Parler avec les gens, même les racistes et électeurs du RN…
Ne serait-ce que pour neutraliser une partie des gens qui pourraient être dangereux un jour, il faut leur parler, pas les excommunier à vie.
Depuis quelques jours, un débat anime la gauche sur l’intérêt ou non d’essayer de gagner l’électorat du Rassemblement national, en particulier cet électorat populaire vivant dans ce qu’on appelle souvent la France profonde ou périphérique. Jean-Luc Mélenchon déclare dans une manifestation (ici par exemple) qu’« il faut mobiliser la jeunesse et les quartiers. Tout le reste, laissez tomber, on perd notre temps. » Cela rappelle fortement le rapport de Terra Nova en 2011 qui faisait une croix sur la possibilité de conserver un électorat populaire pour le Parti socialiste, la tendance de droite de la social-démocratie. La France insoumise et son premier dirigeant, ce qu’on pourrait appeler la gauche de la social-démocratie puisque aussi issus du Parti socialiste, semblent partager finalement les conclusions de Terra Nova. LFI et, plus largement, la gauche, ont-elles raison d’abandonner toute une partie de la population au RN ? François Ruffin dans Regards et d’autres à gauche ne partagent pas ce point de vue depuis longtemps.
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L’erreur qui semble fondamentale, que ce soit dans le rapport de Terra Nova ou aujourd’hui à LFI, est de considérer que les individus, une fois qu’ils ont adopté une opinion ou un vote, ne peuvent pas changer : « On perd notre temps ». Toutefois, des électeurs du RN sont peut-être racistes, mais il ont aussi pu manifester contre la loi sur les retraites avec à leurs côtés des salariés arabes ou noirs. La question est de savoir comment, malgré des sentiments racistes ou xénophobes plus ou moins forts, il est possible que ces électeurs du RN décident en majorité de se mobiliser pour une autre politique en ne votant plus pour le RN. En somme, il faut accepter qu’un individu peut être à la fois avancé sur les questions sociales et rétrograde sur les questions sociétales. À l’inverse, dans les quartiers chics, on est souvent rétrograde sur les questions sociales et avancé sur les questions sociétales. Depuis des décennies, la France a beaucoup avancé sur les questions sociétales, et c’est tant mieux, mais la politique sociale mise en œuvre depuis 1983 n’a fait que plonger la majeure partie de la population dans une situation de plus en plus dégradée. L’enjeu est donc de gagner tous ceux qui ont intérêt à une autre politique, malgré ce qu’ils sont, même s’ils sont racistes, misogynes, homophobes, en un mot, fort peu sympathiques au premier abord. Avec la mise en œuvre d’une politique progressiste, voire d’une autre société, ils changeront plus probablement que si la politique actuelle continue pour des décennies. On peut même dire que, si cette politique continue, ces tendances rétrogrades ne feront que s’affirmer sur le terreau du ressentiment où on cherche toujours des coupables, et plus souvent en-dessous qu’au-dessus : le niveau de la campagne présidentielle aux États-Unis avec les déclarations de Donald Trump sur les Haïtiens mangeurs de chats montre qu’il n’y a guère de limite dans ce domaine.
Il faut donc aussi parler aux racistes, misogynes, homophobes, etc., car c’est exactement ainsi que l’on gagne et l’erreur serait de les laisser sur le côté, abandonnés aux bons soins du RN. Un bel exemple littéraire est ce passage du roman Le Bout-Galeux de Jean-Pierre Chabrol1, cet écrivain des montagnes cévenoles situées en partie en Lozère, alors qu’un jeune militant communiste, se désolant des jeunes plus intéressés par un gala de boxe que par la lutte sociale, s’en ouvre à un militant aguerri qui répond : « Les jeunes, […] pour les changer, il faut d’abord les accepter comme ils sont. […] L’important, […] ce n’était pas d’aller vers les autres avec des idées toutes faites, mais de rester au milieu des autres. L’important, ce n’était pas de faire dix kilomètres tout seul, mais trois pas en avant, avec tous les autres […] Ce n’est pas avec des airs supérieurs qu’on aide les gens, il faut d’abord les aimer. »
Une seconde erreur est de ne pas voir que chaque individu est un océan de contradictions, et pas un bloc de marbre, et que, selon les circonstances et les moments, il adoptera des comportements différents. Deux exemples historiques volontairement forts. Le 16 juillet 1942, les policiers parisiens livrent les Juifs aux nazis, même si certains les préviendront ; en août 1944, la police parisienne se bat : nul doute que certains ont à la fois participé à la rafle et à l’insurrection. Que fallait-il faire ? Refuser aux policiers la possibilité de combattre et, pour certains, voire beaucoup, la possibilité de tenter de se racheter en risquant leur vie ? Le 26 avril 1944, des Parisiens en nombre crient « Vive Pétain ! » lors de sa visite : combien d’entre eux vont crier « Vive de Gaulle ! » le 26 août ? Entre les deux dates, les choses ont changé… et des gens aussi, il n’y a pas simplement de la duplicité et l’opportunisme le plus crasse. Il en a toujours été ainsi, parce que, selon les circonstances, on peut être au pire un salaud ou au mieux un héros, et les gens peuvent changer quand la situation change : Daniel Cordier passe de l’antisémitisme et de l’Action française à la Résistance ; Jacques Doriot passe du Parti communiste à la Collaboration. Pour les gens « ordinaires » comment ne pas penser au film Monsieur Batignole ?
De nos jours, dans une situation qui n’a rien à voir, chacun de nous peut adopter des positions ou comportements traduisant ces contradictions. Face à cela, le rôle de la gauche n’est-il pas de s’appuyer sur les côtés positifs des individus plutôt que de les rejeter à cause de leurs côtés négatifs ? C’est bien ce que faisaient les militants du Parti communiste quand ils faisaient massivement du porte-à-porte : certaines portes s’ouvraient sur un sourire et d’autres non, mais il fallait quand même y frapper, car c’était le meilleur moyen pour faire bouger les choses. La gauche, pour ne pas dire le pays, a besoin que les électeurs du RN ne soient pas laissés sur le côté, bien renforcés dans leurs certitudes par les déclarations du RN, mais au contraire perturbés dans leur réflexion par la discussion avec ceux qui tiennent un autre discours. Le RN n’y a pas intérêt, c’est clair, le régime en place non plus.
- pages 169-172 en Folio ↩︎
Merci. Enfin un point de vue de classe sur ce faux débat.
Après Jean-Pierre Chabrol, relisons le Camarade Vladimir Ilitch dans « La maladie infantile du communisme » : « Nous pouvons (et devons) commencer à construire le socialisme, non pas avec du matériel humain imaginaire ou que nous aurions spécialement formé à cet effet, mais avec ce que nous a légué le capitalisme. Cela est très ‘difficile’ certes, mais toute autre façon d’aborder le problème est si peu sérieuse qu’elle ne vaut même pas qu’on en parle ». A 100 ans d’intervalle, ça reste d’actualité et une évidence : les gens sont ce qu’ils sont et pas ce qu’on veut qu’ils soient. Je ne sais pas si on va construire le socialisme, mais je sais qu’on ne fera pas une autre politique si on laisse sur le côté les électeurs du RN, soit un tiers de la population (en gros).
Bonjour,
tout à fait d’accord.
J’ai envie d’un peu d’humour (noir) ce soir.
Vous citez Terra Nova qui se définit comme un think tank (c’est sur leur site).
Un réservoir (tank), de quoi qu’il soit, sa peut se percer et se vider…
Et, si l’on prend la prononciation de 80 % des français, on dirait « sink » tank mais « sink » veut dire lavabo.
On voit bien d’où elle sortent leurs idées…
Donc moi, tous ces « think tanks » me font bien marrer parce que je ne crois pas qu’un seul de ces machins puissent prétendre savoir ce qu’est la vraie vie des gens.
Avoir des idées, c’est bien, mais ça ne sert à rien si on ne les explique pas à toutes et tous pour vérifier qu’elle sont correctes ou voir ce qu’il faut changer pour les améliorer.
On en revient à devoir parler… avec tout le monde.
J’ai quand même été voir le site de L’Institut de La Boétie.
Bon, hormis le fait que le gars doit se retourner dans sa tombe parce qu’on se sert de son nom sans son accord, ils ne disent pas qu’ils se prennent pour un think tank.
Mais bon, on sait que c’est du pareil au même. Donc voilà que c’est un truc « qui se donne l’ambition d’être à la fois un lieu d’élaboration intellectuelle de haut niveau et un outil d’éducation populaire » (voir le site).
Tenez-vous bien : « élaboration intellectuelle » et « éducation populaire » sont en caractères gras, donc ce sont des trucs vachement importants.
Mais, mais, mais… « éducation populaire »… C’est pour les gens qui sont populaires ? Non, ce sont bien les gens du peuple, rassurez-moi ?
De quel peuple parle-ton ?
Celui qui mérite qu’on s’y intéresse parce qu’il vote Mélenchon ?
Ou tout le peuple, toute la France ? (et même au-delà, pourquoi pas ?)
Je sais que je peut dire mal les choses, avec de possibles mauvais arguments, mais je suis outré par les propos des leaders de la gauche.
Dans un autre article, Regards se pose des questions sur Fabien Roussel.
Lui non plus ne parle pas aux électeurs du RN, parce que comme Mélenchon ces électeurs l’on viré !
Mais pire, Roussel émet des idées qui ont dû germer dans son esprit un soir qu’il s’était endormi en lisant le programme du RN.
Mais où est-on, là ?
Où va-t-on ?
Le populaire, celui dont on doit soit-disant faire l’éducation, a du mouron à se faire.
Nous avons tous du mouron à nous faire.
La gauche est lamentable.
Cordialement.
Piboudy
« parce que comme Mélenchon ces électeurs l’on viré ! »
=> Pouvez vous développer svp?
Bonjour,
je ne comprends pas bien comment voir un « point de vue de classe » dans cet article. Ou alors, s’il y en a un, que n’est-il pas affirmé plus fermement !
Il a été dit qu’« il faut mobiliser la jeunesse et les quartiers. Tout le reste, laissez tomber, on perd notre temps. ». L’auteur de l’article nous fait comprendre que c’est une erreur, que les individus ne doivent pas être enfermés dans une catégorie de pensée puisqu’ils peuvent changer et que quelles que soit leurs idées, il faut aller leur parler. Je suis d’accord avec cela.
Affirmer un « point de vue de classe », ce serait plutôt de dénoncer cette phrase de Mélenchon, d’expliquer pourquoi elle est odieuse.
Elle nous ramène presque 200 ans en arrière, quand Marx écrivait : « Quant au lumpenprolétariat [8], ce produit passif de la pourriture des couches inférieures de la vieille société, il peut se trouver, çà et là, entraîné dans le mouvement par une révolution prolétarienne; cependant, ses conditions de vie le disposeront plutôt à se vendre à la réaction. ».
Peut-être que Marx avait raison politiquement même si à l’époque certains affirmaient le contraire (par exemple Bakounine). Mais que cela est méprisant. Et là, c’est aussi du mépris de classe puisque Marx opposait la classe ouvrière aux plus pauvres gens de la société, rejetés par tous. Pour moi, ça vaut bien le « il suffit de traverser la rue pour trouver du travail » ou le « ici, dans cette gare, passent des gens qui ne sont rien » de Macron.
Pour Mélenchon, c’est certainement du mépris tout court. Du mépris pour les gens des campagnes, de province (des régions pour les bien-pensant). Du mépris pour tous ceux que le capitalisme a brisés en laissant des pans entiers de l’industrie s’effondrer (charbon, textile, acier, etc.) sans jamais rien planifier pour sauver les gens et leur région de la faillite. C’est le capitalisme qui les a mis à terre et nous « gens de gauche », nous ne devrions pas nous pencher pour les aider à se relever, nous ne devrions pas leur tendre la main ? Et bien voilà ce qui arrive quand on ne le fait pas, ils se détournent de notre mépris et vont se jeter dans les bras des plus haineux, des plus hypocrites, des plus racistes. Pourquoi ? Parce que, eux, leur parlent encore. Ce qu’ils disent, c’est de la merde, de l’ignominie ? C’est pas grave, au moins eux ne les « abandonnent » pas.
Pour Mélenchon, c’est certainement aussi du mépris pour ces gens qui n’ont pas voté pour lui à Hénin-Beaumont face à Marine Le Pen.
Affirmer un « point de vue de classe », ce serait plutôt de dire à quelle point cette gauche bourgeoise se plante totalement en laissant tomber la classe prolétarienne et la classe paysanne. Ce serait de dire que Ruffin se plante aussi en parlant de « France des tours et France des bourgs. » Que ce soit dans les tours, dans les bourgs, dans les centre-villes, dans les campagnes, il y a toujours une opposition de classe, que c’est sur cette base qu’il faut raisonner, contre cela qu’il faut se battre. Et aussi que les écolos intransigeants se trompent de cible en fustigeant les paysans qui ne produisent pas proprement : c’est le capitalisme qui les force à produire intensivement, le moins cher possible, qui leur apprend comment cultiver la terre et élever les animaux, qui les tuent à petit feu comme il a tuer la classe ouvrière pour faire en sorte que la majorité d’entre nous travaillent maintenant bien pépère dans des bureaux sans trop se soucier de l’ouvrier qui hume les vapeurs du goudron qui rend nos routes si confortables, du paysan qui travaille à perte parce qu’on ne veut pas payer la viande ou le lait au juste prix.
Le prolétaire des villes et le prolétaire des champs sont des prolétaires. Le paysan des campagnes et celui des AMAP banlieusardes sont des paysans.
« Ouvrier et paysans nous sommes, le grand parti des travailleurs » ! Oui, cela vaut mille fois mieux que les deux moitiés de Ruffin, que la fausse opposition entre la jeunesse des quartiers et le reste du monde. Sans les ouvriers qui fabriquent leur matériel, les paysans ne sont rien et sans la nourriture que les paysans produisent les ouvriers ne sont rien. Mais eux, réunis, n’ont besoin de personne alors que la grande bourgeoisie n’est rien sans les ouvriers et les paysans.
Vous voyez, ce n’est pas un faux débat. Des choses sont dites : les mots on un sens, les paroles touchent les gens, ont autant de conséquences que les actes.
Il faut vraiment savoir à qui l’on s’adresse : à l’entre soi où au « peuple » que l’on entend représenter, dont on prétend défendre les intérêts.
Cordialement.
Piboudy
Tous les électeurs du RN ne sont pas des racistes tout de même que tous les électeurs de LFI ne sont pas des antisémites. Il faut donc parler au RN et à LFI. La gauche le fait avec LFI. Qu’attend la droite pour le faire avec le RN ?
…ou comment mettre sur le même plan un parti qui prône la fin de l’Etat de droit (l’égalité devant le droit) sur lequel s’appuie toute démocratie contemporaine, et un mouvement qui souhaite faire vivre la démocratie plus encore grâce notamment à une assemblée constituante… Le relativisme est une bien belle création pour ceux qui entendent effacer tout point de repère morale, éradiquer le principe du « vivre ensemble ».
C’est le socialisme qui est contraire à l’État de droit, contraire à la démocratie. Il n’entre pas dans le programme du RN de les abolir.
C’est vous qui y contrevenez en considérant, comme votre message précédent l’atteste, que les électeurs du RN sont des Untermenschen, des sous-citoyens auxquels il faudrait appliquer, dans la plus clémente des attitudes, un traitement mental pour les faire revenir de leur bêtise et voter pour la gauche, seule détentrice du savoir, seule habilitée à conduire le peuple vers les lendemains qui chantent. L’égalité s’applique à tous les citoyens, quelle que soit leur opinion.
C’est vous qui refusez le principe du vivre ensemble aux onze millions d’électeurs du RN, alors que pourtant vous vous en prévalez. Le vivre ensemble, c’est pour tout le monde. Il n’est pas réservé uniquement aux gens qui pensent comme vous.
« C’est le socialisme qui est contraire à l’État de droit, contraire à la démocratie. Il n’entre pas dans le programme du RN de les abolir. »
=> Le socle idéologique du programme du RN se fonde sur l’inégalité devant la loi… Donc bien évidemment que le RN menace l’Etat de droit!
« C’est vous qui y contrevenez en considérant, comme votre message précédent l’atteste, que les électeurs du RN sont des Untermenschen, des sous-citoyens auxquels il faudrait appliquer, dans la plus clémente des attitudes, un traitement mental pour les faire revenir de leur bêtise et voter pour la gauche, seule détentrice du savoir, seule habilitée à conduire le peuple vers les lendemains qui chantent. L’égalité s’applique à tous les citoyens, quelle que soit leur opinion. »
=> Affirmation ridicule. Tout individu est soumis bien malgré lui à des croyances! Le reconnaître ne l’extrait pas de sa condutuin humaine! Par contre, je mets bien sur un tout autre plan ceux qui à dessein dispersé des croyances ou s’en servent pour accéder au pouvoir… Le RN ne résume pas ses électeurs (et tant mieux pour eux!).
« C’est vous qui refusez le principe du vivre ensemble aux onze millions d’électeurs du RN, alors que pourtant vous vous en prévalez. Le vivre ensemble, c’est pour tout le monde. Il n’est pas réservé uniquement aux gens qui pensent comme vous. »
=> Nouvelle affirmation lapidaire gratuite… D’ailleurs, je prends bien le temps de vous répondre plutôt que de vous ignorez…
Bonjour,
je connais des gens, de ma famille, qui étaient au Parti Communiste et qui faisaient du porte-à-porte, essayaient de discuter avec les gens, quels qu’ils soient : car, comme vous le dites, « c’était le meilleur moyen pour faire bouger les choses ».
Ces même gens, de ma famille, sont aujourd’hui LFI et font toujours du porte-à-porte, essayent de discuter avec les gens, sourire accueillant ou pas, parce que c’est encore le meilleur moyen de faire bouger les choses.
Cordialement.
Piboudy
Je ne comprends pas le sujet de l’article. Jusqu’à preuve du contraire, les militants, du moins à gauche… n’opèrent pas ce genre de distinction lorsqu’ils promeuvent le programme du NFP…
A noter d’ailleurs que bien souvent, ceux qui n’ont plus rien… ne votent plus! Et ne se déplacent ni pour le Rassemblement National, ni pour personne! Et bien heureux celui qui arrivera à les faire voter… Même en agitant l’argument selon lequel leur patrimoine, ce sont les services publics! Car la plupart de ces gens ont eu le loisir d’expérimenter toute la difficulté ne serait-ce qu’à accéder simplement à leurs droits! Pour les faire revenir aux urnes, rien ne serait être plus convaincant que le fait de constater par eux-mêmes que les actes rejoignent les paroles: on comprend dès lors qu’il faut préalablement accéder au pouvoir et agir pour les ramener vers les urnes!!! C’est le serpent qui se mord la queue…
Pour en revenir aux électeurs du RN, s’ils ne roulent effectivement pas sur l’or, il serait faux d’imaginer qu’ils représentent la masse des démunis de notre société pour les raisons évoqués précédemment. J’ai envie à cet instant de rappeler une nouvelle fois que seuls ceux qui pensent encore avoir quelque chose à perdre Votent!!!
Les électeurs du Rassemblement National sont de plus convaincus d’être « pragmatiques » et « rationnels » dans leur choix! C’est d’ailleurs ce qui rend le débat stérile à terme pour qui s’y sera essayé! Car après tout, il s’agit moins de combattre une opinion qu’une croyance forgée sur l’expérience:
-Après 30 ans de politique de droite, ils sont sûrs du fait que l’Etat ne forcera plus jamais les plus fortunés à partager la richesse fut-elle indûment accumulée! Speciale dédicace ici au Parti socialiste pour l’ensemble de son oeuvre en la matière! Toute parole politique promettant un meilleur partage vaut alors, dans ce cas comme le précédent, pour « zéro »…
Le Rassemblement National surfe sur cette résignation en proposant aux gens d’adhérer à l’idée que puisque la méthode des « riches » consistant à écraser les plus pauvres fonctionne (la preuve en est l’état actuel du monde), le seul moyen d’échapper à la paupérisation qui les attend indubitablement puisque l’appétit des « riches », leur avidité, ne connait aucune limite, c’est de l’appliquer à l’encontre des plus fragiles qu’eux-mêmes afin de les spolier de leurs droits pour se les approprier: en substance toute minorité « fragilisée », à commencer par les étrangers!
Alors bien sûr, c’est un peu dégueulasse mais, grâce à cette bonne vieille construction sociale qu’est le racisme, toute personne qui ferait l’effort de s’y abandonner pourrait finalement en venir à croire qu’après tout les immigrés, ou leurs descendants récents (les « français de papiers ») puis les « mauvais » français (car évidemment que ça finira en surenchère!) ont quand même un peu mérité le traitement qu’ils leur réserve en votant pour le Rassemblement National (non?)! C’est finalement pourquoi on entend si souvent dans leurs bouches: « oui mais vous, vous vous êtes pas comme les autres! » Le jugement est émis par défaut et tout « étranger », ou perçu comme tel, qui s’en éloigne ne représentera jamais que l’exception qui confirme la règle…
La difficulté à convaincre un électeur du RN se trouve dans le fait qu’en réalité on combat une croyance perçue comme tout ce qu’il y a de plus « raisonnable »…
Alors bien entendu, il aura un peu fallu discuter avec tout le monde pour se rendre compte qu’on en est là… l’entre-soi, chez ceux qui militent, c’est uniquement au débrief!
Bonjour,
quand Mélenchon publiquement, ce n’est pas un militant qui débriefe.
Et je suis persuadé que les militants ne le diraient pas, ni public ni en privé.
Ou alors, ce sont des s… qui ne devraient pas se considérer de gauche.
Les militants de gauche des régions où le RN fait 60 %, ils font quoi ? Ils se tournent les pouces ? Ils attendent que les petits villages deviennent de grandes citées pour enfin s’intéresser à la population ? A qui parlent-ils ? Ils vont voir leur copains de gauche et pleurent ensemble sur la montée irréversible du RN ?
Je ne crois pas.
Le RN surfe sur le matraquage des idées de droite et sur la nullité de la gauche.
Rappelez-vous la fin du 20ème siècle, quand PS et PC s’insultaient copieusement et se rabibochaient pour les élections : tu de désistes ici, je me désiste là.
Et la NUPES, le NFP : c’est pareil. Les gens ne sont pas débiles, ils comprennent bien que ces 4 partis qui n’ont pas les mêmes idées s’allient uniquement pour avoir un nombre de députés correct.
Le NFP a gagné ? Non ! C’est le « front républicain » qui a gagné. La seule différence avec les autres fois c’est que, là, c’est la gauche qui profite du désistement anti-RN.
Tout le monde sait bien qu’un premier ministre de gauche aurait été censuré avant même d’avoir franchi la porte de l’Assemblée.
Ils nous ont fait des jérémiades, ouin, c’est le NFP qui est en tête, ouin, c’est un déni de démocratie.
Mais oui, c’est un déni de démocratie. On vit dans un déni de démocratie permanent depuis 1958.
Nous ne sommes pas après 30 ans de politique de droite. Nous sommes après 100, 200 ans de politique de droite.
Petites parenthèses avec le Front Populaire (le vrai, pas le simili d’aujourd’hui), deux ans de Mitterrand et une ou deux réformes de Jospin plus le mariage pour tous de Tobira.
Ah, le grand objectif : accéder au pouvoir pour montrer ce qu’on peut. C’est ce qu’avait dit Quatenens après les élections législatives de 2017 : notre objectif est d’arriver au pouvoir.
Et bien non car la gauche, de la manière dont elle s’y prend n’arrivera jamais au pouvoir.
Pire, si c’est l’objectif, j’en veux pas : l’objectif s’est de redonner de la dignité aux gens qui sont laminés par le capitalisme (vous savez, certains de ceux qui votent pour le RN), permettre à chacun d’avoir une enseignement de qualité, de pouvoir choisir sa voie dans la vie en s’affranchissant des contraintes économiques, redonner à la santé son rôle de nous garder en bonne santé et de nous soigner quand on est malade, de modifier notre mode de production et de vie pour espérer vivre mieux et en harmonie avec la nature, etc.
Si nous n’arrivons pas à convaincre une bonne partie des 70 % qui votent à droite, la gauche n’arrivera jamais au pouvoir sauf par des artifices politiciens.
A propos de croyance perçue comme raisonnable…
Qui me dit que les idées de gauche et ce qu’elle propose sont raisonnables ?
Comment fait-on pour en convaincre les gens si on refuse de leur parler ?
Cordialement.
Piboudy
« quand Mélenchon publiquement, ce n’est pas un militant qui débriefe. »
=> Lorsque le vieux aura passé l’arme à gauche, vous aurez encore des sempiternelles polémiques stériles qui toucheront les figures de la gauche « de rupture » (si tant est qu’il en reste encore une…) alors qu’on ne pourra que constater qu’elles sont hors-sol: QUI dans le nord a reçu des recommandations de la part de la FI (ou mieux de Mélenchon) pour ne pas aller discuter avec les gens ?? A qui a t’on payé un billet pour venir taper aux portes dans les « cités » de Roubaix plutôt que les bourgs de Flixecourt?? Comme vous le faites remarquer vous-même, personne ne s’est tourné les pouces…
Quant à dire que le « front républicain » a gagné : QUI a validé le nouveau gouvernement Barnier si ce n’est la patronne de Rassemblement National???????? Piètre victoire que celle-là… Mais je veux bien l’admettre, autant que celle du NFP! Simplement, les règles du jeu institutionnel français, aussi pourri soit-il pour l’heure, ont permis de dégager lors des élections législatives, la formation arrivée en tête et il se trouve que c’était bien le Nouveau Front Populaire qui comptait le plus de députés élus (si nous étions à la proportionnelle, ce serait le RN qui serait probablement sorti grand vainqueur)! En toute logique, nous aurions dû avoir Lucie Castets nommé « premier.e » ministre, quitte à ce que l’Assemblée Nationale en décide autrement et la censure, attribution qui lui revenait de droit… et non au président de la République qui a ainsi outrepassé les siens! Pour ma part, il y a factuellement bien eu un vainqueur à ces élections : c’était le NFP. Maintenant, je ne vous étonnerai pas si je vous dis que je trouve que la faiblesse du NFP réside d’une part:
– dans le dirigeant du PCF,
– dans les « barons-centre-droits » du PS (macron-compatibles).
Dire que nous avons 200 ans de politique de droite derrière nous c’est oublier un peu vite l’héritage du Conseil National de Résistance qui a permis de tempérer les ardeurs des puissants en France jusqu’à sa lente entreprise de démolition opérée par le PS après 1983. Certes au sortir de la seconde guerre mondiale, la présence d’un paquet de communistes fourbis à la lutte armée (et d’ailleurs encore équipés!) y est sûrement pour beaucoup dans les avancées du CNR et on peut donc les en remercier… Il y a fort à parier sinon que même les acquis du Front Populaire n’auraient pas fait long feu!
Quant au « grand objectif » : l’accession au pouvoir… Vous semblez comprendre par là qu’il s’agit d’obtenir le Pouvoir pour le Pouvoir! Cette logique m’apparait bien étrange et je ne crois pas qu’il en soit ainsi car d’évidence comment « redonner de la dignité aux gens, permettre à chacun d’accéder à un enseignement de qualité, de pouvoir choisir sa voie dans la vie en s’affranchissant des contraintes économiques, redonner à la santé son rôle de nous garder en bonne santé et de nous soigner quand on est malade, de modifier notre mode de production et de vie pour espérer vivre mieux et en harmonie avec la nature, etc…. » lorsque l’on se trouve hors du cercle des vrais décideurs? En d’autres mots, lorsqu’on ne dispose pas du pouvoir de le faire??????
Alors, vous avez raison, dans l’idéal il faudrait à la gauche pour triompher, « convaincre une bonne partie des 70 % qui votent à droite », mais je peux vous le dire dès aujourd’hui, ça n’arrivera pas! La concentration des médias de masse, des réseaux sociaux et des technologies de communication dans les mains de quelques seigneurs féodaux acquis au dogme néolibéral ne nous promettent pas des lendemains qui chantent car les gens sont enfermés dans de nouvelles servitudes qu’ils n’appréhendent que très peu… Par contre, permettre contre vents et marées à suffisamment d’électeurs de droite/centre, perdus dans la folie de notre société actuelle, d’assister au débat démocratique pour se forger une opinion éclairée sur les enjeux réels qui concourent à l’engagement collectif national par exemple dans la lutte contre le changement climatique (car cette dette là, contrairement à l’autre, nous la paierons de nos vies et celles des générations futures), dans la nécessité de conserver un état de droit (l’égalité devant la loi) pour préserver ses propres droits ou de l’impératif de contribuer à hauteur de ses moyens pour être aidé à hauteur de ses besoins afin simplement de disposer du pré-requis pour vivre dans l’ordre et la paix sociale : la justice !
S’agit-il d’une croyance moins raisonnable que celle d’imaginer toujours pouvoir bénéficier de la loi du plus fort quand il n’y a pas d’autres certitudes en ce bas monde que celle de trouver toujours plus fort que soi?
J’ai pour faiblesse de croire que si une pensée peut-être qualifiée de « raisonnable », ce ne sera pas celle-ci… Et il me semble bien que pour autant, aucune règle « édictée » n’oblige un militant à refuser le débat avec qui que ce soit…
Bonjour,
Honte à moi d’avoir oublié le CNR, sa politique, ses lois et l’importance qu’elles ont encore aujourd’hui.
Cordialement,
Pourquoi mentez-vous, à Regards ? Vous savez très bien que les militants de LFI sont les premiers à soutenir les salariés en lutte n’importe où et quels que soient leur couleur, origine, religion ou que sais-je encore.