La gauche ne doit pas nous désespérer à nouveau
Les négociations patinent à gauche pour proposer un-e Premier-ère ministre. Un échec est pourtant inenvisageable.
Le président de la République semble engagé dans une course de lenteur pour contourner l’évidence : les Français ne veulent pas du RN au pouvoir ; la Macronie a été sanctionnée pour l’ensemble de son œuvre ; comme le disent aussi bien Charles Consigny (sic) que Dominique de Villepin (resic), le Nouveau Font Populaire, arrivé en tête, doit donc gouverner. Ceux qui voudront l’empêcher doivent l’assumer.
Marine Le Pen l’affirme très clairement : le RN votera une motion de censure contre tout gouvernement comprenant des députés insoumis ou écologistes. Les forces politiques de droite s’en étaient jusqu’alors tenues à refuser toute coalition gouvernementale avec les insoumis. La lettre adressée par Emmanuel Macron aux forces politiques en feignant de s’adresser aux Français n’ose être aussi claire. De fait, qu’est-ce qui, d’un point de vue institutionnel, autoriserait le président de la République à mettre un oukase sur une force politique participant d’une coalition de gauche ?
Cinq jours après le second tour, la France n’a pas de gouvernement. Cela n’a en soit rien de dramatique ni d’exceptionnel. Cela pourrait durer un peu, jusqu’à la fin des Jeux olympiques, dit-on. Cependant, cela dit l’ampleur du blocage politique qui vient. Le pays est au bord d’une crise de régime : sans majorité pour gouverner.
Cela rappelle furieusement la fin de la Quatrième République quand les communistes, force dominante à gauche et rassemblant le quart des électeurs, étaient exclus de tout gouvernement. L’instabilité d’alors était liée à cette question politique. Pour justifier la mise au ban du PCF, on disait que les communistes n’étaient « pas de gauche mais à l’Est ». Aujourd’hui, c’est un procès absurde en antisémitisme consubstantiel qui est fait à LFI pour bloquer la nomination d’un gouvernement Nouveau Front Populaire. Personne ne croit un instant à cet argument. Pas plus que l’on ne peut croire à celui de François-Xavier Bellamy ce matin portant sur la qualification du Hamas comme groupe terroriste. Le programme du NFP a mis les mots sur les choses. Le racisme et l’antisémitisme sont combattus. Les attaques du 7 octobre sont des attaques terroristes. Et LFI qui nous a cassé les pieds pendant des mois a signé ce programme. L’enjeu est bien celui d’une alternative progresssite au projet de démolition des acquis sociaux, des libertés et des droits. Pour la macronie et la droite, il est impensable que la gauche mette en œuvre des réponses attendues pour la vie, la dignité et la planète. Fondamentalement, il leur faut bloquer toute alternative, même si cela conduit l’extrême-droite au pouvoir. Il y a près d’un siècle, les industriels et les grandes familles clamaient « Plutôt Hitler que le Front populaire ». On s’en souvient.
Cela dit, la gauche ferait bien de ne pas nous désespérer à nouveau. Elle doit se mettre d’accord sur un Premier ministre et un gouvernement ; elle doit s’entendre sur une proposition pour la présidence de l’Assemblée nationale. On entend bien que l’attitude baroque des députés LFI pendant deux ans ne facilite pas les choses. Mais il faut passer outre. On ne supporterait pas de voir cet élan terminé en fiasco lamentable.
Pour le rappeler à tous, la CGT appelle à manifester jeudi prochain devant l’Assemblée nationale et devant les préfectures. En ce moment, les syndicats font le job. Merci à eux.