NUPES : pourquoi leurs députés ne seront pas des Playmobils
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Hier, toutes les composantes de la NUPES avaient donné rendez-vous à la presse pour présenter son programme partagé. Ils y croient. Et les sondages leur donnent raison d’y croire. En juin prochain, Jean-Luc Mélenchon peut s’installer à Matignon et mettre en place les 650 mesures du programme commun : le SMIC à 1500 euros net, le blocage des prix, la retraite à 60 ans, la règle verte, la 6ème République, le RIC ou encore le bouclier logement.
Il est reproché tout et son contraire à cette nouvelle force politique qui se créé à l’occasion des législatives. Les journalistes sont d’ailleurs à l’unisson avec la droite et l’extrême droite pour dénoncer à longueur de journée un accord électoral, un accord opportuniste. Et pourtant, à moins d’un mois du scrutin, quelles sont les familles politiques à pouvoir présenter un projet politique avec autant de précision ?
Même les points de désaccord sont mentionnés dans le programme. Et ces désaccords seront tranchés par le Parlement. Oui, parce qu’on a oublié que le Parlement avait une fonction majeure : lieu de débat, d’expression de ses convictions, d’échange contradictoire. Et à la fin, après avoir échangé ses arguments, c’est le vote qui s’impose. Un vote en conscience.
C’est vrai que ça n’est pas vraiment l’image du Parlement qu’on a eu jusque-là. Parlement godillot. Députés playmobils. Les députés de la majorité présidentielle ont toujours voté d’un seul homme. Qu’importent les idées, qu’importent les désaccords, l’enjeu : faire bloc derrière un homme. Le président de la République. Ça n’est pas ça la politique…
Ainsi la NUPES qu’on critique abondamment pour n’être qu’une coalition de façade tant les désaccords seraient importants assume de ne pas tout partager. Pas d’accord sur les violences policières ou sur la légalisation du cannabis ? Le parlement tranchera. Pas d’accord sur la sortie du nucléaire ? Le parlement tranchera. Pas d’accord sur la GPA ? L’accord NUPE prévoit un débat au Parlement. Et le Parlement tranchera. Pareil sur la nationalisation des banques, tout le monde n’est pas d’accord. Le parlement tranchera. Sortie du commandement intégré de l’OTAN ? Le Parlement tranchera et nul doute que LFI même si elle devait être majoritaire à gauche, sera mise en minorité par ses alliés et l’opposition de droite qui n’y est pas favorable. C’est le risque que prend la formation de Jean-Luc Mélenchon.
Qu’importe donc, le parlement tranchera. Tout ça est écrit noir sur blanc dans le programme de la NUPES que l’on peut consulter sur le site dédié. Et c’est suffisamment rare pour être relevé. Et là aussi, on aimerait voir les autres prétendants à gouverner le pays étaler dans l’espace public, comme le font les membres de cette union de la gauche et des écologistes, ce qui rassemble et ce qui divise. C’est honnête, transparent et les électeurs savent à quoi s’attendre. Après tout, que savons-nous de la nouvelle alliance de la majorité présidentielle ? Sur les retraites par exemple, est-ce que c’est la ligne Horizon ou la ligne En Marche / Renaissance qui l’emportera ? Nous n’en savons rien.
En tout cas sur l’essentiel, la NUPES l’assure : 95% des propositions présentées dans l’accord sont partagées. Mais on compte sur les détracteurs de la NUPES, qu’ils soient politiques ou journalistes, pour ne parler que des 5% restants… En tout cas en juin, c’est les électeurs qui trancheront.