Mort de Nahel, révoltes urbaines : Emmanuel Macron n’a pas les solutions
Quand un jeune de 17 ans se fait abattre par un policier, Emmanuel Macron liste les problèmes : les parents, les réseaux sociaux, les jeux vidéo.
Des dizaines de milliers de policiers mobilisés, des centaines d’arrestations, des dégâts matériels, des violences physiques. Le jour qui ont suivi la mort de Nahel, le quotidien de la France était pour le moins agité.
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L’extrême droite est en roue libre, croyant son heure enfin arrivée, entre la cagnotte à un million d’euros pour le policier mis en examen et placé en détention provisoire, et des ratonnades pour épauler les forces de l’ordre. La Macronie ne sait rien dire d’autre que la gauche est sortie du « champ républicain ». Mais nous sommes bien en 2023 et la seule parole politique qui compte, c’est celle du roi Président. Ainsi va la Cinquième République.
Emmanuel Macron a joué sa partition en plusieurs temps, adaptant son langage et ses réactions au gré des événements.
Ainsi, sa première réaction, alors que le chef de l’État est à Marseille, est celle d’un homme apprenant un meurtre : « Rien, rien ne justifie la mort d’un jeune ». Emmanuel Macron, se faisant l’incarnation de la « nation tout entière », exprimait son « émotion », assurait « respect et affection » à la famille de la victime et dénonçait alors un acte « inexplicable » et « inexcusable ». Les syndicats de police, face à cette parole présidentielle, étaient à deux doigts d’en appeler à la révolution.
Le 29 juin, après une deuxième nuit de colère, Emmanuel Macron a concentré son action sur « l’embrasement », dénonçant cette fois des violences « injustifiables » contre « les institutions et la République » et enchaînant les cellules interministérielles de crise. On apprend alors, le 30 juin, que l’Élysée se dit prêt à adapter le dispositif de maintien de l’ordre « sans tabou » face à ce qu’il qualifie d’« instrumentalisation inacceptable de la mort d’un adolescent ». Et la traduction sur le terrain est immédiate : tout ce qui porte un uniforme, jusqu’au Raid et à la BRI (avec ses véhicules blindés), est mobilisé.
Une réponse sécuritaire donc, qui ne doit pas être sans déplaire à Gérald Darmanin, mais quelle réponse politique va-t-il donner à cette situation ? Emmanuel Macron détaille plusieurs points…
- Les parents :
« C’est la responsabilité des parents de garder [leurs enfants] au domicile. Donc il est important pour la quiétude de tous que la responsabilité parentale puisse clairement s’exercer. […] La République n’a pas vocation à se substituer à eux. »
- Les réseaux sociaux :
Citant Snapchat et TikTok, Emmanuel Macron déclare attendre un « esprit de responsabilité » de la part des plateformes où s’organisent « des rassemblements violents » provoquant par là même « une forme de mimétisme de la violence, ce qui conduit chez les plus jeunes à une forme de sortie du réel ».
- Les jeux vidéo :
Emmanuel Macron ajoute, à propos des jeunes : « On a le sentiment parfois que certains d’entre eux vivent dans la rue les jeux vidéo qui les ont intoxiqués ».
Une politique résumée plus simplement par le préfet de l’Hérault : « Deux claques et au lit ».
Le 2 juillet, lors d’une réunion autour du chef de l’État, un participant raconte qu’Emmanuel Macron « souhaite débuter un travail minutieux et de plus long terme pour comprendre en profondeur les raisons qui ont conduit à ces événements ». Le lendemain, on apprend que le Président a demandé à son ministre de l’Intérieur de maintenir une présence « massive » des forces de l’ordre afin de conserver un « haut niveau d’engagement et de pression sur le terrain, pour conforter le retour au calme et à l’ordre ». L’Élysée a également fait savoir à la presse qu’Emmanuel Macron ne s’exprimera solennellement « qu’une fois la situation stabilisée ». D’ici là, il convient de « chercher à comprendre l’origine des violences ».
Ce même 3 juillet, Emmanuel Macron s’est rendu auprès des forces de l’ordre pour leur assurer son « soutien ». Et il a eu cette idée de génie (dans un style très sarkozyste) : sanctionner « financièrement et facilement » les familles « dès la première connerie ».
Mardi 4 juillet, Emmanuel Macron assurait devant quelque 250 maires des villes les plus touchées par les événements que « le pic est passé ». Et une nouvelle idée lui a traversé l’esprit concernant les réseaux sociaux : « Les couper […] parce que quand ça devient un instrument de rassemblement ou pour essayer de tuer, c’est un vrai sujet ». Une proposition qui a nécessité une rapide mise au point de la part de l’entourage du Président, tant elle pose question en matière de liberté.
Et pendant ce temps-là, aucun représentant de l’État n’a rendu visite à la famille du jeune Nahel. Ni formulé aucune proposition pour réformer la police.
Les 100 jours d’apaisement macroniste touche bientôt à leur fin…