LA LETTRE DU 28 MARS

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« Un pacte de corruption faustien »

par Catherine Tricot

Le procès du financement libyen de Nicolas Sarkozy est celui des liens entre argent et politique qui pourrissent la démocratie.

Après les révélations de Mediapart dès 2012, après 10 ans d’enquête et 3 mois de procès, le parquet national financier a livré son réquisitoire dans un des procès de Nicolas Sarkozy, celui sur le soupçon de corruption avec la Libye pour assurer son élection en 2007 : « Une corruption de haute intensité attisée par l’ambition, la soif de pouvoir, la cupidité qui a tissé sa toile jusqu’aux plus hautes sphères de l’État ». Sont logiquement requis 7 ans de prison, 300 000 euros d’amende et 5 ans de privation des droits civiques.  

C’est évidemment un choc. Est-ce une surprise ? Non. Est-ce une tristesse ? Oui. Pas pour l’homme – on ne va pas se mentir, on ne l’a jamais aimé – mais pour la démocratie. 

Il fut parmi les plus actifs à valoriser et promouvoir comme une vertu la richesse clinquante, cette cupidité dont parlent les juges. On se souvient encore de ses vacances sur le yacht de Vincent Bolloré pour fêter son élection. Son goût du pouvoir était sans limites. Avec les dents, il l’a arraché, parfois avec panache, face au terroriste Human Bomb, face à la Chiraquie aussi. Il l’a voulu jusqu’à s’affranchir des règles de notre pays : la compétition électorale suppose un minimum d’équité et donc de limites dans les moyens et dépenses autorisées. Nicolas Sarkozy s’en est affranchi en 2012 et a été condamné dans l’affaire Bygmalion. Il fait appel de cette condamnation pour avoir déverser dans la campagne deux fois les 22 millions autorisés. Sans pour autant gagner. 

Il se défendra dans cette affaire. On attend le jugement. On gardera dans un coin de la tête que cette histoire n’est sans doute pas sans relation avec l’exécution sauvage de celui qu’il recevait en grandes pompes peu auparavant, le détestable Mouammar Kadhafi. Ni avec la guerre qu’il a déclenchée et la déstabilisation de la région qui en a résulté.

Ce pourrissement de la démocratie par l’argent est au cœur du processus qui fait vaciller les États-Unis. Alexandria Ocasio-Cortez – une des rares membres du Congrès à se dresser face à Donald Trump aux cotés de Bernie Sanders – met cet enjeu au cœur de ses interventions, de ses meetings. Depuis 2010, les États-Unis ont libéralisé les dons d’argent. Auparavant, ils étaient limités à 5 millions de dollars par an (sic !). Désormais, plus aucune limite n’est donnée dans la compétition électorale. L’alliance de l’oligarchie et du pouvoir s’y love. C’est bien cette limite que Nicolas Sarkozy et les siens, assis à ses cotés sur le banc des accusés, ont voulu enfoncer. Il est salutaire que des journaux, la justice, les contrepouvoirs s’attachent à maintenir ces fondamentaux.

Catherine Tricot

ACHARNEMENT DU JOUR

Les médiocres priorités de LFI

Vous savez à quoi s’occupe la direction de LFI ? À combattre l’extrême droite, le racisme et l’antisémitisme ? Non. Elle est mobilisée à se venger contre ceux dont elle n’a pas réussi à avoir la peau en juillet dernier. On se souvient que pas moins de 10 députés avaient fait campagne contre Alexis Corbière, préférant y consacrer leur temps plutôt qu’à soutenir Rachel Kéké, battue par la droite à quelques centaines de voix : on a les priorités que l’on se choisit. Mais leur rancœur est tenace. Donc la direction persiste à faire la guerre aux « purgés », les Corbière, Garrido, Simonnet, Ruffin, Davy et Autain, en y mettant toutes ses forces. Clémentine Autain est dans le viseur. La direction nationale paie tracts et affiches pour un meeting à Sevran, sa circonscription. Pour l’occasion, ont annoncé leur venue Manuel Bompard et Jérôme Legavre. Ce dernier ne vous dit rien ? C’est le député LFI de la circonscription voisine mais aussi le représentant du POI. Vous ne voyez pas non plus ? Le parti héritier de celui où Jean-Luc Mélenchon a fait ses premiers pas. Le POI est un peu le bras politique armé de LFI. Il accueille dans ses locaux les conférences de Mélenchon. C’est aussi lui qui a mené la charge en défense de l’irremplaçable Adrien Quatennens. Viriliste un jour, viriliste toujours. Ils sont si prévisibles… 

Catherine Tricot

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On l’a découvert cet été lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques : l’armure en métal de la cavalière qui fend la Seine, audacieuse et déconstruite, c’est elle. Selon le principe de l’excellent podcast du Monde Le goût de M, la styliste Jeanne Friot raconte sa formation et ses aspirations, non seulement de créatrice de mode mais de femme engagée et queer. Joli, jolie.

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1 commentaire

  1. GELLION Bernard le 28 mars 2025 à 17:09

    Bonjour,
    Concernant Clémentine AUTAIN qui serait l’objet d’une vengeance de la part de LFI, je voudrais rappeler que durant la campagne des élections législatives de juillet 2024, Clémentine AUTAIN est venue à Montpellier. Son choix fut alors de venir soutenir une candidate socialiste, Madame Fany DOMBRE-COSTE, qui battue dès le premier tour en 2022 avait fait le choix de ne pas appeler à voter pour le candidat LFI qualifié pour le second tour !!! Aux côtés de Monsieur DELAFOSSE maire de Montpellier dont elle était la première adjointe, elle a combattu la NUPES etc… Alors que dans le même temps deux députés sortants LFI étaient en difficulté sur deux circonscriptions proches de Montpellier (la 4ème et la 8ème) tous deux face à des candidats du RN dont l’une a été élue sur la 4ème… Clémentine AUTAIN peut aussi faire des choix qui interrogent!!!
    Cordialement.
    Bernard GELLION

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