45 jours avec un gouvernement démissionnaire… qui gouverne

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Sans nouveau gouvernement, sans Assemblée réunie, Macron continue de gouverner, expliquant son refus de nommer Lucie Castets par son impossibilité à gouverner. Vous suivez ?

La situation est inédite, de la dissolution à la défaite du Rassemblement national aux élections législatives, en passant par l’arrivée en tête – aussi courte soit-elle – du Nouveau Front populaire dans la composition de la nouvelle Assemblée nationale. 45 jours où l’on a vu la gauche perdre un temps précieux pour trouver un nom pour Matignon, juste avant que les Jeux olympiques n’imposent une trêve politique sans plus d’explications.


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« Le Premier ministre, Gabriel Attal, a présenté sa démission le 16 juillet 2024. Il assure, avec les membres du Gouvernement, le traitement des affaires courantes jusqu’à la nomination du nouveau Gouvernement. » Voilà le message que l’on peut toujours lire sur le site du gouvernement. Car, 45 jours plus tard, Emmanuel Macron a mis son veto sur la candidate du NFP au poste de Premier ministre, faisant donc durer un peu plus le suspense. Le chef de l’État veut de la « stabilité institutionnelle ». Bonne chance à lui pour trouver la martingale en la matière. Et un gouvernement Castets serait, selon lui, immédiatement censuré par le reste de l’hémicycle.

Se faisant, le gouvernement Attal est toujours « démissionnaire ». Il ne peut pas tout mais il peut. Et si le journal Le Monde a pondu un article pour expliquer tous les chantiers que la décision de Jupiter met en suspend (et à mal) – l’école, le logement, l’hôpital, le projet de loi sur la fin de vie, etc. –, il ne faudrait pas non plus croire que sans Assemblée réunie et sans nouveau gouvernement, rien ne bouge.

Qu’Emmanuel Macron et Gabriel Attal continue leur politique au prétexte qu’ils gèrent les « affaires courantes » (lisez ceci à ce propos…), c’est une chose. Mais que le Président refuse le droit de gouverner à la gauche au prétexte que, dans l’état actuel de l’Assemblée, elle ne pourrait rien faire, c’est une vaste fumisterie.

D’abord, il n’aura échappé à personne que durant tous les JO, nos chers membres du gouvernement démissionnaire ont conservé leurs sièges VIP pour les différentes épreuves – le Premier ministre et le ministre des Affaires étrangères se faisant ouvrir le palais d’Iéna pour mieux assister, en tête à tête, à la cérémonie d’ouverture. Nous avons également eu droit à une conférence de presse lunaire de la ministre démissionnaire de l’Éducation Nicole Belloubet, annonçant les grandes lignes de la rentrée scolaire alors même que les réformes sont gelées.

Mais tout ceci encore, c’est presque mignon. Car l’exécutif a toujours du pouvoir et il l’use. Ainsi le gouvernement a-t-il pris des décrets depuis concernant la loi Immigration ou les « vendanges sept jours sur sept ». On peut encore noter les multiples nominations dans l’administration – plus de 70 pour la journée du 16 juillet –, au poste de secrétaire général adjoint de la défense et de la sécurité nationale ou à la tête du Haut Conseil à l’égalité, pour ne citer que ces deux-là. Que dire encore du fait que le gouvernement prépare un budget austéritaire, avec des coupes de trois milliards d’euros pour le travail et l’emploi, comme le révèle Le Monde ?

Le fond du problème n’est toujours pas là. Qu’Emmanuel Macron et Gabriel Attal continue leur politique au prétexte qu’ils gèrent les « affaires courantes » (lisez ceci à ce propos…), c’est une chose. Mais que le Président refuse le droit de gouverner à la gauche au prétexte que, dans l’état actuel de l’Assemblée, elle ne pourrait rien faire, c’est une vaste fumisterie. Car, tout comme les démissionnaires, Lucie Castets aurait très bien pu augmenter le Smic ou revaloriser le point des fonctionnaires, toute seule, sans avoir besoin des députés. Et c’est bien là la seule raison de sa non-nomination au cœur de l’été, en pleines vacances parlementaires dont la session de rentrée est prévue… en octobre.

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