sujet. »
« Il faut aller un peu plus sur le fond, on ne va pas s’en tenir à une question sur le symbole. La question du rapport de la France à l’Europe et au monde est un sujet. Que ça s’enflamme autour de la présence du drapeau, ça ne m’étonne pas complètement. Il en faudrait un petit peu plus pour savoir comment faire face aux défis dans le monde où on est. »
« Emmanuel Macron fait une proposition assez puissante : après avoir fait la France 2030, il a fait un discours le 30 décembre, l’Europe 2030, dans lequel il dessine les axes stratégiques. Les questions d’orientation de l’Europe et de la France méritent d’être discutées. On ne peut pas laisser à Emmanuel Macron le débat sur la stratégie. »

Sur la gauche et la présidentielle
« Il y a un espoir ! Il y a un sondage dans Libération jeudi dernier qui dit que 41% des Français se situent à droite et 41% à gauche. Le problème, c’est qu’on entend que ceux qui se situent à droite, au point qu’on croit qu’ils sont 75% ! »
« Il faut faire entendre la gauche et décrocher les électeurs de gauche qui continuent de voter Emmanuel Macron. »
« On est dans une situation où le choix se fait parmi les quatre candidats de droite. Quand on en est là, c’est pas terrible. »
« Il faudrait être plus simple dans les propos pour qu’on identifie mieux quels sont les axes des différents candidats. Peut-être nous rendrons-nous compte qu’il n’y a pas tant d’écart. »

Sur Regards et son positionnement vis-à-vis des candidats
« Regards n’habite nulle part. C’est un journal. Ce qui n’est pas sérieux, c’est de ne pas discuter. Les candidats font leur campagne, c’est tout à fait légitime, mais on a besoin d’avoir des lieux où on est dans un rapport à la fois bienveillant et critique. C’est ça, exactement, la position de Regards. Nous sommes un journal de gauche, nous assumons l’identification à la gauche, à son histoire et à son futur. Nous pensons que tout ce qui se dit peut être discuté. Et quand on le discute, on ne le discute pas avec un mauvais esprit. Quand on émet une critique, c’est pas parce qu’on veut être méchant, c’est pas parce qu’on veut déglinguer qui que ce soit, c’est que, sincèrement, c’est ce qu’on pense. Nous exprimons nos doutes parce que, des certitudes, on n’en a pas tant que ça. »
« Nous ne faisons la campagne de personne. Ce n’est pas notre rôle. »
« Regards n’est pas homogène, ni ses lecteurs, parce que la situation politique ne l’est pas. Il n’y a pas une ligne qui s’impose, qui rassemble tout le monde. »

Sur le prochain numéro de Regards : « La gauche grand-remplacée. Comment en est-on arrivé là ? »
« C’est un constat. C’est un peu provocateur, un cri d’alarme, de désespoir, mais on a vraiment le sentiment qu’aujourd’hui la gauche ne parvient plus à se faire entendre et qu’elle est submergée par des idées de droite et d’extrême droite. Notre idée, c’était de dire notre colère devant cette situation et d’apporter des réflexions – sans faire offense à personne et surtout pas aux militants qui se battent pour faire entendre les positions de leur candidat. »
« Il y a un sérieux problème, qui n’est pas circonstanciel. Quand on titre « Comment en est-on arrivé là ? », on veut dire de manière subliminale que ça s’installe dans le temps long, au moins 40 ans, et assurément les 20 dernières années. »

Sur les nouveautés à venir pour Regards
« On a plusieurs chantiers qui seront prêts courant janvier. On garde un peu de surprise mais il y aura deux personnalités qu’on aime beaucoup à Regards qu’on va mettre en débat et une autre pastille sur l’histoire. »
« On a déjà installé deux rendez-vous qui ont trouvé leur place : le débrief du dimanche soir où Pablo, toi et moi discutons de l’actualité de la semaine. Il y a aussi « Des bières, des chips et des gauchistes », chaque samedi, avec des personnes qui sont très engagées et qui affirment avec brio leurs convictions politiques. C’est un peu un contrepoint du débrief. »
« On va s’installer sur Tik Tok afin de parler à la jeune génération. »
« En partenariat avec les journaux indépendants, on va interroger l’ensemble des candidats de gauche à la présidentielle. Ça s’appellera « Face aux indés ». »

Comment aider Regards ?
« La première des manières de nous aider, c’est de s’abonner. La deuxième façon, c’est de verser régulièrement cinq euros par mois, par exemple. Enfin, vous pouvez utiliser « Presse et pluralisme », qui permet de défiscaliser les 2/3 de ce que vous nous verser – c’est une part non-négligeable de nos ressources. Je trouverais plus normal que le gouvernement s’engage vis-à-vis des sites Internet car aujourd’hui il n’y a d’aides qu’à la presse papier. Nous n’avons pas d’aides publiques. »

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