LA LETTRE DU 19 NOVEMBRE
Y aura-t-il un Michel Barnier à Noël ?
La survie du premier ministre ne tient qu’à un fil depuis sa nomination car il a failli dans ses deux missions premières : consolider son socle commun et ne pas s’aliéner ses oppositions.
L’oracle a parlé – et avec une rare précision : « Le gouvernement tombera entre le 15 et le 21 décembre ». Ainsi parle Jean-Luc Mélenchon et sa prédiction se base sur la fin des soixante-dix jours dont disposent les parlementaires pour discuter du projet de loi de finances. Il prophétise donc l’utilisation d’un 49.3 final, goutte d’eau qui déclenchera une motion de censure de la gauche et ferait passer les députés du RN du côté des censeurs.
Bye bye Michel Barnier ? La promesse qui avait été la sienne à sa nomination, c’était de réussir à composer avec les différentes forces de l’Assemblée nationale. Sa principale force était de ne pas avoir face à lui de majorité alternative possible. Sa faiblesse était qu’il n’en avait pas non plus… La constituer aurait dû devenir son principal travail. Dans l’urgence, il s’attelle à la fabrication du budget, sans véritable projet si ce n’est des coups de rabot et des économies de fonds de tiroirs à tous les étages. Le premier ministre a même réussi à s’aliéner une partie de son « socle commun ».
La gauche qui revendiquait Matignon au lendemain des élections législatives anticipées n’a jamais prévu de lui faire des cadeaux. Mais le RN, qui n’a jamais revendiqué Matignon, avait vu d’abord d’un bon œil la nomination de Michel Barnier : le parti d’extrême droite était ravi de détenir une épée de Damoclès. Ils en escomptaient des gains sonnants et trébuchants et des victoires politiques. Seulement, ça a fait long feu et ses députés n’ont presque rien obtenu dans les discussions budgétaires.
Pis : la petite musique serinée par la gauche, selon laquelle le RN serait en soutien de la politique de l’exécutif, commence à s’ancrer dans les médias et dans l’opinion. Évidemment, à force de répéter que Bruno Retailleau tient les mêmes discours que ceux de l’extrême droite, il est presque logique de faire porter la responsabilité de ses éventuels échecs à l’extrême droite. Si on ajoute les problèmes judiciaires de Marine Le Pen, on sent bien que le RN est dans une spirale infernale de laquelle il aimerait bien pouvoir sortir rapidement. Par une censure ?
Sauf que… par qui remplacer Michel Barnier ? Par Lucie Castets comme le souhaite la gauche ? La proposition qui était celle de juillet dernier semble toujours tenir du côté du Nouveau Front populaire… La situation semble gelée si ce n’est, et ce n’est pas négligeable, avec les députés des groupes LIOT et MoDem : ils ont souvent voté des amendements portés par le NFP lors des débats sur le budget. Certes, ils ont voté contre à la fin, du fait notamment de la suppression de la participation de la France au budget de l’Union européenne voté par le RN dans un hémicycle quasi vide. Reste que l’on a vu que des convergences sont possibles. Ces points de rencontre, pourraient-ils constituer la base d’une alliance en vue de la formation d’un gouvernement dans un mois ? Qui vivra verra…
Pablo Pillaud-Vivien
RÂTELIER DU JOUR
Valls aime la charia (pour 30 000€)
Manuel Valls est une girouette. Sa carrière en témoigne. Mais là, il vient de faire une cascade à ne pas reproduire chez vous. Le 14 novembre dernier, l’ex-conseiller municipal barcelonais s’affichait en tribune d’honneur du Stade de France pour assister au match de football France-Israël. La lutte contre l’antisémitisme (qu’il confond volontiers avec la défense inconditionnelle du gouvernement israélien) est la seule chose qu’il lui reste pour exister politiquement. Mais pas que. Ainsi apprend-on sur Mediapart ce 18 novembre que Manuel Valls a été payé 30 000 euros par le Bahreïn pour participer à une « délégation de consultants engagés dans la défense des intérêts » du royaume… où est appliquée la charia. On sait donc maintenant que la couleuvre a un prix.
L.L.C.
ON VOUS RECOMMANDE
« Sans filtre », de Ruben Oslund, palme d’or au Festival de Cannes, disponible sur la plateforme d’Arte. Une satire sociale aussi grinçante que puissante où la vulgarité des ultra-riches prête à rire autant qu’à vomir (littéralement).
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