La pression monte de partout, dans la rue, mais aussi au Parlement. Selon un décompte, pour l’instant, Élisabeth Borne n’a pas de majorité à l’Assemblée nationale pour faire passer la réforme des retraites. Camouflet en approche ?
On dit souvent qu’à l’Assemblée nationale, il suffit d’obtenir la majorité absolue des voix des députés pour faire adopter (ou rejeter) un texte. Les députés étant au nombre de 577, la majorité se trouve, mathématiquement, à 289. Or, en l’état actuel des choses, c’est doublement faux. Déjà parce que le Palais Bourbon compte six sièges vacants ou non pourvus, ce qui place de fait la majorité à 286 voix. Ensuite, parce qu’il est rare, très rare, que l’ensemble des députés soient présents dans l’hémicycle lors d’un vote.
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Voici donc, sur le papier, les forces en présence côté majorité présidentielle et oppositions :
- Renaissance → 170[[On compte Yaël Braun-Pivet mais sachez que, traditionnellement, le président de l’Assemblée ne prend pas part au vote.]]
- MoDem → 51
- Horizons → 28
- TOTAL « POUR » → 249
- NUPES → 148
- RN → 87
- TOTAL « CONTRE » → 235
Manquent trois groupes, les « faiseurs de roi » : Les Républicains (62 députés), Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires (LIOT, 20) et les députés non inscrits (5). Pour assurer sa majorité de 286 élus, Élisabeth Borne doit supposément encore trouver 37 voix.
Nos confrères de France Inter sont allés à la pêche aux écharpes tricolores[[Nous avons légèrement actualisé leurs chiffres, tenant compte des trois élections législatives partielles qui viennent de se tenir, du fait qu’Adrien Quatennens, député non inscrit, va voter « contre », sans aucun doute, ou encore que les députés qui s’abstiennent ne compte pas du côté des « contre », mais font baisser la barre de la majorité absolue.]]…
Selon leur projection, 15 députés LR voteraient « pour », 7 s’abstiendraient et 16 voteraient « contre » – restent 4 indécis et 20 « n’ont pas répondu » aux questions de France Inter. Pas de réponse non plus des non inscrits. Quant aux membres du groupe LIOT,
« sur 20 députés, le résultat est sans appel : 19 nous assurent qu’ils voteront « contre » le texte, un dit vouloir s’abstenir », écrivent nos confrères.
Pis ! Dans la majorité, ça se fissure de partout :
« D’après notre comptage, sept députés de la majorité au moins voteraient « contre ». Deux du parti présidentiel, un MoDem et quatre Horizons. Cinq élus envisagent par ailleurs de s’abstenir. » C’est chaud, ça brûle !
On refait les comptes ?
[cliquez sur le graphique pour l’agrandir]
POUR → 141
- Renaissance → 84
- MoDem → 28
- Horizons → 14
- LR → 15
indécis ou n’ont pas répondu → 139
- Renaissance → 84
- LR → 24
- MoDem → 20
- Horizons → 7
- non inscrits → 4
CONTRE → 278
- NUPES → 149
- RN → 87
- LIOT → 19
- LR → 16
- Horizons → 4
- Renaissance → 2
- MoDem → 1
- non inscrit → 1
abstention → 13
- LR → 7
- Horizons → 3
- MoDem → 2
- LIOT → 1
Tout va donc se jouer à un cheveu : si rien ne bouge dans ces projections, et que les 139 députés – indécis ou qui n’ont pas répondu à France Inter – de la majorité, de la droite et les non inscrits votaient « pour », le texte passerait… pile-poil à la majorité absolue ! Et pour cause, en comptant les 13 abstentionnistes, la majorité absolue passe à 280.
A contrario, il ne manque que deux voix à l’opposition pour être majoritaire.
Mesdames et messieurs les députés, faites vos jeux, rien ne va plus !
Loïc Le Clerc
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