LA LETTRE DU 8 JANVIER
Le Parti socialiste en quête d’un compromis fécond
par Bernard Marx
Le PS a entamé des négociations avec les ministres de l’économie et des comptes publics. À quelles fins ?
Ce mardi, Olivier Faure en a posé les enjeux de ces pourparlers sur France Inter avec une argumentation en 3 points :
- 1. Il faut un budget pour la France.
- 2. Le PS est ouvert au compromis parce que « s’il n’y a pas ce dialogue fécond, cela conduit à ce que l’extrême droite soit appelée au pouvoir, comme c’est le cas, en ce moment même, en Autriche ».
- 3. Les négociations vont porter essentiellement sur les retraites, les dépenses de services publics (éducation, santé…), le pouvoir d’achat et la justice fiscale.
En clair, si les négociations aboutissent, le PS ne voterait pas la censure, ni après la déclaration de politique générale de François Bayrou le 14 janvier, ni sur le budget 2025. Il continuerait de s’opposer et de combattre la politique du gouvernement et notamment celle du duo Retailleau-Darmanin.
Le cas de l’Autriche est effectivement parlant. Mais la montée et l’arrivée de l’extrême droite à la direction du gouvernement autrichien ne sont pas seulement dues à l’échec des négociations entre les conservateurs et les sociaux-démocrates. Elles sont d’abord la conséquence des politiques qu’ils ont conduit ensemble ou séparément. Elles tiennent ensuite au renversement d’alliances décidé par les conservateurs qui ont choisi celle avec l’extrême droite. Elle sont dues, enfin, comme le souligne Romaric Godin dans Mediapart, aux milieux économiques qui soutiennent ce renversement d’alliances. Elon Musk est loin d’être seul au monde.
S’agissant de l’Autriche, cela ne nous rajeunit pas. Mais s’agissant de la France, cela peut nous faire réfléchir. La censure, en janvier ou en mars du gouvernement Bayrou, l’enfoncement dans la crise politique et économique, voire la démission rapide d’Emmanuel Macron avec de nouvelles élections présidentielles dans l’urgence, ne seront pas propices à empêcher l’accession au pouvoir de l’extrême droite française.
Il aurait fallu pour cela que le Nouveau Front populaire ait sérieusement labouré le terrain d’un projet, d’un programme, d’une mobilisation active de la société. Bref qu’il ait fait Front populaire. Mais un compromis sur le budget ne créera pas en soi une situation plus favorable. Cela risque tout aussi bien d’être « encore un instant, monsieur le bourreau ». Qui pourrait prédire autre chose qu’une arrivée au pouvoir de l’extrême droite en France si le dialogue entre le « socle commun » du gouvernement Bayrou et la gauche social- démocrate ne change pas la trajectoire d’une politique qui enfonce le pays et une grande majorité de la population dans un déclin sans espérance ?
Bernard Marx
DÉGUEULASSERIE DU JOUR
Avec la mort de Jean-Marie Le Pen, le placard à archives s’est réouvert, avec son florilèges d’immondices
Le raciste-antisémite-homophobe-tortionnaire qui s’est éteint hier n’était pas seulement un adversaire politique. Il était d’abord un ennemi de la République. En témoigne le récit glaçant et abject de Pierrette Le Pen, mère de Marine, sur la façon dont son mari élevait ses filles. La politique, en l’espèce la pire qui soit, ne s’arrête pas aux portes du foyer.
P.P.-V.
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Une petite chansonnette de Martin Dust, le metteur en scène et performer du Cabaret de Poussière, sur la mort de Jean-Marie Le Pen qu’il a postée sur son compte Instagram. De quoi redonner la pêche en ce matin pluvieux, en écho aux rassemblements festifs et aux scènes de liesse un peu partout en France hier soir qui rappellent que la jeunesse emmerde encore le Front National.
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