LA LETTRE DU 30 SEPTEMBRE

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Quand les soc-dems préparent leur come-back

Ce week-end, deux « second couteaux » de la politique sont parvenus à rassembler autour d’eux une large partie de leur famille dans leur fief respectif : Gérald Darmanin à Tourcoing et Carole Delga en Occitanie.

Autour de l’ancien sarko-boy, successivement ministre des comptes publics (quel talent !) et ministres de l’intérieur (toute honte bue !) se retrouvaient pour se jauger et s’annuler Édouard Philippe, Élisabeth Borne et Gabriel Attal. Carole Delga réunissait, elle, autour d’un cassoulet Raphaël Glucksmann, François Hollande, Jérôme Guedj, Bernard Cazeneuve et Benoît Hamon.

Ces deux rencontres en disent long sur les troubles et flottements qui dominent les anciens blocs dits de gouvernement, à gauche (hors LFI et PCF) et à droite (LR compris). La présidente de région comme le député du Nord se rêvent sûrement en solution pour leur camp, capables de doubler les crocodiles de leurs partis. Delga et Darmanin, forts de leur ancrage local, assurent être porteurs de politiques populaires.

Abandonnons provisoirement la droite à ses contradictions : être libéral, pro-business, allié au LR et vouloir reconquérir les jeunes et les catégories populaires ! On reviendra voir dans quelques temps comment l’oxymore a été surmonté (ou pas). Revenons en Occitanie. Bernard Cazeneuve synthétise l’ambition de l’Assemblée : « Refonder la gauche de gouvernement, rassembler les forces de gouvernement avec la nécessité de susciter du rêve et de l’enthousiasme ». Vaste programme. Jérôme Guedj l’assure : « L’union pour l’union n’a pas de sens. L’union n’a de sens que sur des valeurs ». En ligne de mire : Jean-Luc Mélenchon. C’était d’ailleurs le plat principal de cette tablée : comment se débarrasser de La France insoumise et de son leader ? Hollande louvoie. Ne doit-il pas son élection, comme président de la République puis comme député, au rassemblement de tous les électeurs de gauche, LFI compris ?

Raphaël Glucksmann, débarrassé de toute contrainte électorale, ne s’embarrasse pas de ces pudeurs de gazelles. Il affirme sans détour dans Libération : « J’ai une conviction : si la gauche veut gouverner, elle doit se libérer de Mélenchon et de ses affidés ». Après avoir affirmé travailler « à une reconstruction de la social-démocratie, une gauche sociale, européenne, humaniste, écologiste et féministe », l’eurodéputé semble prendre la mesure du défi : « Il faut faire ce que Mélenchon a fait : renouveler la doctrine, former des cadres, des militants ».

Premier objectif : déloger « les affidés » supposés de Mélenchon, le groupe dirigeant le PS autour d’Olivier Faure… qui manquait d’ailleurs à l’appel. Le secrétaire du Parti socialiste n’avait pas jugé « les conditions réunies » pour sa participation aux agapes. On le comprend. Depuis 2017, mais surtout depuis 2022, les « Fauristes » ont pris la mesure des dégâts de la politique conduite par Hollande avec Valls et Cazeneuve. Ils veulent réinscrire le PS dans la gauche et lui redonner place dans les manifs et dans les urnes. Ils ont été des artisans de l’union des gauches, donc avec LFI.

Mais l’objectif de « renouveler la doctrine » affiché par Glucksmann pourrait aussi s’appliquer à la direction du PS. Attaché à l’union des gauches, sa direction est tout aussi faible de projet et de propositions.

Ils étaient nombreux ce samedi à Bram à voir le problème posé par le poids de la France insoumise et de sa politique jugée trop clivante sur la forme et trop radicale sur le fond. Mais il ne leur suffira pas de faire ce diagnostic : il faut aussi prendre la mesure de l’attente politique qu’a su remplir LFI et son leader. Pour remplacer Mélenchon, il faut faire mieux. Et franchement, la social-démocratie n’y est pas du tout.

Catherine Tricot

RÉSISTANTE DU JOUR

Jhumpa Lahiri résiste à la palestinophobie

L’art est une résistance. Le musée Noguchi de New York vient d’en faire l’amère expérience. Ils avaient prévu de remettre un prix à l’écrivaine Jhumpa Lahiri, lauréate du prix Pulitzer en 2000. Or, le musée venait de licencier trois de ses employés pour avoir porté un keffieh. Le journal L’Huma précise que « le musée fondé par le sculpteur américano-japonais explique que son règlement intérieur interdit à ses salariés de porter quoi que ce soit qui exprime ‘des messages, slogans ou symboles politiques’. » Le meurtre par l’État israélien de 41 000 personnes à Gaza, dont 14 100 enfants, ne serait qu’un « symbole politique » ? En tout cas, ça vaut bien un boycott.

L.L.C.

ON VOUS RECOMMANDE

  • La soirée-débats en hommage à l’architecte Paul Chemetov, ce lundi 30 septembre, 18h, à la Cité de l’architecture (Paris). Quatre tables rondes pour « penser en collectif », « habiter-fabriquer la ville », « construire essentiellement » et « s’engager, écrire, transmettre ». Plus d’infos ici.

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2 commentaires

  1. Simon le 30 septembre 2024 à 15:03

    « le problème posé par le poids de la France insoumise et de sa politique jugée trop clivante sur la forme et trop radicale sur le fond »
    Merci Regards de taper sur LFI pendant que le ministre de l’intérieur tiens des propos d’extrême droite depuis sa prise de fonction avec l’assentiment de ses collègues, du premier ministre et de Macron. Regards a le sens de l’histoire.

  2. Martin le 1 octobre 2024 à 12:08

    Aux rencontres de l’ancien monde qui a faillit à Bram, le PC y participait notamment par le sénateur P Ouzoulias qui animait une table ronde et le secrétaire de la FD de la Hte Garonne, vice président de Carole Delga. Quel jeu nauséabond de cette formation politique qui a troqué la lutte de classe par la lutte des places!

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