Reconstruire Gaza : à part Trump, qui y pense ?
![Image Image](https://regards.fr/wp-content/uploads/2025/02/Image-3-1024x576.jpg)
Le président américain tente d’imposer sa vision pour l’avenir de Gaza. Sa « French Riviera » serait criminelle. Une alternative doit être avancée.
Après des mois de destructions, de morts, de déplacement massif des populations, et alors que la guerre n’est pas terminée, l’avenir de Gaza commence à se discuter.
TOUS LES JOURS, RETROUVEZ L’ESSENTIEL DE L’ACTU POLITIQUE DANS NOTRE NEWSLETTER
À ce jour, 63% des bâtiments ont été détruits, dont la presque totalité des écoles. Quasiment tous les Gazaouis ont fui leurs foyers – 72% des bâtiments résidentiels ayant été entièrement ou partiellement démolis selon l’Onu. 68% de routes, plus de 60% du réseau de distribution électrique et 41% des terrains agricoles sont endommagés. Des chiffres probablement en dessous d’une réalité encore impalpable dans la bande de Gaza. Depuis le 7 octobre 2023, officiellement, 47 161 personnes ont été tuées, dont plus de 14 500 enfants, selon le décompte provisoire de l’Unicef. 11 200 autres sont portées disparues et sont probablement sous les décombres. Mais pour les vivants, la reconstruction est nécessaire.
La voix la plus forte sur ce sujet est celle de Donald Trump. Son plan est simple : « Acheter, posséder, rebâtir » la bande de Gaza. Quant aux Gazaouis, ils seraient déplacés en Jordanie ou en Égypte, et n’auraient pas droit au retour. En d’autres termes, les habitants de Gaza seraient dépossédés de tout, de leur histoire, de leurs espoirs, de leurs terres. Benjamin Netanyahou est euphorique, le monde arabe s’y oppose encore et Donald Trump le menace de sanctions économiques. Ce scénario est une catastrophe et il est inconcevable de laisser l’Oncle Sam redessiner le monde tel un enfant capricieux.
Sur place, à Gaza, il y a 42 millions de tonnes de décombres. L’alternative est simple : on rebâtit à partir de ces matériaux et avec les Gazaouis. C’est la seule solution respectueuse des Palestiniens.
L’Onu estime le coût de cette reconstruction entre 30 et 40 milliards de dollars. En soit, ce n’est pas un problème insurmontable : 1% de la dette cumulée de la France, quelques bribes des investissements annoncés pour l’IA.
Sur place, à Gaza, il y a 42 millions de tonnes de décombres. L’alternative est simple : on rebâtit à partir de ces matériaux et avec les Gazaouis ou on déblaye tout, matériaux et habitants. Trump, dans une logique impérialiste, d’efficacité, de rentabilité et d’affairisme veut aller vite, injecter les milliards et amener les grosses machines à béton. Sa seule vision est celle de la table rase de l’histoire et des habitants. Il prépare des projets immobiliers juteux, la « French Riviera ». Si on refuse cette solution, qui n’est ni plus ni moins que du nettoyage ethnique, il faut faire avec les habitants et les matériaux sur place, petit à petit. C’est la seule solution respectueuse des Palestiniens. Les Gazaouis doivent être associés et les premiers acteurs de ce chantier monstre
Le problème essentiel, c’est le temps. Cette reconstruction respectueuse suppose d’organiser le temps, qui ne sera pas inférieur à 10 ou 15 ans. Organiser avec les Palestiniens ce vaste chantier, permettre la vie pendant cette terrible épopée: tout impose l’intervention d’une organisation de type étatique. Le Hamas ne peut être cette organisation. L’Autorité palestinienne ? Elle doit en faire partie. L’Onu doit conduire cette reconstruction, pourquoi pas avec la Ligue arabe. Il faut prendre au mot les monarchies du Golfe qui exigent une contrepartie politique à leur investissement, celui d’un État pour les Palestiniens et rester vigilant sur l’arrivée des pétrodollars qui ont déjà financé des acteurs de la destruction.