Habile, le RN s’en sort en anticipant une dissolution
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Entre gravité d’une absence de budget et opposition à son contenu, le RN s’en remet à une dissolution dans quelques mois. Quelle réponse peut construire la gauche ?
Imperceptiblement, le RN est en train d’affiner sa stratégie. Jordan Bardella, son président, vient de prendre la parole pour redire leur souhait de dissolution d’une l’Assemblée nationale. Hier soir, réagissant à l’intervention du premier ministre su LCI, le député et porte-parole du RN Laurent Jacobelli, a insisté : « Nous voulons un retour aux urnes et une majorité absolue à l’Assemblée nationale ». « Donc en août ou plutôt en septembre » a-t-il précisé. On comprend bien que le RN ne joindra pas ses voix à celles des députés qui, à gauche, voudront censurer le budget et donc le gouvernement. Laurent Jacobelli reprend à son compte l’argument martelé par Bayrou de la nécessité d’un budget… même si celui-ci ne lui convient pas.
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C’était le cœur de l’intervention de François Bayrou sur LCI. En substance, il fait le budget qu’on peut dans les circonstances présentes, notamment de fragmentation politique et de délai. Mais le premier ministre se ferait fort de bâtir tout autrement le budget 2026, en « repartant de zéro » c’est à dire en le réélaborant à partir d’un diagnostic sur les missions de l’État et de la protection sociale. On croit ou non à ce discours, on peut aussi le redouter… en tout cas, François Bayrou s’achète du temps auprès de tous ceux qui, dans l’opposition, ne veulent pas que se perpétue l’absence de budget.
Pour des raisons différentes, on les retrouve à l’extrême droite et au Parti socialiste. L’extrême droite a besoin de construire son image de parti de gouvernement et d’ordre. Le PS veut renouer avec sa crédibilité qu’il croit abimer quand il se détache des solutions réclamées par les agences de notation et les institutions européennes. Il est sensible aux inquiétudes des élus ou des associations qui ont besoin de savoir quels projets lancer ou reporter. Et tous entendent rassurer un électorat inquiet. De fait, il ne peut y avoir de désinvolture au sujet du vote ou non du budget quand l’année a commencé.
Les opposants à ce budget ont de très solides arguments. C’est bien François Bayrou qui a bloqué les possibilités de recettes fiscales plus justes en déclarant repartir du volet « recettes » voté par le Sénat de droite toute. C’est tout à fait impensable de voter un budget qui supprime les derniers 5000 emplois aidés, 1 milliard pour la recherche et autant pour l’écologie, 1/3 du budget des sports, de la coopération et de la culture…
Donc quand on est de gauche on est devant un os : ce budget n’est pas votable, mais il faut un budget. Les députés du NFP doivent proposer une sortie qui tiennent compte des deux. Le RN a trouvé une parade sur la base d’un calendrier avec retour aux urnes. Quelle sera la proposition de la gauche ? On trouverait heureux que la confiance soit reconstruite entre les partenaires du NFP afin qu’ils élaborent une proposition politique solide et lisible, ensemble.