TRIBUNE. Israël doit être exclu de l’Eurovision

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Le concours de chanson va se tenir à la mi-mai et la participation de l’État israélien fait l’objet de nombreuses critiques. Les parlementaires insoumis Rima Hassan et Thomas Portes en demandent l’exclusion.

L’art n’a jamais été neutre et l’Eurovision est depuis toujours un haut lieu de diplomatie internationale. Aujourd’hui, une question grave se pose à l’Europe : le concours européen de la chanson va-t-elle devenir la scène d’un art-washing du premier génocide filmé de l’histoire de l’humanité ? 

Depuis plus de 17 mois, les autorités israéliennes mènent une politique d’extermination assumée. Peu après la rupture du cessez-le-feu, le ministre israélien de la défense déclarait que les Gazaouis n’avaient d’autre choix que « partir ou mourir ». Une déclaration glaçante, sans précédent dans l’histoire contemporaine : jamais un haut responsable militaire n’avait aussi clairement appelé à la destruction d’un peuple. 

Amnesty International a recensé 102 déclarations similaires entre octobre 2023 et juin 2024 émanant de responsables israéliens. Des propos qui, mis bout à bout, dessinent la trame d’une politique d’extermination assumée. 

La Cour internationale de justice a, depuis plus d’un an, multiplié les alertes sur un risque de génocide à Gaza. Les rapports d’experts internationaux indépendants, accablants, attestent de la multiplication des crimes de guerre. Le chiffre officiel, largement sous-estimé, approche aujourd’hui les 52 000 morts, depuis le 8 octobre 2023. 

Dans la seule semaine qui a suivi la violation du cessez-le-feu, plus de 1000 enfants ont été tués ou blessés, un triste record sur l’année écoulée. À cela s’ajoutent 400 000 nouveaux déplacés depuis la rupture du cessez-le-feu, selon l’ONU. Un chiffre d’autant plus tragique que la quasi-totalité des 2,4 millions d’habitants de Gaza avait déjà été contrainte à fuir au moins une fois entre octobre 2023 et janvier 2025. 

Les Gazaouis sont pris au piège, bombardés, affamés, privés de soins. Les convois humanitaires restent bloqués aux frontières, bloqués par Israël, tandis que les frappes ciblent délibérément soignants, humanitaires et journalistes, plus de 200 ayant été assassinés. 

Par ailleurs, en Cisjordanie, le droit international le rappelle sans cesse : l’occupation israélienne des territoires palestiniens est illégale, et la colonisation constitue un crime de guerre. L’Assemblée générale des Nations unies a d’ailleurs exigé explicitement qu’Israël y mette fin avant le 18 septembre 2025. 

C’est dans ce contexte qu’une Europe complice semble prête à dérouler le tapis rouge à Israël pour la 69e édition du concours Eurovision de la chanson, prévue en Suisse à partir du 13 mai prochain. 

Trente-sept pays y sont représentés, dont Israël. Le concours européen de la chanson attire un engouement mondial, avec des centaines de millions de téléspectateurs : 163 millions pour l’édition 2024, et des votes en provenance de 156 pays. Dans certains des pays participants, le show fait près de 70% d’audience. 

Permettre à Israël de monter sur scène en ces circonstances, c’est fermer les yeux sur des crimes contre l’humanité et le piétinement du droit international. C’est légitimer le fait qu’on puisse raser des hôpitaux, affamer des populations et tuer des enfants tout en chantant l’amour et la paix sous des projecteurs. C’est offrir à un État colonisateur et expansionniste une tribune de blanchiment moral, un « art-washing » d’une redoutable efficacité. 

L’Eurovision est une plateforme politique convoitée. À ce titre, ce terrain d’arts et de culture est aussi un champ de bataille pour la justice. L’Union européenne de radio-télévision (UER) en est bien consciente. En 2022, elle avait exclu la Russie. En 2012, la Biélorussie avait été écartée pour non-respect de la liberté de la presse. 

Pourquoi ce deux poids, deux mesures ? Pourquoi ce silence aujourd’hui ? Pourquoi cette complaisance face à un génocide en cours ? 

Nous lançons un appel solennel à l’UER et à ses représentantes françaises : ne fermez pas les yeux sur le génocide en cours. N’offrez pas une scène à un État qui bombarde, affame et détruit le vivant. Refusez la participation d’Israël à l’Eurovision 2025. 

Il en va de la mémoire des victimes et de la dignité des peuples.

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