Trump veut le pétrole vénézuélien
La newsletter du 24 décembre 📨
par Catherine Tricot
Donald Trump n’est pas en mode pause pour les fêtes. Il réactive son objectif d’annexer le Groenland et met en place un blocus naval militaire contre le Venezuela. Pour accéder aux réserves stratégiques, la guerre gronde.
« Drill baby, drill » fut le slogan de campagne de Donal Trump. Le président américain a une obsession : le pétrole. Celle pour le pétrole vénézuélien n’a rien de neuf. Il faut dire que ce pays détient la première réserve mondiale de pétrole conventionnel, près de 20%. Tandis que le Canada, autre pays convoité par Trump, se place au quatrième rang mondial.
En juin 2023, il critiquait Joe Biden : « Quand je suis parti, le Venezuela était sur le point de s’effondrer. Nous l’aurions repris, nous aurions gardé tout ce pétrole qui est juste à côté ». Les États-Unis ne digèrent pas les nationalisations opérées par Hugo Chavez en 2007. Dans un discours typiquement colonial, Trump annonce qu’il va récupérer ces ressources – étant entendu que le bien des entreprises américaines se confond avec le sien et avec celui du pays.
Le 17 décembre, il menace à nouveau : « Le Venezuela doit rendre aux États-Unis d’Amérique tout le pétrole, les terres et les autres actifs qu’ils nous ont précédemment volés… Le choc pour eux ne ressemblera à rien de ce qu’ils ont vu auparavant ». John Bolton, son ancien conseiller à la sécurité nationale, le cite et confirme : pour Trump, le Venezuela fait « vraiment partie des États-Unis » et une invasion serait « cool ».
Le contrôle du pétrole vénézuélien est l’un des axes de la stratégie de sécurité nationale américaine rendue publique le 5 décembre. Il répond à trois objectifs : assurer la sécurité énergétique des États-Unis ; provoquer un changement de régime à Caracas ; récupérer les investissements des compagnies pétrolières américaines (Chevron, Exxon Mobil, Conoco). A plusieurs reprises, Trump a déclaré avoir « des droits pétroliers » (sic) sur le Venezuela.
Cette guerre est la continuation des actions américaines contre les nationalisations de 2007. Depuis 2015, des sanctions économiques et financières, unilatérales et illégales en droit international, frappent l’économie du pays. Trump les intensifie. Une stratégie déjà employée en particulier contre Allende au Chili. Trump reprend l’expression de Nixon ordonnant à la CIA de « faire souffrir l’économie » (« make the economy scream »).
C’est ce qui se produit : le Venezuela est dans une crise sociale et financière profonde qui fait souffrir la population. Les Vénézuéliens qui fuient le pays se comptent par millions, l’hyperinflation est galopante.
Depuis cet été, l’administration Trump relate en boucle la fable de la lutte contre le narcoterrorisme et met en scène le spectacle des bateaux de trafiquants bombardés. On est désormais passé à l’étape suivante : le blocus naval militaire et la saisie de cargaisons de pétrole dans les eaux internationales… un acte de pure piraterie.
Donald Trump s’appuie aussi sur une opposition déterminée à revenir aux affaires. Pour María Corina Machado, prix Nobel de la paix 2025, « nous avons besoin d’une menace réelle, crédible et sévère pour que le régime comprenne que le coût de rester est plus élevé que celui de partir ». Intervenant le 5 novembre dernier à l’American Business Forum (un des forums les plus influent du monde capitaliste), elle livre son programme : « Nous ouvrirons les marchés. Nous offrirons une sécurité totale pour l’investissement étranger et un programme de privatisation massive et transparent vous attend […] Nous transformerons le Venezuela : d’un centre criminel des Amériques, il deviendra le hub énergétique des Amériques. »
Le Venezuela vient de porter ces menaces et actes de piraterie devant le conseil de sécurité de l’ONU. Il faut arrêter cette guerre qui vise l’annexion de richesses et la colonisation d’un pays. Trump doit être stoppé ou toute l’Amérique, Sud et Nord, est en danger imminent.
🔴 POLÉMIQUE DU JOUR
La République survivra à « joyeux Noël »

En cette fin décembre, on a le droit à une polémique à la con. Au nom d’une vision de la laïcité absolument dérisoire, on se retrouve à débattre : ceux qui disent « joyeux Noël » et ceux qui leur opposent « joyeuses fêtes ». Comme si la neutralité de l’État ou la robustesse de la République se jouaient dans une formule de politesse. Cette fixation révèle surtout une paresse intellectuelle : on confond laïcité et police du langage, liberté de conscience et crispation identitaire. En traquant des mots inoffensifs, on s’empêche de se retrouver, de croire, de ne pas croire, et surtout de vivre ensemble sans polémique permanente. Bref, un débat parfaitement inutile, donc très médiatisé. Joyeux Noël et à l’année prochaine !
P.P.-V.
ON VOUS RECOMMANDE…

« Noël est-il devenu politiquement incorrect ? », une émission-débat sur France Culture. Marine Le Pen et les présentateurs de CNews qui souhaitent un joyeux Noël quand l’insoumis Eric Coquerel ou les présentateurs de BFMTV disent joyeuses fêtes… Tel est le débat de cette fin d’année : heureusement, les deux intervenants arrivent à prendre de la hauteur.
C’EST CADEAU 🎁🎁🎁
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