Après la censure, un « socle commun » avec le RN ?

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À quelques heures de sa probable chute, Michel Barnier demande à la gauche du « respect » envers les électeurs du RN. Nouvel épisode de la série « Des nouvelles du barrage »…

Sans fard et sans vergogne, Michel Barnier s’est jeté à corps perdu dans les bras de l’extrême droite, hier soir dans un entretien à TF1 et France 2. Les dés de la censure étaient jetés depuis qu’il a refusé de céder à Marine Le Pen sur l’indexation des retraites à l’inflation. Au lieu d’adopter une attitude un tant soit peu digne, de résistance et de combat, l’un des derniers mouvements politiques du premier ministre aura donc été de dénoncer une motion de censure « d’extrême gauche et de Monsieur Mélenchon » (sic), dénonçant l’irresponsabilité de tous ceux qui la signeraient. Il a même recyclé les éléments de langage les plus basiques du Rassemblement national, appelant notamment dans un tweet, au respect des 11 millions d’électeurs que, soi-disant, la motion de censure du NFP, insulte.

Michel Barnier oublie une donnée essentielle : les près de 18 millions de Français qui ont fait barrage à l’extrême droite en juillet dernier. Pour eux, les manœuvres de séduction du premier ministre à l’égard du RN ces dernières semaines sont autant de trahisons d’une promesse républicaine qui trouve aussi ses racines dans la Résistance française, notamment gaulliste et communiste. Faisant fi de l’humanité et de la solidarité les plus élémentaires, les concessions ultimes pour plaire à Marine Le Pen et tenter d’éviter la censure allèrent jusqu’à remettre en question le panier de soins de l’Aide médicale d’État.


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D’aucuns théorisaient – ou appelaient de leurs vœux – la réunion des droites. Ce n’est pourtant pas ce à quoi on assiste actuellement : à l’heure où l’histoire semble s’accélérer, l’extrême droite est en train de d’avaler tout cru la droite… qui capitule avec une docilité inquiétante. Après Eric Ciotti et ses quelques affidés qui avaient rejoint avec armes et bagages le RN en juillet, voici qu’une partie du bloc central ne se cache plus de négocier la survie de sa mainmise sur le pouvoir avec l’extrême droite. Il ne s’agit pas tant de l’avènement de fait d’un macrono-lepénisme dont il serait compliqué de donner une définition mais plutôt, comme cela a été dénoncé depuis la nomination de l’actuel gouvernement, du fait que Marine Le Pen, qui a déjà phagocyté une partie de la droite, projette maintenant son ombre sur le centre.

La censure devrait, sauf surprise (mais le moment en regorge donc nous ne sommes à l’abri de rien), être adoptée ce soir. Quid de l’après ? La gauche fera sa proposition qui n’est toujours pas majoritaire. Et la droite s’arc-boutera sur son cercle de la raison pour dire qu’il faut qu’elle reste aux manettes. Une hypothèse n’est jamais avancée alors qu’elle découle seulement d’une lecture simple des logiques actuelles du « socle commun » : une alliance gouvernementale en bonne et due forme du bloc central avec l’extrême droite avec la nomination de ministres issus du RN. Cela fait froid dans le dos quand on est de gauche. Mais la droite actuellement au pouvoir pourrait y voir son salut tout en argumentant que c’est pour mieux les neutraliser. Seulement, ce faisant, elle oublierait qu’elle a aussi, voire d’abord, des électeurs pour qui une telle alliance est encore une ligne rouge.

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