Présidentielle 2027 : à droite aussi, l’unité ou la division en débat

Un an et demi avant le début de la campagne de la prochaine présidentielle, gauche et droite tentent de mesurer avantages et inconvénients de se lancer en solitaire dès le premier tour.
Il n’y a pas qu’à gauche que la division inquiète et met en péril les chances d’accès au second tour de la prochaine présidentielle. Avec l’hypothèse de l’inéligibilité de Marine Le Pen, des perspectives s’ouvrent à droite. Jordan Bardella comme plan B est loin de faire l’unanimité et interroge sur la capacité du dauphin de porter l’extrême droite à l’Élysée.
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Les LR sont les premiers à considérer le changement à la tête du RN comme un appel d’air. Après leurs déboires aux dernières élections présidentielles (20 ans sans victoire ; pas de deuxième tour pour le favori de 2017 François Fillon ; pire score de l’histoire de la droite en 2022 : 4,75% pour Valérie Pécresse), 2027 leur apparaît comme stratégique. C’est un peu la survie du mouvement qui se joue. Ainsi, les deux prétendants à la présidence des LR, Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez, rivalisent-ils d’idées afin de récupérer une partie de l’électorat frontiste. Auprès d’eux, ils bénéficient d’une aura dont le RN est dépourvu : issus d’un parti de pouvoir, ils offrent une assurance de crédibilité et de sérieux. Mais cela en détournera d’autres désireux de rupture : Retailleau et Wauquiez équilibrent leurs discours pour tenter de ramasser le plus grand nombre en jouant sur les deux tableaux.
Du côté des macronistes, on s’interroge aussi. Si la droite n’est pas unie, elle pourrait ne pas être au second tour au profit de la gauche. Pour pallier ce risque, il leur faut réaliser l’unité du « bloc central ». Édouard Philippe et Gérald Darmanin l’ont bien compris. Leur position politique se résume ainsi : les macronistes et les LR unis s’assurent une place au second tour face au RN, là où deux candidatures séparées projettent dans l’inconnu. Ne laissant planer aucun doute sur leurs ambitions, ils font valoir leurs arguments : ils ont pour eux d’être tout à la fois d’anciens membres de LR et des macronistes de la première heure. Darmanin ajoute à son arc la corde sarkozyste : il flirte avec les idées du RN.
La crainte d’une arrivée de l’extrême droite au pouvoir sera-t-elle, cette fois encore, plus forte que le rejet suscité par le pouvoir ? Les électeurs de gauche iront-ils voter pour Retailleau ou Darmanin au second tour ? Édouard Philippe pourrait bénéficier de ce rejet.
Mais si « primaire sauvage » à droite il devait y avoir, il pourrait se passer ce qu’il est advenu en 2017 et 2022 à gauche : Jean-Luc Mélenchon avait rassemblé sur son nom une majorité des voix de gauche car il était celui qui, dans les tout derniers moments, était apparu comme le plus en dynamique et le seul à avoir une chance à gauche de figurer au second tour. Ce fut plus fort que tout. La droite peut donc avoir deux candidats, un seul survivra à la primaire sauvage pour bloquer le candidat de gauche.
Reste l’enjeu de second tour. Le durcissement de la polarisation gauche/droite/extrême droite rend plus difficile pour les électeurs de changer de camp entre les deux tours. La crainte d’une arrivée de l’extrême droite au pouvoir sera-t-elle, cette fois encore, plus forte que le rejet suscité par le pouvoir ? Les électeurs de gauche iront-ils voter pour Retailleau ou Darmanin au second tour ? Édouard Philippe pourrait bénéficier de ce rejet. Ce sont les sondages qui le diront… De même, dans un second tour RN/gauche, que feront les électeurs de droite convaincue que le candidat de gauche est l’allié des terroristes ? Plus les blocs se figent, plus l’enjeu du second tour pèse sur le premier : pour chaque camp il faut avoir le candidat qui plie le match dans son camp pour se hisser au second tour puis qui soit capable de récupérer une partie des électeurs du camp d’en face, et qui, a minima, ne mobilise pas contre lui… Subtile équilibre !